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Gnagnon : toi, toi mon bel Andalou
Après cinq premiers mois décevants en Espagne, Joris Gnagnon tient enfin son match référence en Liga. Le défenseur central a bluffé son monde, des supporters sévillans aux journalistes espagnols, en livrant une prestation XXL contre l’Atlético de Madrid le week-end dernier. Le début d’une belle histoire d’amour.
Nous sommes le premier dimanche de janvier et les écrans du stade Ramón Sánchez Pizjuán affichent un résultat de parité entre le FC Séville et l’Atlético de Madrid à la 84e minute de jeu. Le moment choisi par Joris Gnagnon pour se mettre encore une fois en évidence. Pas vraiment fatigué, le défenseur français débarque au pressing dans le camp des Colchoneros, envoie Rodri goûter le gazon andalou et déclenche une frappe lourde, obligeant Oblak à sortir sa plus belle horizontale pour empêcher les filets de trembler. Le score ne bougera pas (1-1) et Gnagnon cèdera sa place à Amadou – après avoir reçu un petit coup – sous l’ovation d’un public sévillan conquis par la belle et surprenante performance du beau bébé de 21 ans. Il était temps.
Les histoires d’amour commencent mal en général
Car l’aventure en Andalousie n’a pas débuté de la meilleure manière pour l’ancien patron de la défense rennaise. Le 25 juillet dernier, Gnagnon s’engageait jusqu’en 2023 avec le FC Séville, qui lâchait un beau chèque de 15 millions d’euros à Rennes. « Je pense que j’ai besoin de connaître ce football espagnol, notamment au niveau technique ou pour la maturité collective dans le jeu, affirmait le Franco-Ivoirien dans les colonnes de L’Équipe dans les jours suivants sa signature. On m’a toujours dit que le football pouvait passer par l’accomplissement d’objectifs personnels. Là, j’avais besoin de prendre mon envol. » Pas étonnant pour un joueur qui restait sur deux saisons pleines en Ligue 1. Sauf qu’en Espagne, 15 patates et une réputation forgée en Bretagne ne garantissent pas une place de titulaire. Surtout qu’au même moment, Séville accueillait Sergi Gómez, un défenseur de 26 piges biberonné à la Liga par le Celta de Vigo. Le reste de la concurrence ? Les expérimentés Simon Kjær (29 ans), Gabriel Mercado (31 ans) et Daniel Carriço (30 ans). Pas évident.
Pourtant, le système à trois défenseurs immédiatement installé par Pablo Machín aurait pu donner des motifs d’espoir à Gnagnon. Raté. Avant la trêve hivernale, le gamin de Bondy ne comptait que dix apparitions sous le maillot des Blanquirrojos, dont deux seulement en championnat. Un départ plombé par sa première titularisation en Liga, lors d’une défaite à domicile contre Getafe (0-2), accouchant d’une prestation catastrophique. Suffisant pour se retrouver dans le viseur des supporters sevillistas, qui pointent du doigt un hypothétique surpoids, un problème déjà récurrent à Rennes. La mission ? Revenir plus fort pour bousculer le trio Gómez-Carriço-Kjær. Chiche ?
L’avenir s’écrit à Séville
Annoncé sur la liste des prêts au mercato hivernal, Gnagnon devrait finalement rester à Séville, sa performance contre l’Atlético de Madrid dimanche ayant probablement changé la donne. Les chiffres ? 13 ballons récupérés (le total le plus élevé pour un défenseur de Séville depuis Lionel Carole en novembre 2017), 81 ballons touchés, 90% de passes réussies (56/62) et même 3 tirs tentés. Les faits ? Une prestation de patron, le défenseur ayant parfaitement réussi à contenir Antoine Griezmann, obligé de délivrer les Colchoneros d’un beau coup franc. « Gnagnon doit rester impliqué parce qu’on va avoir besoin de lui » , lâchait Machín en conférence de presse après la rencontre. Dehors les rumeurs, il est l’heure de s’imposer en Andalousie. Car l’ancien Rennais a du temps de jeu à gratter – il fait partie du groupe pour le match de ce soir à Bilbao – vu la fragilité des défenseurs centraux d’une équipe toujours engagée dans trois compétitions. Au menu des dix prochains jours : trois confrontations contre l’Athletic Bilbao (deux en Coupe et une en Liga), un déplacement à Santiago-Bernabéu et un 22e anniversaire. Depuis le temps que Joris attend sa part du gâteau…
Par Clément Gavard