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Gourcuff, stop au gâchis ?

Par Simon Butel
4 minutes
Gourcuff, stop au gâchis ?

Arrivé sur la pointe des pieds à Dijon cet été, Yoann Gourcuff a quitté la semaine dernière le DFCO de la même manière. Et a donc manqué, en Bourgogne, une nouvelle occasion de relancer une carrière qui bat décidément de l'aile. Au point d'y mettre un terme ? C'est triste, mais le doute devient franchement permis.

« D’un commun accord, le DFCO et Yoann Gourcuff ont décidé de mettre fin à leur collaboration. L’international français a résilié son contrat et ne portera plus le maillot dijonnais. » Le couperet est donc tombé mercredi dernier, peu après 22h, pour nous rappeler à deux réalités. D’abord, que Yoann Gourcuff était un joueur de Dijon, ce qu’on aurait eu tendance à oublier ces derniers temps. Ensuite, que sa carrière est un immense gâchis, une frustration perpétuelle, pour les observateurs et surtout pour l’amoureux de jeu qu’il est.

Du crush au crash

L’amour du jeu. C’est précisément ce qui a mené l’international tricolore (31 sélections, 4 buts) en Côte-d’Or, l’été dernier. Car si l’association du Breton et du club bourguignon sonnait un peu faux sur le papier, dans les faits, celle-ci n’avait pas grand-chose de déconnant. À Dijon, Gourcuff mettait les pieds dans un club stable, sans histoires, au degré de pression limité, et surtout dans une équipe sur la pente ascendante (promue en 2016, 16e en 2017, 11e en 2018) et particulièrement joueuse. Une mentalité sublimée par les chiffres : 73 buts encaissés, soit la deuxième pire défense de Ligue 1 après Metz (76), bon dernier. Mais surtout 55 buts marqués, ce qui faisait du DFCO la cinquième meilleure attaque de Ligue 1 la saison dernière (loin) derrière les quatre poids lourds d’alors, Paris (108), Lyon (87), Monaco (85) et Marseille (80) dans cet ordre. Kamikaze, mais séduisant.

« J’ai pris du plaisir en les regardant jouer, confessait d’ailleurs le joueur lors de sa conférence de presse de présentation. J’ai vu qu’il y avait de la réflexion et que ça cherchait à jouer au ballon, ça a été un élément important. Je crois qu’il y a aussi une certaine stabilité dans le club, c’est toujours intéressant. Il y a tout un environnement, une atmosphère, qui sont aussi importants pour un joueur. » Dans l’entrejeu à trois résolument tourné vers l’avant, privilégié par Olivier Dall’Oglio, Gourcuff devait, aux côtés d’autres bons manieurs de ballon comme Abeid, Amalfitano ou Sliti, progressivement apporter sa touche, voire prendre la baguette, et conforter ainsi le technicien et ses ouailles dans leur volonté de régaler Gaston-Gérard. Seulement voilà : l’idylle n’a duré que six mois, et ne s’est affichée publiquement que 135 minutes en Ligue 1, réparties en huit apparitions quelconques (aucun but ni passe décisive).

Ciao bello ?

C’est peu, bien trop peu, surtout pour une équipe finalement engagée dans une opération survie et qui doit, dans l’immédiat, réfréner ses élans romantiques. Alors, le natif de Ploemeur et le DFCO ont pris la seule décision qui vaille et qui, d’après L’Équipe, était dans l’air depuis un bon mois déjà, la séparation. Une rupture sur l’autel du pragmatisme, justifiée en ces termes par Antoine Kombouaré, nommé pompier de service en chef : « Tout le monde était d’accord pour que cela se termine. Il ne pouvait pas apporter ce qu’on attendait de lui, alors que nous jouons le maintien. Nous sommes pris par le temps, et Yoann part soulagé. » Vainqueur de Monaco samedi (2-0) dans un match déterminant dans la course au maintien, le club est vite passé à autre chose. Pour le joueur, une nouvelle fois trahi par son corps, c’est plus triste en revanche. Pour les esthètes aussi. Car rien ne dit que l’on reverra le Morbihannais sur une pelouse.

À quoi se raccrocher ? À l’amour, encore et toujours, et aux folles espérances que celui-ci suscite inlassablement. Et à cette déclaration du garçon, éternel sentimental, vieille de quelques mois seulement : « Je suis passionné de football, j’ai encore très envie de jouer. Je prends beaucoup de plaisir à m’entraîner et j’espère jouer le plus souvent possible, car j’aime la compétition et j’ai besoin de ça. » Sauf que le corps a ses raisons que la raison ignore et que, comme à Rennes (53 apparitions en trois saisons) ou à Lyon, Gourcuff n’est toujours pas en état de faire son boulot comme il l’entend. Le Breton est donc reparti de Dijon par où il était entré : par la petite porte. Pour mieux enfoncer celle du domicile conjugal ? Qui sait : d’amour, il était aussi question ces derniers jours dans la presse people, prompte à évoquer une retraite anticipée pour le futur époux de Karine Ferri, au nom de l’équilibre familial. À 32 ans, donc.

Dans cet article :
National : La chute des gros, la rébellion des mals-classés
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