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Gourcuff, sociétaire du spectacle

Par Serge Rezza, à Lyon
6 minutes
Gourcuff, sociétaire du spectacle

Les actions d’éclat qui se répètent et Nasri qui sort du terrain sur une civière : la hype Gourcuff peut reprendre du service. Si la gestuelle et la forme du moment ne sont pas sans rappeler sa belle période girondine, il a aussi fallu en passer par la case désastre pour s’approcher du joueur que l’OL pensait avoir recruté : spectaculaire.

On n’a pas attendu Gourcuff pour savoir que n’importe quel désastre pouvait devenir un jour éclatant. Prenez la rencontre entre le roi de la rock critic des 70’s, Lester Bangs, et Lou Reed du côté de Detroit en 1973. Bangs considère l’ex-leader du Velvet comme l’un de ses héros. Tellement qu’il en arrive à se bourrer la gueule au moment de le retrouver dans un Holiday Inn. Comme Lou Reed, en plus de ne pas être du genre à cracher dans le bourbon, est aussi l’une des rock stars les plus infectes du monde, l’interview vire au massacre. Lester Bangs y laisse pas mal d’amour propre et une caisse qu’il prend soin de bousiller à la sortie dans une station-service. Tout ça pour publier l’un de ses articles les plus barrés, Sourd-muet dans une cabine téléphonique : une journée parfaite avec Lou Reed.

Beautiful disaster

On imagine que l’OL a eu largement le temps de renifler ce genre de désastre avec Gourcuff. Jusqu’à entendre l’expression d’ « accident industriel » revenue d’on ne sait quelle confidence présidentielle. Une idée reprise par Lacombe en octobre dernier : « On ne peut pas dire que Gourcuff soit une réussite chez nous. Il est tout le temps blessé, c’est un gros, gros problème. » Comme Bangs après son rendez-vous manqué avec Lou Reed, voilà tout l’OL qui se ronge les sangs, à se demander tout haut qui du joueur ou du club incarne la part maudite de cette histoire qui n’a jamais su vraiment commencer. La faute aux blessures, à ce statut de « nouveau Zidane » dont on ne se relève pas, à cette solitude qui confine à la marginalité et fait dire que Gourcuff n’est peut-être pas fait pour ce monde-là. Ne manque plus que cette résignation qui finit par l’emporter à Tola Vologe quand on retrouve Yoyo cet été applaudissant Grenier, tout juste intronisé nouveau roi de la mène, en train de boucler les premières séances de la pré-saison sur une série de coups francs.

À se demander si le Breton n’attendait pas que ça pour poser les jalons d’un retour en grand que plus personne n’attendait. Car depuis fin 2013, les observateurs peuvent à nouveau se frotter les yeux devant la gestuelle irréelle du n°8 lyonnais. Une frappe de dingue contre Reims, un amour de râteau autour de sa jambe d’appui qui fait passe dé’ pour Grenier face à Lorient et une dernière frappe enroulée qui plante Cros samedi dernier. Si Gourcuff en est là, c’est d’abord parce que son corps le lui permet enfin. Ce que racontait déjà son père en 2010 : « Quand il retrouve de la force dans ses appuis, il retrouve de l’efficacité dans ses frappes. Tout est lié : technique, physique, confiance. » (So Foot) Reviennent alors en tête ces séances d’échauffement interminables passées à sonder son corps, comme pour y tenir la confirmation que rien ne lâchera cette fois. La cause de cet effroi ? Un jeu qui repose moins sur une technique spectaculaire que sur un volume du genre énorme. À force de se repasser en boucle ses buts du titre bordelais, on en aurait presque oublié que la hype girondine est aussi un joueur qui ne propose jamais une solution à moins de huit mètres du porteur du ballon.

Le bel E.T. de Yoann Gourcuff

En plus d’aimanter le jeu, Gourcuff peut à nouveau prendre cette lumière qui lui fut envoyée pleine face à son arrivée entre Saône et Rhône. Pour en arriver là, il a d’abord fallu un passage prolongé dans cette ombre réclamée par le premier intéressé : « Je veux qu’on me considère comme n’importe quel autre joueur. » Pour mieux se défaire du poids d’un transfert record (22 millions d’euros) et d’un salaire devenu pesant pour les finances d’un club à la rue (6,6 millions d’euros annuels). Paradoxalement, c’est aussi au moment où l’effectif du club lyonnais ne compte plus d’autre joueur de son rang qu’il parvient à retrouver la classe qui le fuyait. Une situation éprouvée en son temps par Sonny Anderson, arrivé avec un statut d’extra-terrestre dans un effectif semi-anonyme. Un peu à l’image du Brésilien des années d’avant-domination, Gourcuff semble enfin disposé à endosser le rôle du joueur chargé de faire les différences.

Pour que l’affaire dure un peu plus que les cinq derniers matchs, le club s’est chargé de lui déclarer sa confiance retrouvée. En faisant savoir haut et fort, du président au vestiaire, que l’OL pourrait bien être l’équipe de cette seconde moitié de saison. En maintenant surtout ce 4-4-2 losange, d’abord monté par Garde pour optimiser l’abondance du milieu lyonnais et cacher la misère autour – en attaque et en défense. Avant de se rappeler que ce dispositif trop exigeant pour tenir sur la durée reste encore celui dans lequel Gourcuff est le plus performant. Tant qu’à lui permettre de marcher sur l’eau et aux autres de le suivre, on range les préceptes du 4-3-3 à la lyonnaise et on prolonge l’expérience.

Les sirènes des Bleus

Ne manque plus que le dernier acte pour céder à l’idée du retour en grand : les sirènes de l’équipe de France. Lesquelles se sont mises à retentir quand Nasri a quitté le terrain sur une civière le week-end dernier. Une place de libre et c’est Yoyo qu’on rappelle. On veut bien, mais pour quoi faire ? Dans une sélection qui fait reculer le 10 à la place de Cabaye, on se doute bien que Deschamps a d’autres priorités que faire revenir un joueur comme Gourcuff au cœur de son milieu. Surtout quand c’est à Ribéry qu’il revient d’endosser le rôle du type qui fera les différences. Sans vouloir entrer dans la mécanique des mœurs de l’équipe de France, pas de quoi arranger la candidature Yoyo…

En vrai, si Gourcuff plaît tant en ce moment, c’est parce qu’il colle comme jamais aux ambitions de l’OL du moment. Où, dans l’attente du grand stade et des nouvelles ambitions qui vont avec, il faut patienter en privilégiant le spectacle aux résultats. Comme si l’Olympique lyonnais avait dû attendre de se retrouver dans la peau du club de milieu de tableau pour redonner un peu d’envergure à un milieu recruté pour frayer dans la catégorie des joueurs de classe internationale. Après tout, pourquoi pas : on n’a jamais trouvé Lou Reed aussi troublant qu’en sourd-muet dans une cabine téléphonique.

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