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Godín, rugueux mais pas que

Par Robin Delorme
4 minutes
Godín, rugueux mais pas que

Beaucoup ne voient en lui qu'un bourrin, mais Diego Godín n’en reste pas moins l’un des meilleurs défenseurs du Vieux Continent. Pis, le roc de l’Atlético est sans doute un mec sous-coté.

Alors comme ça, Diego Godín serait un de ces vulgaires défenseurs laborieux qui ne doit son salut qu’à sa grinta. Dur sur l’homme, comme on dit. Bon ok, le central de la Céleste n’est pas un poète, ne rechigne pas à aller au combat et n’a pas la classe d’un Maldini. Sur le pré, sa dégaine se rapproche même plus d’un Puyol. À l’instar de la plus belle chevelure de Catalogne, le natif de Rosario – pas celui d’Argentine, mais d’Uruguay, hein – n’est pourtant pas le gars le plus emmerdé avec la chique entre les pieds. En atteste d’ailleurs sa passe décisive hallucinante pour son comparse Falcao lors de la récente victoire des Colchoneros face à Bilbao : sur un centre millimétré, alors que le garçon a les quatre fers en l’air, il dépose un caviar à un Tigre qui n’a plus qu’à reprendre acrobatiquement. Diego Roberto Godín Leal, de son patronyme complet, cache bien son jeu.
Un homme pressé
Avec sa carrure atypique et son allure de vieux de la veille, le garçon n’affiche pourtant que 26 piges au compteur. Un trompe-l’œil pas si étonnant que ça, puisque le mètre quatre-vingt-cinq de l’Uruguayen trimbale sa grande carcasse sur les prés depuis son dix-septième anniversaire. Au Club Atlético Cerro, Diego fait ses armes en attaque. Cette anomalie tactique sera vite réglée puisqu’il se voit, à peine une saison plus tard, confier les clés de la défense des Villeros. De bonnes performances s’ensuivent, et le plus huppé Club Nacional de Football lui ouvre ses portes. Ce même millésime 2006/2007, Godín se la joue pressé : sitôt le brassard confié et des performances majuscules en Copa Libertadores, il ne peut refuser les avances des anciens conquistadors ibériques. À la rentrée des classes, Diego Godín se retrouve donc avec un uniforme tout jaune, celui de Villarreal. En débarquant dans la banlieue de Valence, l’international de la Céleste a la lourde tâche de faire oublier le grand Roberto Ayala, parti sous les cieux de Saragosse. Un challenge remporté haut la main.
Au milieu du sous-marin jaune, il empile les coups d’envoi et fait son trou pour devenir un indéboulonnable de la sélection de Tabárez. Lors du Mondial sud-africain, il forme avec son capitaine Lugano une charnière des plus hermétiques. Une médaille en chocolat plus tard, un autre Atlético, celui de Madrid, lui fait les yeux doux. Contre un chèque compris entre huit et dix millions d’euros et un contrat de cinq ans, Diego Godín décharge ses affaires dans la capitale espagnole. Son premier frisson avec la liquette rojiblanca ne va pas se faire attendre. Le 27 août 2010, face au vainqueur de la dernière Ligue des champions, il soulève son premier trophée – hormis une Liguilla Pre-Libertadores en 2007. Une Supercoupe d’Europe, tiens, qu’il s’en va à nouveau reconquérir ce vendredi soir à Monaco. L’occasion, une nouvelle fois, de se montrer aux yeux de quelques grasses écuries…
La perfide Albion ou rien
Sitôt sous la camiseta de l’Atlético, son numéro 2 s’impose comme le patron de l’arrière-garde des Colchoneros. Ses acolytes ne cessent de s’interchanger, lui reste. Entre les deux périodes estivales de 2010 et 2012, Diego Godín enchaîne 71 matchs. Il n’en fallait pas plus pour que le gratin anglais s’intéresse à lui. Après sa première saison sous les rayures rouges et blanches, c’est ce même Chelsea qui balance 15 millions de livres pour l’enrôler. Conscient de l’apport de son big boss défensif, le board madrilène met son véto. De son côté, le joueur continue à bosser. Après un exercice dernier terminé en apothéose par un triomphe en Europa League, les cadors de la perfide Albion reprennent leur travail de sape. Pas peu fier de ses « deux années spectaculaires avec l’Atlético » , Godín n’écarte pas de quitter le royaume de Carlos pour rejoindre celui de Charles « en cas de très bonne offre » . À ce petit jeu, c’est le Manchester City de Mancini qui aurait fait la plus belle proposition. Après moulte réflexion, Simeone le convint de rester une pige supplémentaire au bercail. Enfin, c’est surtout la direction du fanion qu’il a fallu persuader : l’Atlético est à la dèche et doit dégraisser.
Finalement, et pour le plus grand bonheur des aficionados madrilènes, Diego reste à quai. Et ce vendredi, face à un Chelsea rénové, l’Uruguayen aura la lourde tâche de s’occuper de l’ex petit prince de son Atlético, Fernando Torres. Pour légion de défenseurs, ce combat aurait tout du fardeau. Pas pour Godín qui aime se frotter à ce qui se fait de mieux. Ce face to face devrait d’ailleurs décider du vainqueur. De l’autre côté du rectangle vert, Falcao sera, lui, gardé de près par David Luiz. À savoir laquelle de ces deux doublettes est la meilleure, difficile de donner un avis tranché. Si ce n’est que ce loubard de Diego Godín se verra enfin attribuer une visibilité à la hauteur de son talent.

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Par Robin Delorme

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