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God Save Dany !

Par Romain Duchâteau
God Save Dany !

Décisif lors de son entrée en jeu face au pays de Galles, Daniel Sturridge est venu rappeler une évidence : il est le meilleur attaquant des Three Lions.

Même dans la touffeur d’un stade Bollaert incandescent, même dans la foulée d’un coup de patte salvateur qui a fait exulter un peuple paré de blanc et rouge, sa chorégraphie a été respectée à la lettre. Les gestes de Daniel Sturridge sont ciselés, millimétrés, inlassablement répétés. Alors qu’il vient d’offrir sur le fil la première victoire de l’Angleterre à l’Euro 2016 face à une vaillante équipe du pays de Galles (2-1), l’attaquant esquisse les quelques pas de danse de « Wacky Dip » qui ont fait sa marque de fabrique. C’est le même rituel, la même célébration mécaniquement interprétée depuis toujours. Sauf que ce 16 juin 2016, elle prend une saveur particulière. Au-delà d’être entré en jeu et d’avoir fait la différence, le Red retrouve le chemin des filets après deux ans de disette et un dernier but inscrit au Mondial 2014. « C’est une sensation incroyable, s’est-il réjoui au sortir du succès arraché. Je suis reconnaissant à l’entraîneur de m’avoir donné ma chance et à Dieu de m’avoir permis de marquer. C’est un match de plus pour l’équipe, donc personne ne veut être trop excité, mais l’atmosphère est incroyable. C’est génial de pouvoir aider les gars à gagner. Mon frère, mon cousin ont voyagé jusqu’ici, je suis ravi qu’ils puissent profiter de cette expérience. » En espérant faire prolonger le plaisir jusqu’au dimanche 10 juillet.

Blessures et remises en question

Voir Daniel Sturridge marquer n’est pas encore devenu évident pour tous. Et cela n’a échappé à personne outre-Manche. Pourtant, les chiffres laissent entendre en premier lieu que l’enfant de Birmingham s’est imposé comme une référence à son poste depuis son arrivée à Liverpool en 2013. Les chaussettes constamment baissées et le pied gauche soyeux, il facture des statistiques à faire pâlir plus d’un attaquant en deux saisons et demie disputées sous la tunique des Reds (44 pions en 69 apparitions de Premier League, soit un ratio de 0,63 but par rencontre comme Fernando Torres lors de son passage au club liverpuldien). Alors, pourquoi, à vingt-six ans, Dany ne parvient-il toujours à faire l’unanimité sur son cas ? La réponse tient sans doute à un physique fragile et chancelant. Après un exercice 2014-2015 où son corps n’a eu de cesse de siffler (18 apparitions toutes compétitions confondues), sa dernière campagne a une nouvelle fois été grandement contrariée par les blessures. Quand ce n’était pas sa hanche, c’est son genou ou les ischio-jambiers qui l’ont contraint à rester sur le flanc. Le premier à en avoir directement pâti, c’est Jürgen Klopp. Par conséquent, le manager allemand s’est adonné à préserver du mieux qu’il pouvait le corps de l’attaquant britannique cette saison (14 apparitions).

« Si vous pensez que je peux le faire jouer de la première à la dernière minute, alors ok. Oui, il est dans une bonne forme, je le sais. Mais, la meilleure chose à faire pour lui, pour nous et aussi pour la sélection anglaise, c’est de faire en sorte qu’il le reste, expliquait l’ancien boss de Dortmund en avril dernier. Après une aussi longue absence, on ne peut le traiter comme une orange en pressant à fond dès le début pour qu’ensuite il n’ait plus du tout de jus. » Le joueur ayant passé plus de temps à l’infirmerie que sur les prés les deux dernières années, d’aucuns se sont élevés pour insinuer que son hygiène de vie serait peut-être en partie responsable de ces blessures à répétition. Des critiques auxquelles l’ex-Citizen et Blue a répondu sèchement dans les colonnes du Daily Mail il y a trois mois : « 95% des gens qui disent des choses sur moi ne me connaissent pas. Même des joueurs qui ont joué à mes côtés ne me connaissent pas, parce que coéquipier ne rime pas forcément avec ami. Ça ne veut pas dire qu’on se parle en dehors. Ceux qui me connaissent savent parfaitement que je suis actuellement l’un des joueurs les plus ambitieux. Vous pensez vraiment que je veux être là, à toucher mon salaire sans rien faire, me tourner les pouces alors que je veux être joueur professionnel depuis aussi longtemps que je me souvienne ? Je ne suis pas en vacances, je ne sors pas en boîte. Je vis seul, mes amis sont dans le Sud, je suis ici pour travailler. Je ne suis pas à Liverpool pour m’amuser. Ceux qui remettent ça en question sont irrespectueux. » Parce que si sa fragilité peut agacer, son efficacité, elle, ne souffre aucune contestation.

