ACTU MERCATO
Gomis et le président, par Vikash Dhorasoo
Malgré une troisième place, qualificative pour les préliminaires de la Ligue des champions, acquises aux forceps la saison dernière, l'Olympique lyonnais passe un été mouvementé. Au cœur des embrouilles : la situation de Bafetimbi Gomis. Poussé vers la sortie, l'ancien Stéphanois se verrait bien rester une saison de plus. Et ça, forcément, ça ne doit pas plaire au patron…
NB : Le dialogue qui suit est une fiction, toute ressemblance avec des faits réels et avérés ne serait que pure coïncidence.
« Allo Président, c’est Bernard ! Président, j’ai une mauvaise nouvelle, Gomis, le mec tout lent, là, ne veut toujours pas aller au Pays de Galles. C’est pourtant génial, le Pays de Galles. Le vert, les moutons, Laudrup comme coach. Ça va lui changer de l’autre nullos qui lui a dit que Lisandro voulait jouer seul en pointe.
– Bernard, je veux rien savoir ! Il n’a pas voulu prolonger aux mêmes conditions, alors tu te débrouilles pour me le faire partir. Il paraît qu’on ne le respecte pas avec notre proposition ? Il est encore jeune, international, et dans un an, il est libre. C’est la cata, faut le vendre tout de suite. Tu as eu son agent ? Il en pense quoi ?
– L’agent est injoignable. Il est du côté de son joueur cette fois. Je comprends plus rien au foot d’aujourd’hui, Président. Moi, à mon époque, on n’avait même pas d’agent et on était presque liés à vie à notre club. Partir à l’étranger, c’était un rêve. Platoche a été l’un des premiers à se casser à la Juve. Y a bien eu Didier Six, mais après avoir raté son péno contre l’Allemagne, plus personne ne lui parlait…
– Bernard, on s’en fout de ta nostalgie. Gigi, Jaennot, Platoche, oublie. Là, je te parle pognon, pépettes, flouze. Tu comprends ça ? Pour une fois qu’on a un joueur de foot qui réfléchit, bah celui-là, il réfléchit un peu trop à mon goût. Il va nous mettre les Prud’hommes au cul si ça continue. C’est le monde à l’envers. D’habitude, il veulent tous se casser de mon club et là, lui, il veut rester. Bon, c’est vrai, avant c’était pour aller à Chelsea, à la Juve ou à Barcelone, mais au moins, c’était clair. On achetait en France et on vendait aux riches en Europe !
– Président, on se croirait dansCoup de Têteavec Patrick Dewaere qui ne veut pas sortir de prison pour jouer en Coupe de France…
– Mouais, personnellement je préfère « The Wolf », le nettoyeur dansPulp Fiction, de Tarantino… Bref, Bernard, on est en 2013, là. Y a Internet, Twitter, Facebook… Ça va être dur de le contrôler. Va falloir être rusés.
– Ok Président ! J’en parle au directeur sportif !
– Quel directeur sportif ? Je fais tout moi-même dans ce club. T’imagines : le Bafé revient du Brésil, et toi, tu veux me le caser à Swansea… Tu n’as qu’à me l’envoyer chez Louvel au Havre pendant que tu y es !!!
– Président, il lui reste une année de contrat. Les clubs ne se précipitent pas. L’année prochaine, il sera libre et ils le savent.
– C’est pas mon problème ! Je te promets, Bernard : s’il ne part pas, on va lui pourrir la vie !
– Oui, Président ! Coup de fil anonyme, chantage, pneus crevés…
– Mais non ! Tu comprends rien du tout. Une saison à alterner banc de touche et tribunes. En CFA, hein. Tu vas voir qu’à la fin, c’est lui qui va nous payer pour partir à la trêve.
– Oui, oui, Président, j’aime ça. On va lui pourrir la vie !
– Sinon, on a un autre problème, Bernard. Et je crois que tu peux gérer. Y a Philippe Piat qui commence à s’énerver. L’UNFP, en fait, c’est un vrai syndicat ! Je croyais que L’UNFP, ça servait seulement à organiser les Oscars du foot et redistribuer les images Panini. Piat, il veut carrément porter plainte. Nanard, faut se bouger ! Ils sont en train de bousiller notre business.
– Président, je crois que Gomis va aller au bout de son contrat. Ça fait quelques millions foutus en l’air. Et rien pour nous, nada !
– Bernard, c’est impossible. D’habitude, quand un joueur part libre de Lyon, c’est parce que je l’ai décidé, parce qu’il est vieux et qu’il n’a plus de valeur marchande. Je te préviens, Bernard, si ça arrive, Garde, Maurice et toi, vous finirez à la plonge chez Bocuse… Regarde : même Nicollin, il a réussi à refourguer Belhanda à Kiev. Manquerait plus qu’il rachète sa dernière année de contrat et qu’il se casse sans rien dire. Tiens, à tout hasard, vérifie dans le droit du travail s’il peut, ça… C’est le moment d’appeler ton ami Platoche, qu’il nous règle ça, sinon on lui bousille son Euro 2016…
– Président, si je peux me permettre, je crois que Platoche est un peu du côté des joueurs de foot sur cette affaire. C’est une autre époque. Les joueurs de foot ont des droits et ils ont le droit de les faire valoir. On leur propose de prolonger, ils refusent. Si un joueur veut partir, on est obligés de laisser filer. S’il veut rester, on doit céder. Président, si je peux me permettre, cette fois, j’ai l’impression qu’on va l’avoir dans l’os. Vous voulez toujours qu’on recrute un attaquant ?
– Bah, on n’a qu’à recruter « The Wolf »… »
Sur une idée originale de Vikash Dhorasoo