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Gómez et Khedira, les infiltrés allemands
Titulaires contre la Nazionale, Gómez et Khedira vont pouvoir se servir de leur passage respectif en Serie A pour faire mal à leur adversaire. Chacun dans leur style et avec force mentale.
Été 2013. Mario Gómez vient de remporter un triplé championnat-coupe-C1 avec Munich lorsque l’attaquant signe pour la Fiorentina. C’est là que la mission planifiée par les dirigeants de la Nationalmannschaftdémarre. Terriblement frustrée de ne pas parvenir à gagner contre les Azzurridans un tournoi majeur – ces derniers les ayant toujours éliminés, la dernière fois en demi-finale de l’Euro 2012 –, la sélection allemande réfléchit à un plan diabolique destiné à briser la malédiction. C’est donc Gómez qui est envoyé en Serie A pour récolter les informations essentielles au jeu italien.
Pas retenu pour le Mondial 2014 puisque sa tâche n’était pas terminée, Mario voit les siens jouir d’une chance inouïe pendant la compétition en évitant leur bête noire, ce qui leur permet d’aller au bout. Un peu plus tard, Sami Khedira prend le relais pour la deuxième partie de la mission en ralliant Turin. Une mission dont on va enfin observer les résultats lors de ce quart de finale d’Euro 2016, opposant la sélection des deux infiltrés à leur éphémère pays d’adoption. On en rit, mais les passages des deux joueurs en Italie pourraient bien faire du mal à la Nazionale. Car s’ils n’ont pas totalement cassé la baraque là-bas, ils y ont en revanche appris pas mal de choses, aussi bien sur le plan tactique que mental.
Mario a trouvé le champignon magique
Mario Gómez, d’abord. Sa pige à la Fiorentina fut un intense mélange de contradictions, combinant à la fois rares moment de bonheur et longues périodes de tristesse. Tout débute avec un doublé dès septembre 2013. Malheureusement, le grand bonhomme se blesse gravement quelques jours plus tard. Une longue traversée du désert, qui le verra revenir le temps d’un caramel en Ligue Europa avant de se faire les croisés. Fin de saison. Qu’a-t-il fait durant tout ce temps ? Bah il a appris la langue locale. « Tout le monde me félicite pour mon italien, dévoile-t-il dès novembre. Je voudrais que tôt ou tard, on me complimente pour ce que je fais sur le terrain… » Toujours est-il que cela pourrait servir à Bordeaux quand il faudra décrypter la communication de la redoutable défense Barzagli-Bonucci-Chiellini dans laquelle il va être coincé, ou sur les corners défensifs.
Bref, après une année noire, Gómez reprend la saison 2014-2015 en tant… que capitaine. Preuve que le buteur s’est quand même bien acclimaté à la Botte. « Les tifosi florentins sont incroyables. Florence me plaît également pour cela, s’emballe-t-il. Je n’ose même pas imaginer l’ambiance si on gagnait quelque chose. J’aimerais vraiment voir ça. » Mais malgré quelques buts, Gómez n’en aura jamais la chance. Ses prestations comme celles de l’équipe sont en demi-teinte et l’avant-centre décide de prendre un nouveau départ en Turquie. Un échec ? Peut-être. Mais cette tranche de vie italienne, dans laquelle il a dû apprendre la patience et subir une certaine souffrance l’a sans aucun doute rendu meilleur dans la tête. Au vrai, si Gómez a serré les dents pour revenir si fort en sélection, c’est en partie grâce à son vécu florentin qui l’a forgé psychologiquement. Aujourd’hui, Gómez est incassable. Il peut bien foirer deux occasions contre l’Italie, il concrétisera la troisième. Il ne faudrait pas non plus oublier que Super Mario a travaillé sous les ordres d’un certain Vincenzo Montella, qui lui a certainement filé quelques bons filons pour surprendre une défense italienne.
L’Oncle Sam, un traître ?
Sami Khedira, maintenant. Lui aussi a sérieusement galéré avec les pépins physiques. Au bout du rouleau au Real (24 rencontres de championnat seulement durant les deux dernières années), le milieu de terrain n’a jamais semblé retrouver sa condition à la Juve, qu’il a rejoint en juillet 2015. Vingt matchs disputés et cinq blessures plus tard, le voilà titulaire dans l’entrejeu allemand. Alors, que peut-il apporter de spécial à sa teamcontre l’Italie ? Tout simplement sa connaissance de l’équipe adverse, et plus précisément de sa base défensive. Car s’il y a bien une personne capable de délivrer les défauts de la muraille bleue, c’est bien lui.
En effet, la Nazionale se repose essentiellement sur son quator turinois Buffon-Barzagli-Bonucci-Chiellini, que Sami a vu chaque jour à l’entraînement depuis près d’un an. Le principal intéressé le sait parfaitement, comme en témoignent ses propos récents en conférence de presse – « un quator de classe mondiale mais qui a des faiblesses » . Joachim Löw ne s’y est pas trompé non plus : « Sami peut me transmettre des informations importantes. Il a fréquenté les joueurs au quotidien et sait comment ils se comportent sous la pression. » Deux espions aux deux coins du terrain, voilà donc la principale arme allemande. Mise au point depuis plus longtemps qu’on ne le croit ?
Par Florian Cadu