« Peu d’attaquants peuvent faire ce qu’il sait faire »

Malgré peu d’apparitions tout au long de la saison, le bonhomme a tout de même pris le temps de claquer 13 buts toutes compétitions confondues. Dont un décisif en demi-finale retour de C3 face à Villarreal (3-0) et un autre – une merveille d’extérieur du pied gauche – lors la finale perdue contre Séville (1-3). Une fin d’exercice tonitruante qui a définitivement convaincu Roy Hodgson de l’emmener à l’Euro alors que certaines voix murmuraient que la promesse de Manchester United, Marcus Rashord, pouvait lui griller la politesse. Mais le sélectionneur des Three Lions lui a maintenu sa confiance. À raison a posteriori, puisque si Sturridge n’a pas été utilisé contre la Russie, son entrée en jeu à la mi-temps à Lens s’est avérée déterminante avec son implication sur l’égalisation de Vardy et son but salvateur en fin de rencontre. « J’ai vite envoyé Vardy et Sturridge s’échauffer pour qu’ils entrent dès la reprise, se justifiait après le match Hodgson, dont les choix suscitent de vives remontrances outre-Manche. On avait la possession du ballon et dans ce type de situation, il est important d’avoir sur le terrain des joueurs capables d’apporter de la variété dans leur jeu et aussi d’amener de la présence dans et aux abords des seize mètres. » En quarante-cinq minutes, l’international anglais (19 sélections, 6 buts) a fait étalage de toutes ses qualités. S’il a toujours cette propension à abuser de touches de balles, sa faculté à dribbler en un contre un, à percuter et à décrocher afin d’étirer le bloc adverse a apporté une réelle plus-value.

Un profil qui diffère profondément de ses principaux concurrents : Harry Kane et Jamie Vardy, auteurs respectivement d’une saison majuscule en championnat (25 et 24 buts). L’attaquant des Spurs brille avant tout par ses déplacements dans la surface, tandis que le récent champion d’Angleterre a besoin d’espaces et de profondeur. Par rapport à eux, Sturridge présente l’avantage de posséder une qualité technique bien au-dessus de la moyenne. « C’est le meilleur attaquant anglais quand il est en forme, avançait ainsi l’ex-Red Devil Andy Cole à Omnisport avant l’Euro. Son but en finale de C3 était juste majestueux. Et ses buts inscrits cette saison avec Liverpool prouvent sa qualité. Il n’y a pas beaucoup d’attaquants qui peuvent faire ce qu’il sait faire. »

Modifier le 4-1-4-1 ?

Jusqu’ici titulaire, Kane semble avoir en partie entamé son crédit après deux prestations insipides et aucun tir cadré. L’heure pour Dany de briller ? Certaines figures, comme Alan Shearer sur la BBC, demandent publiquement à Roy Hodgson d’oublier son 4-1-4-1 pour passer à un système avec deux pointes (Sturridge et Vardy), comme ce fut parfois le cas lors des derniers matchs de préparation : « Roy devra trouver un système où se sentent à l’aise Vardy et Sturridge, sans que les deux jouent comme des attaquants purs. Sturridge nous a parfois donné de la largeur contre le pays de Galles, mais il a aussi pris la profondeur et montré son efficacité dans la surface en marquant. Il avait un rôle libre où il était chargé de soutenir Vardy. Il a cette capacité d’offrir de la magie. Son but vainqueur était brillant et je voudrais voir la même chose, si ce n’est plus de lui, contre la Slovaquie. » Reste désormais à savoir si Dany aura une nouvelle fois l’opportunité de revêtir le costume de héros. Le pays de Sa Majesté, lui, ne demande que ça.

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