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Gouffran : « On n’est pas les clowns de service »
Comme ses coéquipiers, Yoan Gouffran (2 buts en L1 cette saison) n’arrive pas à inverser le cours des choses avec Bordeaux, désormais relégable. Mais en se rendant samedi à Ajaccio, chez le dernier, il compte quand même troquer le nez rouge pour l’habit de victoire.
Yoan, avec une seule victoire en championnat, il est grand temps de gagner en Corse, non ?
Oui, c’est un bilan bien pauvre. Il est vraiment urgent de gagner à Ajaccio, et peu importe la manière. Seuls les trois points compteront.
Ajaccio est-il l’adversaire idéal pour cela ?
On ne sait pas s’il y a des adversaires idéaux, mais maintenant, avec nous, on peut s’attendre à tout ! On sait que ce sera un match difficile, face à un concurrent direct pour le maintien. On peut gagner comme perdre, mais on va jouer notre chance à fond. On va aller là-bas vraiment pour gagner…
Peux-tu expliquer pourquoi Bordeaux est capable de tout ?
Non ! Franchement, je ne peux pas l’expliquer. On est capables de faire de belles choses comme face à Lille (1-1) ou Montpellier (2-2), et de passer à travers comme à Nice (perdu 3-0). Je pense que tout se passe dans la tête et que l’on n’est pas prêts à se faire mal pour gagner les matches… On n’a pas une âme de guerriers pour ça, on ne se donne pas à 100%. On a l’impression, parfois, que l’on se dit que ça va aller parce que c’est Bordeaux, et que ça viendra un jour ou l’autre. Mais si on ne se bouge pas le cul, ben, c’est la descente !
Et est-ce que tu t’inscris là-dedans, aussi ?
Ben oui, je me mets dedans !
Pourtant, quand tu es arrivé de Caen, tu savais ce qu’était la lutte pour le maintien…
Ah, mais je le sais toujours ! J’essaie d’apporter ma petite expérience, mais on sait que ce sera difficile. Et c’est à tout le monde de prendre conscience de ça, et que Bordeaux ne peut pas se permettre d’être 18e.
Aujourd’hui, faut-il faire impasse sur la manière, et aller à l’inverse de la philosophie de jeu de Francis Gillot, pour gagner ?
On peut allier les deux… On peut être des guerriers à la perte de balle, et quand on l’a, aller vers l’avant et faire du beau jeu. C’est à nous de nous transcender pour récupérer les ballons, bien défendre, ne pas prendre de buts, et se lâcher offensivement, comme à l’entraînement. Il faut se faire mal et vouloir faire mal à l’adversaire : lui marcher dessus, se dire qu’il n’aura rien pour lui ce soir, et lui montrer que la victoire sera pour nous !
Comment vis-tu cela au quotidien ?
C’est agaçant et, après les matches, les soirs et les week-ends de repos, c’est lassant. Personnellement, j’essaie de me remettre dedans le plus vite possible. Mais quand on perd, que l’on n’avance pas ou que l’on est relégables, au bout d’un moment, c’est pesant. Mais je me donne au maximum, sachant que l’on peut sortir de cette situation.
Ce discours est-il le même pour tout le monde au sein du groupe ?
Non, c’est le mien. Chacun aura le sien, mais je pense que c’est celui-là qu’il faut avoir si l’on veut s’en sortir. Même si l’on perd, il faut prendre le positif dans chaque match pour avancer, sinon, on va rester où l’on est. Je pense que c’est en match que l’on n’arrive pas à se mettre dedans ; à l’entraînement on voit de belles choses et le week-end, il n’y a plus rien ! Maintenant, on a vraiment conscience qu’on est au fond, et dos au mur. Il faut redresser cette situation.
L’actionnaire (M6) a indiqué qu’il faisait confiance au coach et qu’il débloquerait une somme pour recruter lors du mercato. Qu’en penses-tu ?
On n’en a pas vraiment discuté, mais on savait avant que ça aille mal, et dès le début (de la saison), qu’il manquait quelques joueurs pour viser plus haut. La concurrence nous aidera à booster tout le monde.
Comment abordes-tu le match de samedi ?
Un match nul serait un mauvais résultat. Pour sortir de là, il faut absolument gagner. C’est une équipe difficile à manier, qui joue le maintien et tous les coups à fond. Ce sera aussi sur un terrain difficile… Mais on n’a pas envie de passer pour les clowns de service, en perdant contre la lanterne rouge.
Propos recueillis par Laurent Brun, au Haillan