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Gonzalo Higuaín, la course aux étoiles
Depuis son éclosion avec le Real Madrid, l'Argentin traîne une réputation de buteur qui se liquéfie dans les grands matchs, et notamment en Ligue des champions. À Naples, Pipita avait pourtant su régler la mire lors des matchs européens. Une embellie qu'il doit désormais confirmer du côté de Turin, histoire de montrer que la grande Europe ne lui fait décidément plus peur.
10 mars 2010. 26e minute. Gonzalo Higuaín, lancé en profondeur, élimine Hugo Lloris d’un crochet précis. Le but est grand ouvert et, avec lui, une qualification du Real Madrid en quarts de finale de C1. La première depuis six ans pour la Maison-Blanche, qui n’arrive plus à intégrer le top huit européen depuis 2004. Mais la frappe de Pipita s’écrase sur le poteau. Bernabéu gronde. Le Real, après avoir perdu un à zéro face à Lyon au match aller, ne peut faire mieux que match nul à domicile et est éliminé de la C1. « Nous ne savons pas jouer les matchs importants » , déplore Guti à la fin de la rencontre. Et qui mieux qu’Higuaín, réputé pour son inefficacité chronique dans la plus grande compétition européenne, pour symboliser la fragilité mentale d’un Madrid en perdition dès que les enjeux s’élèvent ? Dès qu’il foule les pelouses européennes, Gonzalo n’est plus le même homme, comme ébloui par les étoiles du logo de la Ligue des champions : l’insatiable chasseur de buts se transforme alors en proie apeurée pour le premier Jean-Alain Boumsong ou Aly Cissokho venu. Quelques années plus tard, quand Gonzalo s’apprête à quitter Madrid pour Naples à l’été 2013, le constat reste identique : en C1, l’Argentin facture un total de huit buts en 48 matchs. Soit une moyenne de buts par match dans cette compétition nettement inférieure à celle de Marouane Chamack (31 matchs, 8 buts) ou de Peter Crouch (40 matchs, 18 buts). Une comparaison pas franchement flatteuse pour Pipita, qui affiche pourtant des statistiques purement affolantes en Liga (190 matchs, 107 buts).
L’embellie napolitaine
Higuaín débarque ainsi en Italie auréolé d’une réputation de redoutable matadordans les ligues nationales, mais qui, paradoxalement, doit encore faire ses preuves à l’échelon européen. Ce qu’il ne va pas tarder à faire. En cinq matchs disputés en C1 lors de sa première saison avec Naples, Higuaín frappe quatre fois, marquant notamment contre Dortmund et Arsenal. Naples achève la phase de poules avec douze points… mais termine troisième de son groupe. C’est la première fois dans l’histoire de la Ligue des champions qu’une équipe avec un total si élevé ne parvient pas à intégrer le top 16 européen. Qu’importe, libéré du poids de la concurrence et fer de lance de l’attaque napolitaine, Higuaín semble enfin s’affirmer lors des joutes continentales : « À Madrid, je devais constamment prouver quelque chose que j’avais déjà prouvé, mais tout cela est derrière moi » , déclarait-il ainsi en juillet 2013. La saison suivante, l’Argentin continue sur sa lancée. Si Naples se saborde lors des barrages de la Ligue des champions face à Bilbao, et ce, malgré un but d’Higuaín à l’aller, les Partenopeiatteignent les demi-finales de la Ligue Europa. Pipita, avec sept buts en treize matchs, s’affirme comme un acteur majeur du parcours européen des siens. Surtout, il met à genoux presque à lui seul Wolfsburg en quarts de finale. Les Allemands, épouvantail de l’édition 2014-2015 après leur qualification facile face à l’Inter en huitièmes de finale, doivent s’incliner face à un Higuaín de gala, qui ouvre le score avant de délivrer un caviar à Hamšík au match aller (1-4), puis d’offrir deux nouvelles passes laser qui permettent à ses coéquipiers de frapper deux fois au match retour(2-2).
Le patient argentin
Ce qui ne signifie pas non plus que Gonzalo est complètement débarrassé de sa phobie de la Coupe d’Europe. Au tour suivant, en demi-finales de C3, il trouve ainsi le moyen de gâcher un face-à-face en tirant en plein sur le gardien de Dnipropetrovsk, une occasion manquée qui coûte la finale aux Partenopei. Ses ratés successifs en finale de la Coupe du monde 2014, puis lors des Copa América 2015 et 2016, semblent également démontrer que la friabilité mentale de l’Argentin dans les grands rendez-vous est loin d’avoir totalement disparu. Si le patient Higuaín a donné des signes de rétablissement, il n’est donc pas encore totalement guéri. Cet été, Gonzalo a signé à la Juventus Turin pour 90 millions d’euros. Un club qui a clairement fait de la C1 son objectif prioritaire. Un club où il jouit d’un statut de titulaire indiscutable et où il semble bien parti pour devenir un des chouchous des tifosi, au vu de ses débuts tonitruants. Comme à Naples en somme. Ce soir, la Juve débute sa campagne de C1 face à Séville, vainqueur en titre de la Ligue Europa. Ce sera le premier match d’Higuaín avec le maillot de la Vieille Dame dans la compétition, mais on ne lui devine déjà qu’une obsession : marquer. Histoire, peut-être, de chasser une bonne fois pour toutes les démons qui l’habitent en Ligue des champions.
Par Adrien Candau