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Gonzalo Higuaín : un sacré numéro deux

Par Thomas Goubin
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Gonzalo Higuaín : un sacré numéro deux

Une coïncidence troublante et lourde de sens. Le soir où son conscrit, Karim Benzema, recevait son premier Ballon d’or, à 34 ans, Gonzalo Higuaín, un temps son concurrent au Real Madrid, a fait ses adieux dans une certaine indifférence et au même âge. Comme s'il n'y avait de place que pour les premiers de la classe.

C’est une course qui aurait pu devenir iconique. Après avoir trompé Manuel Neuer, Gonzalo Higuaín se lance dans un sprint effréné, la gueule grande ouverte, rageur, pour célébrer ce qu’il croit être l’ouverture du score argentine en finale de Coupe du monde. On joue la 30e minute au Maracanã, et c’est le premier but d’un Argentin en finale d’un Mondial depuis celui de Burruchaga, 28 ans auparavant : la consécration ne peut être plus grande. Mais Gonzalo Higuaín, tout à son dernier geste, n’a pas vu le drapeau se lever. Sa course deviendra malgré tout iconique, mais surtout sur internet, usine à fabriquer de la moquerie virtuelle sous toutes ses formes (memes, montages vidéo, tweets assassins…). Elle ajoutera du ridicule à sa finale manquée, où son grossier raté un peu plus tôt dans le match, seul face à Neuer, lui vaut encore aujourd’hui d’être pointé du doigt. Puis viendront ces autres occasions non concrétisées en finale de Copa América, en 2015, puis en 2016. L’Argentine, excédée par les échecs à répétition en finale d’une sélection qui ne savait plus gagner depuis 1993 (Copa América), avait trouvé son bouc émissaire.

« Cinq secondes derrière un ordinateur peuvent détruire une personne »

La trajectoire de Gonzalo Higuaín, goleador du Real Madrid, de Naples ou de la Juventus, auteur de 335 buts en 18 ans de professionnalisme, ne peut évidemment se résumer à quelques matchs mal négociés, aussi importants soient-ils. Le 3 octobre, lors de sa conférence de presse d’annonce de fin de carrière, El Pipita est pourtant revenu spontanément sur le traitement dont il a fait l’objet sur internet, sur sa réputation ternie par les moqueries. « J’ai souffert personnellement des abus sur les réseaux sociaux, assurait-il. Cela m’a fait mal, mais j’ai eu une famille derrière moi qui m’a permis de continuer d’avancer. Beaucoup ne peuvent pas le faire. Cinq secondes derrière un ordinateur peuvent détruire une personne, parce que les malins anonymes existeront toujours. » Où quand Twitter, Instagram ou YouTube s’invitent dans les pensées d’un international au moment de tirer sa révérence. Qu’un joueur, aussi bon soit-il, fasse figure de bouc émissaire n’a évidemment rien d’un phénomène récent. Il n’y a qu’à penser au destin brisé du gardien brésilien Moacyr Barbosa, autre damné du Maracanã, quand le Brésil avait laissé échapper sa Coupe du monde à domicile face à l’Uruguay, ou des sifflets des stades anglais envers David Beckham, expulsé lors de l’élimination de l’Angleterre du Mondial 1998. Mais la critique des réseaux diffère, car elle se révèle aussi instantanée que durable (les spécialistes de l’e-réputation, nettoyeurs de référencement, n’existent pas pour rien), et polyphonique (supporters, journalistes, influenceurs, bots…). Dans une interview donnée à ESPN, le 21 septembre, Higuaín assurait même que les moqueries en ligne avait conduit à ce qu’on le fasse souffler en sélection. « Moi, je ne prenais plus de plaisir, pas à cause des buts manqués, mais à cause des répercussions de ce dont nous sommes en train de parler, le bullying, les moqueries, les critiques féroces, qui sont devenues normales. »

« Le football est un monde plus toxique chaque jour. Je veux m’en éloigner »

La carrière du vice-champion du monde et double vice-champion d’Amérique du Sud pourrait pourtant être racontée comme une success-story. Révélé à River Plate adolescent, il intègre le Real Madrid à 19 ans, devient rapidement titulaire, et une fois lancé, les saisons autour de 20 buts seront sa norme. De la génération 1987, comme Messi, il résiste même à l’arrivée de Cristiano Ronaldo et réalise d’ailleurs sa meilleure saison espagnole du point de vue statistique (29 buts) quand le Portugais débarque au Real Madrid. Comme tous les attaquants merengues, il finira certes par vivre dans l’ombre de CR9, mais dans le duel qui l’oppose à Karim Benzema, il prend parfois le dessus, notamment sous José Mourinho. Son allure de laborieux, d’avant-centre pas vraiment moderne, font toutefois un peu tache au sein de la Maison-Blanche, mais après un septennat plutôt prolifique (121 buts), il rappellera en Italie à quel point il est une gâchette d’exception, d’abord à Naples – ses années les plus fastes -, puis à la Juventus. Le double meilleur buteur de Serie A (2014, 2016), qui traîne une réputation, pas vraiment virtuelle, de bon vivant, voit toutefois son rendement chuter lourdement dès 2019. Sans doute un peu lassé. « Le football est un monde plus toxique chaque jour, a-t-il déclaré récemment. Je veux m’en éloigner, je crois que c’est un monde auquel je n’appartiens pas autant que je le pensais au départ. »

Messi : « Les gens ont été injustes avec lui »

À quoi se référait exactement l’Argentin ? Peut-être au manque de reconnaissance du milieu. La relative discrétion dans laquelle il s’est retiré – le timing n’aidait certes pas, comme son exil à l’Inter Miami, dans un championnat de niveau intermédiaire – pourrait en tout cas conduire à penser qu’il n’y a finalement de la place que pour les numéros un : Benzema aujourd’hui, Cristiano et Messi avant lui. Mbappé, pressé d’être considéré comme le meilleur quitte à tomber dans des attitudes apparemment puériles, a ainsi peut-être mieux assimilé que d’autres les signaux que lui envoie son époque. Reste que le temps devrait donner à Gonzalo Higuaín la place qu’il mérite, celle d’un des meilleurs attaquants argentins de son temps, avec El Kun Agüero ou Carlos Tévez. Un des meilleurs du monde même. Les chiffres ne mentent pas, même si en Argentine, les montages très populaires comparant ses actions à celle de Gabriel Batistuta avec l’Albiceleste pourraient le faire passer pour un attaquant de district. Mais El Pipita ratait car il était là, qu’il était l’un des rares élus à défendre le maillot de sa sélection. Leo Messi a résumé tout le paradoxe Higuaín, au micro de TyC Sports : « Ça a été terrible, car il a fait une carrière spectaculaire… Il a joué dans les meilleures équipes, a toujours été performant, a gagné des titres, ce qui est difficile, mais il a été un peu marqué au fer rouge par la Copa América et le Mondial. Les gens ont été injustes avec lui. » Higuaín a aussi eu la malchance de raccrocher les crampons un soir de Ballon d’or, auquel il avait été nommé en 2016. Le monde avait le regard tourné vers le théâtre du Châtelet, où Karim Benzema était sacré meilleur joueur du monde. Le Français n’était plus l’ex-remplaçant de Gonzalo Higuaín, qui lui terminait sa carrière, en pleurs, sur une élimination face à New York City, au Drive Pink Stadium.

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