- Serie A
- J15
- Napoli-Juventus (0-1)
Gonzalo, bourreau du San Paolo
À Naples, tout le monde le déteste. Mais même exilé loin de la ville du Vésuve, où il avait battu le record de buts inscrits sur une saison de Serie A en 2015-2016, Gonzalo Higuaín n'a pas perdu ses bonnes vieilles habitudes. Et facture trois buts en trois matchs au San Paolo, depuis qu'il est passé sous les couleurs de l'ennemi turinois.
Gonzalo Higuaín n’y peut rien, sa carrière a quelque chose de paradoxal. Capable d’inscrire des wagons de buts en championnat, il peut aussi, parfois, se liquéfier en C1. D’une précision diabolique face au but lorsqu’il est en confiance, il lui arrive aussi de traverser de sombres périodes de disette sans trouver le chemin des filets. Mais depuis son transfert à la Juve, dès que son chemin croise celui du Napoli, l’Argentin est d’une implacable régularité. Et n’est jamais en manque de certitudes à l’heure de retrouver son ex.
Le cauchemar de De Laurentiis
L’ancien buteur du Real en a fait une nouvelle démonstration ce vendredi. En plantant une banderille dès la treizième minute, il a participé à éteindre l’élan du Napoli, qui avait auparavant débuté la rencontre à deux cents à l’heure. Un pion exemplaire, tant dans sa construction que dans sa finition. Bien lancé par une passe maligne de Costa, Dybala s’est offert une remontée de balle éclair, avant de servir Pipita sur un plateau. Higuaín a ensuite achevé le travail d’un contrôle orienté, suivi d’un plat du pied sécurité. Un geste serein et létal, à l’image de la performance turinoise face au Napoli, alors que les Bianconeri ont, dans l’ensemble, maîtrisé tactiquement une rencontre pourtant compliquée sur le papier. Un match où Higuaín ne s’est pas contenté de planter son troisième pion en autant de matchs au San Paolo (qui est aussi son cinquième en cinq rencontres contre Naples) depuis qu’il évolue dans le Piémont. Sérieux dans le replacement défensif, très affûté physiquement, il a remporté près de la moitié de ses duels (quatre sur dix) et affiché une belle complicité avec Dybala et Douglas Costa en première période. Avant de se faire logiquement plus discret dans le second acte, la Vieille Dame ayant décidé de procéder en contre, sans se découvrir défensivement. Une prestation complète, qui permet à Higuain de prendre pour une énième fois sa revanche sur son ancien président Aurelio de Laurentiis, qu’il estime responsable de son départ du Napoli : « Je remercie mes partenaires et les tifosi de Naples, mais pas De Laurentiis. Le problème, c’est que je n’avais plus aucun rapport avec lui. Le problème, c’est que je ne voulais plus être avec lui. »
De la cave au jardin
Sûrement de quoi rassurer Massimiliano Allegri et faire taire les sceptiques qui ont allègrement ciblé l’attaquant argentin lors de son début de saison poussif avec les Bianconeri. Souvent hors sujet et surtout hors de forme, Higuaín avait dû encaisser son lot de critiques au début de l’exercice 2016-2017. Fabrizio Ravanelli l’avait notamment visé fin septembre, estimant qu’un petit tour sur le banc ne ferait pas de mal au natif de Brest : « Il n’est pas en condition de jouer. En continuant à faire jouer Higuaín, Allegri ne lui fait pas du bien… Actuellement, Gonzalo est un vrai poids pour la Juventus. » Allegri avait d’ailleurs scotché Pipita sur le banc face au Torino en Serie A et l’Olympiakos en C1 les 20 et 23 septembre. Quand d’autres auraient pu râler en interne ou dans les médias, Higuaín la boucle. Lors de ces deux rencontres, il est exemplaire de combativité quand il entre en jeu, et plante même une banderille décisive face au club grec, alors que la Juve peinait à trouver la faille. Allegri apprécie et demande plus à son buteur : « L’autre jour, il est entré contre l’Olympiakos avec une attitude différente, mais c’est l’attitude qu’il doit avoir tout au long de la saison et dans chaque match. » Message reçu. Plus impliqué, plus mobile, Higuaín s’est remis à cartonner les défenses en plantant six buts en Serie A depuis fin octobre, tout en pesant de plus en plus sur le jeu des siens. Le tout sans, bien sûr, oublier de prendre son petit plaisir syndical face au Napoli. Car s’il est parfois inconstant, dilettante et ventripotent, Gonzalo est toujours à l’heure pour retrouver son ex.
Résultats et classement de Serie A Retrouvez toute l’actualité de la Serie APar Adrien Candau