- Allemagne
- J33
- Werder Brême-Hoffenheim (3-5)
Gnabry de fortune
Jouer les premiers rôles en étant un second couteau, c’est possible quand on s’appelle Serge Gnabry. Malgré des blessures et un peu de banquette, le jeune attaquant de vingt et un ans a été l’un des artisans de la bonne saison du Werder Brême, qui garde encore un mince espoir de retrouver son doux passé européen. Mais l’international allemand sera-t-il de la partie la saison prochaine ?
Samedi 13 mai. Il est 15h30 lorsque les vingt-deux acteurs pénètrent sur la pelouse d’un Weserstadion en pleine fusion. D’un côté, le Werder Brême, de l’autre le TSG Hoffenheim. Alors que les visiteurs bataillent pour la qualification directe en Ligue des champions, les hôtes du jour, eux, ont deux duels à livrer : le premier face à leurs adversaires de Sinsheim, le second contre les autres clubs qui veulent coûte que coûte s’emparer de la dernière part du gâteau européen : la sixième place. Au-delà de l’enjeu qui s’annonce, tous les regards sont braqués sur un seul homme : Serge Gnabry, actuel attaquant du Werder Brême, et objectif de mercato de… Hoffenheim.
L’heure de manger son pain blanc
Recruté pour cinq millions d’euros à l’été 2016, Serge Gnabry débarque dans le Nord de l’Allemagne avec un contrat de quatre ans et la ferme intention de faire parler de lui. Il faut dire que depuis le début de sa carrière, le jeune Allemand a beaucoup fait parler, mais n’avait jamais franchement confirmé sur le terrain. Formé à Stuttgart, puis acheté en 2011 par Arsenal alors qu’il est âgé de 16 ans, il ne convainc jamais Arsène Wenger de lui donner sa chance. Il est prêté à West Bromwich en 2015, ne convainc pas non plus, rentre à Londres. Le salut vient finalement de sa terre natale : l’Allemagne. Après un début de saison canon avec le Werder, il est appelé par Joachim Löw en novembre 2016 et révèle sa patte gauche magique à tout le pays en inscrivant un triplé lors de la victoire-fleuve de la Mannschaft contre Saint-Marin (0-8).
Fort de ce triplé et de ces nouveaux regards posés sur lui, Gnabry va réaliser une saison 2016-2017 de très bonne facture avec le Werder. L’an passé, les Brêmois avaient dangereusement flirté avec la relégation. Or, l’arrivée du jeune prodige rime avec nouvelle dynamique. À la pointe de l’attaque, le duo Gnabry-Kruse porte le club vert et blanc à lui seul. Sur les 58 buts inscrits avant la dernière journée de Bundesliga, les deux hommes en ont inscrit pas moins de 25 à eux deux, soit 43%. Une excellence qui attise forcément l’intérêt de plus gros poissons. Un temps sur les rangs, le RB Leipzig a finalement jeté l’éponge. Selon les médias allemands, le Bayern Munich garde un œil sur lui. Mais la piste la plus sérieuse vient justement de l’adversaire du Werder ce samedi 13 mai : Hoffenheim, en passe de participer à la première Ligue des champions de son histoire et qui devra faire face au départ de cadres comme Niklas Süle et Sebastian Rudy chez le Rekordmeister.
« Qu’il parte ! »
Pour se préparer à affronter les grands d’Europe, l’entraîneur Julian Nagelsmann rêve effectivement de compléter son recrutement avec Serge Gnabry. Sauf que du côté de la direction brêmoise, on certifie que l’ailier gauche, dont le contrat prend fin en 2020, restera au club encore un an minimum. Une version non confirmée par l’intéressé et son agent, qui prennent un malin plaisir à entretenir le suspense. Le duel face à Hoffenheim était donc le moyen idéal pour Gnabry de se mettre en valeur. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Hoffenheim balaye le Werder 3-5 (0-5 à l’heure de jeu) et met presque fin au rêve européen de sa victime du jour. Pire encore, Gnabry, censé saisir l’occasion de cette finale précoce, a été inexistant sur le terrain. « Qu’il parte ! » , peut-on entendre à chaud aux abords du Weserstadion. « Oui, mais pas sûr que Hoffenheim en veuille encore désormais » , prophétisaient d’autres supporters déçus.
Le Werder doit désormais impérativement s’imposer à Dortmund le week-end prochain, en priant pour que Cologne ne gagne pas face à Mayence. Et si les planètes s’alignent, comprenez : si le BvB remporte la Coupe d’Allemagne, alors la septième place sera synonyme d’un retour des Brêmois sur la scène européenne, qui rêvent de rééditer leur belle campagne de l’année 2009, quand ils avaient atteint la finale de la Coupe UEFA. Mais avec ou sans Serge Gnabry ? Si chacun espère un « beau geste » de sa part, histoire de filer un coup de main au club qui l’a sorti du marécage dans lequel il avait failli dangereusement s’engluer, sa mission dans la cité hanséatique est probablement déjà terminée.
Par Julien Duez