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Gomis, le Cavani du pauvre ?

Par Florian Cadu
4 minutes
Gomis, le Cavani du pauvre ?

Il rate des occasions, il bouffe la feuille, il est maladroit... mais il marque, il fait gagner son équipe et fait preuve d’une détermination sans faille. Sans compter que contrairement au Parisien, Bafétimbi Gomis joue aussi le rôle de patron du vestiaire. Et si on stoppait les moqueries ?

Et la panthère finit par rugir, après 53 longues minutes. Un cri franc, des coups de griffes sincères et une joie qu’elle tient à partager. Avec ses partenaires, avec les supporters. Avec ses détracteurs, aussi. Il s’en fout, Bafé. Les mauvaises langues diront qu’il lui aura fallu un penalty pour la mettre au fond. C’est vrai. Mais dans ce cas-là, les plus honnêtes ajouteront que ce coup de pied de réparation, c’est aussi Bafétimbi Gomis qui l’a provoqué. Qui est allé le chercher à la sueur de son front. Une juste récompense pour tous ses efforts fournis pendant 90 minutes.

Comme son confrère Edinson Cavani, Gomis est sans cesse raillé pour son côté maladroit, son déficit technique et ses hors-cadres inimaginables. Face au FC Nantes, l’attaquant a encore beaucoup loupé. À la dixième minute par exemple, et cette reprise en première intention déviée par Rémy Riou qui aurait pu être mieux placée. Ou cet immanquable à la 37e, que l’avant-centre balance à côté alors que le portier est déjà dans les choux. Ou cette tête juste après la pause, que l’ancien de Swansea envoie en tribune alors qu’il est totalement seul au point de penalty. Ou encore cette tentative dans le vent, un peu plus tard.

Qui ne tente rien n’a rien

« Il y a un petit peu de regrets dans cette occasion manquée en première mi-temps, a-t-il commenté face à la presse après la rencontre. J’ai voulu être agressif, mais j’ai été un peu trop gourmand en voulant la mettre hors de portée du gardien. » Bah oui, mais comme dit Cavani dans le numéro 139 de So Foot, « celui qui ne tire pas ne rate pas ! C’est comme ça dans la vie : on voit toujours le négatif, jamais le positif » . Car comme le Parisien, Bafé tente, Bafé attaque, Bafé dérange l’adversaire. Comme le Parisien, Bafé, toujours bien placé, toujours disponible, se procure de nombreuses occasions, avec l’aide de ses coéquipiers… ou sans. Comme l’Uruguayen, Bafé ne lâche jamais rien, s’obstine, court sans cesse, montre l’exemple en réclamant le ballon, en redescendant défendre à chaque fois que cela s’impose.

Contre les Canaris, on l’a ainsi vu dégager plusieurs ballons, notamment sur les corners défensifs. On l’a vu frapper (six tirs essayés), décrocher, remiser (45 ballons touchés), aller au duel (neuf gagnés sur vingt). Sans se plaindre, évidemment. Surtout, comme le Matador, Bafé fait gagner son équipe. Sur un penalty, certes, mais que le Monsieur ne doit qu’à son abnégation et ses dribbles. Résultat : Gomis est non seulement buteur, mais aussi passeur décisif sur l’égalisation de Clinton Njie. Au classement des buteurs de Ligue 1, il est désormais quatrième, avec cinq pions en sept parties, soit un ratio de 0,71 but par match. Juste derrière les six caramels de Cavani et son ratio d’un but par match.

Taille patron

La différence entre les deux hommes, au-delà du talent intrinsèque et de leur carrière respective, se trouve dans leur place dans le vestiaire. Alors que le Sud-Américain est loin de ressembler à un taulier dans le groupe du Paris Saint-Germain, Gomis semble s’être métamorphosé. Depuis qu’il joue avec le maillot phocéen sur le dos, l’ancien Lyonnais a enfilé le costume du patron de vestiaire. Celui qui motive, celui qui applaudit, celui qui encourage. Un trait de caractère que personne n’avait observé à Saint-Étienne, à l’OL et encore moins à Swansea.

Auparavant, il restait dans la peau du joueur discret, qui se contente de faire son job sur le terrain. Désormais, la Panthère a pris de l’âge et estime qu’elle peut apporter bien plus de ce côté-là. Alors, quand Florian Thauvin lui fait savoir qu’il sent bien le penalty, Bafétimbi ne veut rien entendre et fait rapidement comprendre à son collègue que cette occasion appartient au chef. Histoire de montrer qui est le boss, et qui il faut suivre. « Compte tenu de mon nombre de buts et de matchs dans ce dur championnat qu’est la Ligue 1, je me devais d’assumer mes responsabilités, a-t-il d’ailleurs confirmé après la victoire.Florian voulait aussi marquer ce but qui aurait pu lui faire du bien, mais c’était moi qui étais nommé. J’ai voulu assumer mes responsabilités. » Et en profiter pour se muer en félin. Une fois de plus.

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Par Florian Cadu

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