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Gonçalo Souza : « Le Portugal a de grandes chances d’aller au bout »
Lorsqu’il ne phosphore pas sur l’économie européenne, Gonçalo Souza s’intéresse au ballon. Universitaire, économiste et haut fonctionnaire portugais, il est l’auteur d’un pavé choc au titre racoleur : « Pourquoi il ne faut pas gagner l’Euro 2012 ? » (inédit en France) ou comment l’économie influe sur le football. Alors, illuminé ou visionnaire ? Eléments de réponse.
L’idée centrale du livre est que l’Euro porte malheur aux pays qui l’emportent. N’est-ce pas un peu court ?Vous voulez plutôt dire que le postulat de départ est simple ? La Grèce a remporté le tournoi en 2004 et l’Espagne en 2008. Lire un palmarès n’est pas bien compliqué. A la lumière des deux dernières éditions et des indicateurs économiques, j’ai tenté de créer un algorithme. A partir de là, je suis presque certain de pouvoir dresser un portrait robot du prochain vainqueur.
Qu’avez-vous à répondre aux critiques concernant la fiabilité de vos thèses. Notamment ceux qui vous reprochent de ne pas prendre en compte l’ensemble du palmarès.Je leur dirais simplement qu’il y a eu plusieurs soubresauts économiques. Le monde n’est plus celui du temps de Michel Platini.
Selon vous, la situation économique est donc plus importante que les forces en présence sur le terrain ?Ecoutez, en 2004 personne ne misait sur la Grèce et pourtant… En 2008, les choses étaient différentes me diriez vous. Je persiste pourtant à croire qu’il y a d’autres facteurs que le terrain à prendre en compte. Par exemple, les liens avec la croissance, le taux d’endettement, le PIB ou le déficit des balances commerciales sont évidents. Mes recherches le prouvent.
A ce petit jeu là, l’Allemagne n’a aucune chance…Effectivement. Je sais qu’en écrivant cela je vais à contre-courant des amoureux du football et que je risque de me fâcher avec mes amis allemands. D’après mes conclusions, la situation allemande est trop favorable pour que la Mannschaft l’emporte tandis que – toujours selon moi – la France, le Portugal, l’Italie et l’Irlande sont les plus sérieux candidats au titre.
C’est presque une malédiction cet Euro. C’est malheur au vainqueur en quelque sorte ?Je l’envisage sous cet angle. D’ailleurs j’espérais au plus profond de moi-même que le Portugal ne se qualifie pas en barrages. Que voulez-vous… Le moins que l’on puisse dire, c’est que le sort de la Grèce et de l’Espagne sont peu enviables bien que les germes étaient déjà là. A mes yeux, l’Euro n’est qu’un révélateur des difficultés et des secousses économiques à venir.
Pour finir, un pronostic ?Bon, disons que l’Irlande ferait un parfait vainqueur : un pays en sursis avec à sa tête un italien [Trapattoni]… Plus sérieusement, le Portugal a de grandes chances d’aller au bout. Pourquoi pas contre l’Allemagne en finale ? Cela serait une nouvelle revanche symbolique des PIGS [acronyme désignant Portugal, Italie, Grèce et Espagne] sur l’Europe du nord. Mais au prix d’une nouvelle cure d’austérité et d’un contrecoup économique, cela en vaut-il la peine ?
Propos recueillis par Adrien Ares