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Godín-Miranda, les deux font la paire
Et le meilleur buteur de l'Atlético en ce début de saison est... Miranda. Défenseur ô combien sous-estimé, le Brésilien forme avec Godín la charnière centrale la plus performante d'Europe. Deux larrons qui sont les anges gardiens des Matelassiers.
Le samedi 7 janvier 2012, la Rosaleda de Málaga accueille l’Atlético de Madrid. Englués dans le ventre mou de Liga, les Colchoneros ne ravissent personne, les supporters merengues mis à part. Diego Simeone, fraîchement intronisé entraîneur des Rojiblancos, dégaine sa première composition d’équipe. Un 4-5-1 défensif qui accouche d’un score nul et vierge : les fondations du bloc compact que deviendra l’Atlético sont déjà bien présentes. Dans l’axe de sa défense, le Cholo aligne un duo sud-américain jusque-là quelconque. Godín, le plus huppé du binôme suite à un bon Mondial 2010, et Miranda, brésilien anonyme au pays et ancien Lionceau sochalien, ne quitteront depuis plus son onze. Plus encore que Gabi et Koke, les deux centraux sont les étendards de cet Atlético qui ne se fait plus dessus. Un Atlético de cojones, de robustesse et d’intelligence, symbolisé par cette paire axiale qui est peut-être la meilleure actuellement sur le Vieux Continent. Sans fioriture ni chichi, les deux comparses se complètent et s’échangent les lauriers de sauveurs. Attention, mâles dominants.
Quand Miranda change le cours de l’histoire…
Une calvitie et un chauve. Jouer à l’Atlético de Madrid n’a rien à voir avec un concours de beauté. Avec respectivement des dégaines de croque-mort et de danseur de capoeira, Godín et Miranda sont pourtant les joyaux de la couronne rojiblanca. Arrivé de Villarreal à l’été 2010 contre 10 millions d’euros, le désormais capitaine de la Céleste est le premier des deux à découvrir le Vicente-Calderón. Après des débuts en fanfare – super-champion d’Europe dès son premier match, il déchante rapidement. La faute à un club aussi stable qu’une plaque tectonique nippone. Un an plus tard, Miranda, en provenance de São Paulo, le rejoint. Ses débuts se calquent sur la lose légendaire du club des bords du Manzanares : 77 minutes de jeu et une première expulsion en Europa League. En pleine débâcle, la direction des Matelassiers s’attache alors les services de Diego Simeone. Sa priorité est de former un bloc compact, imperméable et dur sur l’homme. Mais pas que. « Les deux sont très bons dans le jeu aérien et se complètent parfaitement, juge pour El Pais Luiz Pereira, mythe du Calderón.Godín a peut-être un meilleur placement pour couper et Miranda est plus rapide. »
Depuis 1996 et la saison du doublé, l’Atlético n’avait pas connu telle solidité défensive. La charnière Santi-Solozabal était sans successeur, la passivité défensive une constante du Calderón. En enchaînant tous les matchs, les deux larrons gagnent en expérience et en affinités. Jamais devant les projecteurs, toujours dans l’ombre, ils travaillent. Très bien même. Et ce, jusqu’au 17 mai 2013. Au Santiago-Bernabéu, face à l’ennemi juré du Real, pour la finale de la Copa del Rey, le natif de Paranávai envoie au paradis les hinchas du Sud de la capitale. Au cœur d’une prolongation étouffante, la meilleure des publicités pour défibrillateurs, il claque un coup de tête au premier poteau sur un corner de Koke. 2-1 pour l’Atlético et la fin de 14 années de disette face aux Merengues. Une éternité prend fin. En zone mixte de l’antre madridista, la nouvelle idole des Colchoneros expliquera simplement que « je voulais gagner ce match pour tous les enfants qui riaient de mon fils en classe parce qu’il est de l’Atlético. » Et ouais, un homme heureux, c’est beau. Un papa-gâteau encore plus.
Koke : « Ils marquent beaucoup, c’est étrange, non ? »
Le lien entre la paire défensive et les buts décisifs devient alors charnel. Plus que de simples (très bons) défenseurs, Miranda comme Godín feraient passer Sergio Ramos et son égalisation lors de la dernière finale de Ligue des champions pour des débutants. Du tac au tac, l’Uruguayen répond à son comparse par des banderilles ô combien décisives. En fin de saison passée, il offre d’un coup de tête fabuleux la Liga à l’Atlético sur la pelouse et au nez du Barça. Une semaine plus tard, il pense tutoyer les dieux du ballon rond en donnant l’avantage aux siens lors du derbi madrileño le plus épique de l’histoire. Au total, le Brésilien a inscrit 13 buts alors qu’il entame sa quatrième saison, soit deux de moins que Diego Godín qui en est au début de son cinquième exercice. « C’est sans doute l’une des meilleures paires d’Europe, nous livre leur partenaire Koke. Cela fait déjà quelques saisons qu’ils sont alignés ensemble, ils se connaissent par cœur. Si nous encaissons si peu de buts, ils y sont pour quelque chose. Les latéraux, les milieux aident également beaucoup. C’est un tout, nous formons un bloc. Et ils marquent beaucoup, c’est vrai. C’est étrange, hein. Ils sont défenseurs, mais marquent plus que moi. Mais à l’entraînement, ils sont plus tranquilles, ils se préservent pour les matchs (rires). » Malgré l’insistance des plus grands fanions européens, l’Atlético a réussi à les conserver cet été. Car plus que de bons centraux, ils sont les véritables porte-bonheur du Vicente-Calderón.
Par Robin Delorme, à Madrid