- Rétro
- 10 ans de football vus par So Foot
- Joueur de l'année 2008/2009
Gourcuff, good stuff
Rien ne sera jamais plus comme avant cette saison 2008/2009 pour Yoann Gourcuff. Celle où il ne suscite à juste titre qu'éloges et louanges, avant de littéralement s'écrouler sous leur poids. Aujourd'hui encore, cinq ans après, le footballeur n'arrive pas à vivre avec le souvenir de ce temps béni.
À l’été 2008, Yoann Gourcuff arrive aux Girondins de Bordeaux comme il effectue ses roulettes : sur la pointe des pieds. Annoncé dès le 31 mai par Adriano Galliani, le prêt de celui qui n’a jamais trouvé sa place au Milan AC passe quasiment inaperçu, au soir d’une saison qui a vu les Girondins finir dauphins de l’Olympique lyonnais. La retraite de Micoud actée, la décision de Laurent Blanc de remplacer Johan par Yoann à la pointe de son losange se fait dans l’indifférence la plus totale. Mais ça, Yoann Gourcuff s’en fiche. La situation lui convient même très bien. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il ne sera pas prêt de la revivre.
La hype Yo’ Gourcuff prend instantanément. Après seulement deux rencontres disputées avec son nouveau club, dont le Trophée des champions remporté aux tirs au but face à Lyon, « Ken » , comme le surnomment déjà les supporters bordelais, est appelé chez les Bleus par Raymond Domenech pour affronter la Suède en amical. Si son entrée en jeu tardive l’empêche de toucher le moindre ballon, il sait que sa carrière est lancée au sein d’une équipe de France qui se cherche après un Euro 2008 catastrophique. Il attend sa troisième sélection, en septembre contre la Serbie, pour être titularisé. Passe décisive pour Anelka. Un mois plus tard, en Roumanie, il envoie des 35 mètres un missile youtubesque sous la barre de Lobont. Son sourire ultra-bright fait le reste : la France est sous le charme.
En championnat, il s’éclate aussi. Son entente naturelle avec Marouane Chamakh, ses caviars distillés à Fernando Cavenaghi, son positionnement libre avec Alou Diarra, Fernando et Wendel pour assurer ses arrières permettent à Bordeaux de se maintenir à portée de fusil des premières places, jusqu’à ce final incroyable entamé après un 3-0 encaissé à Toulouse. Les Girondins enchaînent onze victoires d’affilée en Ligue 1, entrecoupées d’un succès anecdotique face à Vannes en finale de Coupe de la Ligue, et remportent sous le nez de l’Olympique de Marseille un titre qui leur échappe depuis dix ans. Des 12 buts et 11 passes déc’ accrochés au tableau de chasse du numéro 8 bordelais en championnat, c’est le viol d’Armand et Traoré au Parc Lescure qui compte le plus de vues. Mais le plus fou reste son doublé de la 33e journée à Rennes, son club formateur, qui permet à son équipe réduite à dix de rester dans la course au titre grâce à un coup franc et un but venu de nulle part à la 94e.
Le but au Parc :
Le doublé à Rennes :
Des performances qui ne font pas longtemps hésiter M6 et les Girondins à lever son option d’achat. Pour 14 millions d’euros, Gourcuff s’engage définitivement avec les Girondins au terme d’une saison qui reste à ce jour la seule qui l’aura vu briller de bout en bout. L’exercice suivant est pourri par une seconde partie de championnat qui voit les Girondins s’écrouler jusqu’à une piteuse 6e place. Et Gourcuff partir à Lyon pour 22 millions d’euros après avoir vécu de l’intérieur le désastre sud-africain, entouré de coéquipiers qui le surnomment ironiquement « la Nouvelle Star » . À 27 ans, il ne lui reste aujourd’hui plus beaucoup de temps pour prouver qu’il peut être plus qu’un one hit wonder.
Par Mathias Edwards