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Good Morning England

Par Maxime Brigand
5 minutes
Good Morning England

Des observateurs unanimes, et pourtant : pour la première fois depuis la saison 2006-2007, quatre équipes anglaises ont terminé en tête de leur groupe de Ligue des champions et disputeront donc les huitièmes de finale en février. Mieux, avec Chelsea, second du groupe C, c'est un 100% pour l'Angleterre qui débarque donc au deuxième tour avec cinq représentants. Majuscule.

Une confession lâchée au cœur de l’hiver dernier comme une réalité qu’on agite pour éveiller les consciences : en déplacement au Louis-II le 22 novembre 2016, Tottenham vient de s’incliner pour la troisième fois en cinq étapes d’une phase de poules que les Spurs termineront finalement troisièmes, avant de laisser filer la Ligue Europa dès les seizièmes de finale face à La Gantoise (0-1, 2-2), pour se concentrer sur la Premier League. Un joueur de l’effectif racontera alors quelques semaines plus tard ceci : « À Monaco, on n’a pas fait un mauvais match, mais, trois jours avant, on a gagné face à West Ham 3-2 à la dernière seconde et le week-end suivant, on affrontait Chelsea. C’était la guerre. Quand on est arrivés à Monaco, on était cuits. » Douze mois se sont étirés depuis et l’Angleterre a évolué sur un détail immense : pour la première fois de son histoire, elle présentera cinq équipes sur la grille de départ des huitièmes de finale de la Ligue des champions en février prochain.

Et pourtant, rien n’a changé. Mieux, les voix se sont élevées, les avocats se sont succédé, d’Antonio Conte à José Mourinho. « Je pense que cette compétition est plus difficile pour les clubs anglais, parce que notre championnat est plus dur, expliquait alors le premier à la fin de l’été, un titre de champion d’Angleterre dans la poche. J’ai connu des clubs où, avant la Ligue des champions, on se reposait. En Angleterre, ce n’est pas facile, voire impossible, de faire ça. Si vous voulez le faire, vous prenez de grands risques. » Preuve en est : Manchester United, déjà qualifié avant de recevoir le CSKA Moscou (2-1) cette semaine, qui a vu ce rendez-vous placé entre un déplacement à l’Emirates et la réception de Manchester City, dimanche. Mourinho, également à la fin de l’été : « L’an dernier, pendant le dernier mois de championnat, le Real a joué avec son équipe bis. Ils pouvaient le faire. La Juventus, pareil, elle était championne d’Italie trois mois avant la fin de son championnat. Pour une équipe anglaise, c’est impossible parce que notre championnat est très difficile jusqu’à la fin. »

La Premier League, plus gros danger

Un débat éternel : un club anglais favorisera-t-il une victoire en Ligue des champions à un titre de champion d’Angleterre ? Pas sûr. Pire : la Premier League est aujourd’hui le plus gros danger du club anglais lui-même, quel qu’il soit. Accroché mardi soir face à l’Atlético de Madrid (1-1) à Stamford Bridge avec Chelsea, Antonio Conte a été dans ce sens après la rencontre et il est difficile de le faire mentir. Ce mercredi soir, l’Angleterre vient pourtant de valider son réveil en plaçant quatre équipes (Liverpool, Tottenham, Manchester United, Manchester City) en tête de leur groupe et une cinquième (Chelsea), deuxième du sien. La performance est immense et l’on n’avait plus vu quatre équipes anglaises en huitièmes de Ligue des champions depuis maintenant dix ans, sachant qu’aucun club n’a remporté la compétition depuis Chelsea en 2012. On aurait même envie de pousser la chose en affirmant qu’aucune équipe n’est aussi brillante collectivement que le Manchester City de Pep Guardiola, battu avec une équipe bis par le Shakhtar Donetsk (1-2) mercredi soir, depuis le début de saison. De là à dire qu’une équipe anglaise peut prétendre à la victoire finale, il y a un pas difficile à franchir, et ce, malgré les espoirs, à cause de cette bataille dévorante pour la Premier League, justement.

La leçon anglaise

Les espoirs, d’ailleurs, mais surtout la fin des blagues. Cette saison, l’Angleterre a prouvé qu’elle avait grandi sur un point, bénéfice majoritaire de l’arrivée massive d’entraîneurs étrangers de premier plan depuis plusieurs saisons : l’équilibre défensif, base des succès de Conte, Pochettino, Mourinho et Guardiola, un peu moins de Jürgen Klopp, dont le Liverpool est devenu mercredi soir l’équipe anglaise la plus prolifique sur une phase de poules de C1 (23 buts). Bilan : l’Angleterre n’a perdu que trois rencontres sur les 30 disputées pendant la phase de groupes par ses représentants, pour 19 buts encaissés (contre 24 pour les clubs espagnols qui comptaient un représentant de moins, 22 pour les clubs italiens avec trois représentants). Ainsi, on aura vu Tottenham filer une leçon au Real – Zidane plaçant dans la foulée les Spurs dans la panière des « candidats au titre » -, Manchester United se préparer à être l’une des équipes les plus difficiles à sortir sur deux manches lors du deuxième tour ou encore City dompter facilement le Napoli de Sarri, mais aussi Liverpool sortir son arsenal offensif ou Chelsea jouer les rois tactiques, notamment à Madrid. La question est désormais de savoir dans quel état seront ces clubs-là en février, soit après une période hivernale charnière et sans interruption, au milieu d’une Europe du foot où le niveau s’est globalement densifié, la phase de poules écoulée en étant la plus grosse preuve. Pareil pour une Premier League qui n’a plus de Big Four tout puissant, mais plutôt un bus de six équipes (Liverpool, Chelsea, Manchester City, Manchester United, Arsenal, Tottenham) qui ressemble avant tout à un Fight Club géant. Pendant ce temps, l’Allemagne ne compte plus qu’un ticket (le Bayern), signe de l’évolution des temps. Février est déjà demain, mais aussi déjà très loin pour un système qui se refuse à respirer.

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Par Maxime Brigand

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