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Glik, le Toro de Monaco
Avant Monaco, les ambiances feutrées de Louis-II et les paillettes de la Ligue des champions, Kamil Glik a vécu cinq années furieuses et passionnées au Torino, dont il est devenu l'un des joueurs les plus emblématiques des années 2010. Un club où il a aussi appris à haïr la Juve, le tout puissant rival turinois.
Vendredi 21 avril, tirage au sort des demi-finales de la Ligue des champions. Alors que Monaco doit se résigner à affronter la Juventus, Kamil Glik, lui, publie une photo sur son compte Twitter. Histoire d’ambiancer l’avant-match. On y voit le Polonais, alors sous le maillot du Torino, dézinguer sans retenue Emanuele Giaccherini lors de son premier derby de Turin en 2012. Un excès d’engagement qui avait contribué à faire monter en flèche sa cote de popularité auprès des tifosidu Toro, ravis de voir l’un des leurs prêt à tout pour ne pas s’écraser devant la Vieille Dame. Et un signe que, malgré son départ de Turin, Kamil Glik entretient un rapport tout à fait particulier avec le Torino et, par extension, avec l’ennemi juventino.
« Au Torino, tout a changé pour moi »
Il faut dire qu’avant de se faire un nom au Torino, Kamil Glik n’était personne ou presque aux yeux du football européen. Au mieux un obscur défenseur polonais qui peinait à s’imposer en Italie, après avoir été prêté par Palerme à l’AS Bari le temps d’une saison. Avant que Giampiero Ventura, qui vient de quitter Bari pour entraîner le Toro, ne fasse du géant aux yeux bleus un de ses hommes de base pour ramener, puis stabiliser les Grenats en Serie A. Un acte de foi qui fait de facto du Torino un club à part pour le néo-Monégasque : « Je n’ai pas eu un chemin facile… De dix-huit à vingt ans, j’ai évolué dans l’équipe B du Real Madrid et à Palerme, où j’ai très peu joué… Puis j’ai rencontré Ventura à Bari et, au Torino, tout a changé pour moi. »
Un club où Glik devient un cadre de l’équipe, mais aussi un marqueur identitaire pour les tifosilocaux. Au début de la saison 2013-2014, c’est lui qui est nommé capitaine après le départ de Rolando Bianchi. Un rôle symbolique fort, puisqu’il lui revient de conduire chaque saison la commémoration du drame de Superga, qui a vu les joueurs du Grande Torinodes années 1940 perdre la vie dans un tragique accident d’avion. « Quand je retournerai à Turin, j’irai à Superga pour dire une prière : chaque saison où j’ai dû lire ces 31 noms, j’ai essayé, en tant qu’homme, de restituer une émotion qui ne peut pas être décrite » , avait écrit le joueur dans sa lettre d’adieux aux fans du Toro à l’heure de partir pour Monaco. Avant de préciser que son choix d’évoluer sur le Rocher était motivé par la proximité géographique entre Turin et la principauté. Turin, « une ville qui continuera à faire partie de sa vie et de celle de sa famille » . Pas des paroles en l’air, puisque Glik s’est fait remarquer dans les travées du stade olympique de Turin mi-décembre dernier, lors de Torino-Juve, et s’est fait chaudement applaudir par ses anciens tifosi. Car s’il y a bien un match qui a contribué à construire la légende du Polonais à Turin, c’est bien le derby della Mole et les vieux antagonismes qu’il réveille.
La semaine sainte de Kamil
Lors de ses deux premiers derbys de Turin, Glik dégomme littéralement Emanuele Giaccherini, se chope deux cartons rouges et doit encaisser deux défaites nettes. Mais il gagne déjà un surnom de la part des tifosidu Toro, « Assassin’s Glik » , en référence à ses tacles de boucher sur les joueurs de la Juve. Si bien que, fin avril 2013, le Polonais, débarqué au Torino depuis une saison et demie, l’a déjà mauvaise contre la Vieille Dame : « C’est une équipe vicieuse, elle ne me plaît vraiment pas. » Glik ne manque pas une occasion de faire savoir qu’il n’a jamais considéré une seconde quitter les Grenats pour les Bianconeri, alors même qu’il s’imposait comme l’un des tout meilleurs défenseurs de la Botte : « Un transfert à la Juve a toujours été hors de question. Parce que je ne peux pas oublier ces cinq années fantastiques au Toro. Je serai toujours un fan de ce club. D’ailleurs, je regarde toujours leurs matchs aujourd’hui. » Face aux Bianconeri, le Polonais aura tout vécu, de l’humiliation la plus cuisante – « Je n’oublierai jamais ce derby en Coupe d’Italie qu’on perd 4-0 à la maison… C’est un de mes rares mauvais souvenirs de mes cinq années à Turin » – à l’une des plus mémorables victoires de l’histoire moderne du Toro. Le 26 avril 2015, les Grenats, avec Glik brassard de capitaine au bras, remportent leur premier derby depuis vingt ans contre la Juventus. Une forme d’apothéose pour le Polonais, qui parlait de « semaine sainte » pour décrire les quelques jours précédents chacune de ses confrontations avec la Juventus. Deux ans plus tard, rien n’a changé. Ou presque. Et Glik a prévenu la Juve qu’il la défierait « avec le Toro dans le cœur » . Glik, Glik, boum.
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Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Stampa, le Corriere dello Sport, la Repubblica et la Gazzetta dello sport.