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Gouano : « Les Pays-Bas, c’était top »
Il n’a que 23 ans, mais Prince-Désir Gouano a déjà vécu dans cinq pays. Le défenseur formé au Havre a vécu des expériences contrastées, mais toujours enrichissantes selon lui. L’été dernier, il est revenu en France, et plus précisément à Amiens, avec qui il s’est engagé pour les quatre prochaines saisons.
Amiens va recevoir Monaco à la Licorne, vendredi. Content de rejouer à la maison ?Oui, bien sûr. Mais il faut prendre cette série de matchs joués loin de chez nous comme une expérience positive. On a pris des points, et je crois que cela a renforcé la cohésion du groupe. Mais c’est évidemment mieux de jouer chez nous, devant notre public. Surtout face à une équipe comme Monaco…
Un adversaire qui possède une telle armada offensive doit interpeller le défenseur que vous êtes ?Mais moi, j’espère qu’ils seront tous là ! Et notamment Radamel Falcao, qui est un super attaquant. J’apprends en affrontant de tels joueurs ! Et je crois que depuis le début du championnat, Amiens se défend plutôt pas mal, non ? Tout le monde nous enterrait, et finalement, on prouve qu’il y a de la qualité. On sait que nous jouerons le maintien, que ce sera difficile. Mais on a des qualités pour atteindre cet objectif. Le coach (Jean-Marc Pélissier, ndlr) nous fait beaucoup travailler pour cela.
Vous avez quitté la France en 2011, en passant du Havre à la Juventus. L’exil devenait trop compliqué ?Ma femme était contente de rentrer. (Rires.) Moi aussi, d’ailleurs. Amiens et d’autres clubs s’intéressaient à moi, mais c’est Amiens qui était le plus insistant. Et je ne suis pas venu ici parce que je suis né à Paris et que les deux villes sont assez proches ! Évidemment, cela compte d’être à proximité de sa famille, de ses amis. Mais ce qui m’intéressait, c’était d’évoluer dans un championnat qui bénéficie d’une bonne visibilité. Je suis parti six ans à l’étranger. J’ai connu de bonnes expériences, d’autres plus difficiles.
Cela a commencé par la Juventus…Je ne regrette pas, même si on peut toujours venir dire que je suis parti trop tôt. Je voulais bien sûr essayer de m’y imposer, mais le club a l’habitude de prêter ses jeunes joueurs à des formations de Serie B notamment. Et je me suis retrouvé au Virtus Lanciano. Là-bas, j’ai joué un match. J’ai vécu des moments difficiles. Je m’entraînais, mais le week-end, je ne jouais pas. J’étais très jeune, seul, je ne parlais pas très bien la langue. Il m’est arrivé de déprimer un peu. Je passais pas mal de temps sur Skype avec ma famille, mes amis. Et je jouais à la Playstation. Bref, ça n’allait pas fort. En plus, comme je n’avais pas encore le permis de conduire, je ne pouvais pas trop bouger. Je m’emmerdais un peu. Et quand on m’a prêté à Vicence, la situation n’a pas changé.
Vous avez ensuite signé en 2013 à l’Atalanta Bergame, même si vous apparteniez à la Juventus à hauteur de 50 %. Et vous avez immédiatement été prêté au RKC Waalwijk, aux Pays-Bas…Oui, en Italie, ce genre de montage était autorisé. Cela a pris fin un peu plus tard. J’ai tout de suite demandé à être prêté. Et franchement, cette saison aux Pays-Bas, je l’ai adorée. C’était top ! J’ai fait enfin une saison pleine. J’étais bien, dans un club sympa, où j’avais été bien accueilli par tout le monde. En plus, le championnat néerlandais est intéressant. Pour un défenseur, il y a du boulot, car on y pratique un jeu offensif. C’est là que je me suis rendu compte que mon passage en Italie m’avait beaucoup apporté. L’Italie, c’est une référence pour les défenseurs, non ? Le problème, c’est que le RKC a été relégué en Ligue 2. Je suis donc parti, toujours en prêt, à Rio Ave, au Portugal. Et je me suis régalé. J’ai beaucoup joué, on a même disputé la Ligue Europa. L’entraîneur, Pedro Martins, comptait beaucoup sur moi. À la fin de mon prêt, comme je ne voulais pas rentrer en Italie, j’ai rejoint Bolton, en Angleterre.
Où ça n’a pas très bien marché…Au début, si. Mais à partir du mois de novembre, ça a commencé à déconner. Le club a eu des problèmes financiers, les salaires ne tombaient plus. Et concernant les résultats, ce n’était plus ça. Du coup, mon agent m’a parlé de la Turquie. C’est un championnat que je trouvais intéressant. Et il y avait un club, Gaziantepsor, qui souhaitait ma venue.
À soixante bornes de la frontière syrienne, cela ne fait pas trop rêver…(Rires.) Oui, mais où est-on vraiment en sécurité aujourd’hui ? Sincèrement, j’ai bien apprécié ce séjour en Turquie. Gaziantep est une grande ville, il y a des endroits sympas. Et quand on avait des journées de libre, j’allais régulièrement à Istanbul avec ma femme. Sportivement, c’était bien aussi. Le niveau est selon moi supérieur à celui des Pays-Bas ou du Portugal.
C’est pourtant au Portugal que vous poursuivez votre parcours. Pourquoi avez-vous décidé de retourner dans ce pays, au Vitória Guimarães ?Parce que l’entraîneur, c’était Pedro Martins, que j’avais connu à Rio Ave. Et comme cela s’était super bien passé à l’époque, je n’ai pas trop hésité quand il m’a contacté pour me proposer de revenir bosser avec lui. Je lui faisais confiance.
Mais ça ne s’est pas passé comme prévu…Non. J’ai beaucoup moins joué que je ne l’espérais. Pourtant, je travaillais beaucoup à l’entraînement. Guimarães voulait même lever l’option d’achat et me faire signer. Mais je voulais rentrer en France. Et j’ai signé à Amiens.
Vous avez été formé au Havre, avec un certain Paul Pogba. Vous avez des nouvelles ?Non, plus depuis l’Italie et Vicence, je crois. Ou les Pays-Bas. Je ne sais plus trop, en fait.
Paul, si tu nous lis…(Rires.) On se reverra un jour. On avait de bonnes relations au Havre. Dans la vie, il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas…
Oui, sauf que Manchester United-Amiens, a priori, ce n’est pas pour tout de suite…(Il se marre.) Il y aura sûrement d’autres occasions…
Propos recueillis par Alexis Billebault