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Goudet : « Souto, c’était un créatif »
José Souto est décédé le 16 janvier à Metz, à l’âge de 59 ans. Cet ancien milieu de terrain offensif d’origine espagnole a évolué à Metz, Thionville, Strasbourg, Tours, Lens et Quimper, mais aussi à Laval (1981-1984). Et il a écrit une des plus belles pages de l’histoire des Tangos, en participant à la Coupe de l’UEFA 1983-1984, en marquant le but qui avait éliminé le Dynamo Kiev au premier tour (0-0, 1-0). Thierry Goudet, son ancien coéquipier, raconte.
Comment avez-vous appris le décès de José Souto ?
Par un ami. Avec José, nous nous étions perdus de vue depuis de nombreuses années. C’est souvent comme ça dans ce milieu. Chacun fait sa carrière. Je savais qu’il était reparti vers Thionville, mais j’ignorais qu’il souffrait d’une maladie. Bien sûr, cela m’a touché. Je conserve de lui l’image d’un mec sympathique, agréable à vivre. Il était arrivé à Laval en 1981, en provenance de Metz. Il s’était bien adapté dans le club. C’était quelqu’un qui savait aussi mettre l’ambiance. Je me souviens qu’on avait souvent l’habitude, après les matchs, d’aller manger tous ensemble avec nos femmes et nos enfants dans une pizzeria du centre de Laval. C’était une belle époque. Laval, dans les années 1980, dégageait l’image d’une équipe plutôt joueuse…Oui. Michel Le Milinaire, en plus d’être un très bon entraîneur, était un fin pédagogue. Et il aimait que ses équipes jouent bien au ballon, dans un 4-3-3, avec deux numéros 10, dont José Souto, qui était un créatif. Il avait une bonne vision du jeu. Mais il savait aussi mettre le bleu de chauffe, comme on dit… Il savait se montrer très combatif. Il ne lâchait rien.
Comme ce match aller à Kiev, face au Dynamo, en septembre 1983…
Au moment du tirage au sort, déjà, on nous promettait le pire. Kiev, c’était un grand nom du football européen, avec beaucoup d’internationaux soviétiques (Blokhine, Baltacha, Demianenko, Kuznetsov…), un stade immense… Laval, personne ne connaissait à l’époque, en dehors de la France. C’était la première fois que le club s’était qualifié pour une Coupe d’Europe. Je me souviens aussi que quatre jours avant ce déplacement en URSS, nous avions perdu 3-0 à Nîmes. Évidemment, tout le monde pensait qu’on allait se faire manger à Kiev. Et pourtant, on fait un match solide. Les Ukrainiens nous avaient pris un peu de haut, ils pensaient que ce serait facile. Jean-Michel Godart, notre gardien, avait tout sorti ce jour-là. Nous, on avait essayé de jouer, mais l’objectif, c’était de garder nos chances de nous qualifier lors du match retour.
Quinze jours plus tard, le 28 septembre, Laval bat le Dynamo grâce à un but de Souto, et réalise une des plus belles performances du football français en Coupe d’Europe…C’était extraordinaire. Le stade Francis-Le Basser était plein, il y avait au moins 20 000 personnes, installées partout. Comme à l’aller, la rencontre n’avait pas été retransmise. Une belle ambiance et surtout un match parfaitement maîtrisé. Laval, c’était une équipe où on trouvait des joueurs expérimentés, comme Robert Buigues ou Jean-Paul Rabier, et des plus jeunes, comme José, Eric Stéfanini ou moi. Il y avait un vrai collectif, un vrai état d’esprit et beaucoup de solidarité. José avait marqué en première période, à six ou sept minutes de la mi-temps. De la tête, alors qu’il n’était pas très grand (1,70 m). Un peu plus que moi quand même. Ce jour-là, José avait fait un gros match. Comme toute l’équipe. Il était assez régulier dans ses performances. Comme Kiev était une équipe qui jouait plutôt bien, José était à l’aise face à ce genre d’adversaire.
Au tour suivant, face à l’Austria Vienne (0-2, 3-3), Laval avait failli réussir un nouvel exploit…
Oui. On avait perdu 2-0 en Autriche, mais au match retour, on mène 3-0 à la mi-temps. José n’avait pas marqué ce soir-là, mais je crois me souvenir qu’il était impliqué dans un de nos buts (le 2e, inscrit par Jean-Marc Miton, N.D.L.R.). On avait tous fait une très grosse première mi-temps. Tout nous réussissait, les Autrichiens, pourtant expérimentés, étaient asphyxiés. On avait peut-être cru que la qualification était acquise, alors qu’il nous restait quarante-cinq minutes à disputer. On sait comment cela s’est terminé. Mais avec José, avec Godart, Bozon, Sorín, Miton, Stefanini, Buigues, Rabier, Sène, on venait de faire quelque chose d’extraordinaire. José Souto était parti à la fin de la saison, à Strasbourg. Il a fait une bonne carrière. Je ne l’ai côtoyé que trois ans, mais j’en garde un très bon souvenir.
Propos recueillis par Alexis Billebault