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Giuseppe Rossi, le grand oublié ?
Blessé gravement il y a quelques mois, Giuseppe Rossi est en train de vivre des moments difficiles. Après avoir raté l’Euro, l’Italien est en train de voir tous ses potes de Villarreal se tirer, pendant que lui doit soigner son genou. La lose.
Parfois, une carrière ne tient pas à grand-chose. Prenez Giuseppe Rossi, tiens. L’attaquant le plus malchanceux de 2012 aurait pu vivre un été fabuleux. D’abord, il aurait dû être au centre de l’attaque de la Squadra Azzurra lors de l’Euro. Ensuite, il aurait dû être l’une des attractions du mercato, et les grands clubs se seraient bousculés pour lui, à grands coups de millions. Oui mais voilà, en quelques mois, toutes ces suppositions se sont écroulées. Giuseppe Rossi, Pepito pour les intimes, a connu deux graves blessures qui ont mis un frein énorme à sa carrière. Pas d’Euro, donc, et pour couronner le tout, Villarreal, le club qu’il portait depuis cinq saisons (82 buts en 192 matches toutes compétitions confondues) est relégué en deuxième division. Du coup, tous les plans de Rossi sont chamboulés. Alors qu’il pensait connaître une longue convalescence, non loin de ses coéquipiers, le voilà qui se retrouve de plus en plus seul. De fait, depuis le début du mois de juillet, c’est l’exode. Diego Lopez, Marcano, de Guzmán, Marco Ruben, Borja Valero, Rodriguez, Marchena, Zapata, Nilmar… Tous les cadres de l’équipe se sont tirés, un par un. Et Rossi ? Rien. La solitude. Logique : le joueur ne devrait pas revenir sur les terrains avant février 2013. Difficile pour un club, en temps de crise, de faire un tel pari.
Une blessure, et puis encore une blessure
Quand on y repense, la saison 2011-12 de Giuseppe Rossi est irréelle. Cela aurait dû être l’année qui aurait mené le joueur de 24 ans vers l’Euro. Un Euro qui doit lui appartenir, puisque Prandelli, le sélectionneur italien, mise beaucoup sur lui. La saison débute. Villarreal encaisse un sévère 5-0 au Camp Nou pour son premier match de Liga. Oui : peut-être qu’il s’agissait là d’un signe pour prévenir qu’une saison de merde attendait le sous-marin jaune. Rossi marque son premier but la semaine suivante, face à Séville. Il récidive contre Majorque et Saragosse. Le 26 octobre, c’est le premier drame. Sur la pelouse du Real Madrid, Pepito se blesse au genou. Le verdict tombe très rapidement : rupture des ligaments du genou droit. Six mois d’absence. Un gros coup dur, mais le joueur fait immédiatement ses petits calculs. Six mois d’absence, cela voudrait dire être prêt pour le début du mois de mai. Soit un mois avant l’Euro. Rossi l’assure : il y sera. Et Prandelli de répondre qu’il attendra, comme il attendra Cassano qui, trois jours après la blessure de Rossi, est victime d’un AVC. Commence alors la rééducation. Longue, longue, longue. Pendant ce temps, Villarreal a de plus en plus de mal et s’enfonce au classement. L’attaquant, lui, veut revenir pour le sprint final.
Finalement, son retour est anticipé. Le joueur est guéri et reprend déjà l’entraînement à la fin du mois de mars. Début avril, il annonce qu’il est rétabli et qu’il est prêt à faire son grand retour. Soulagement du côté des supporters de Villarreal. Soulagement du côté des tifosi de la Nazionale. Malheureusement, le soulagement dure peu de temps. Le 13 avril, crac. Le genou droit, peut-être encore trop fragile, flanche à nouveau. Rupture des ligaments. Ce coup-ci, ce ne sont pas six, mais dix mois d’absence qui attendent le joueur, avec une première intervention chirurgicale prévue au mois d’avril, et une seconde en octobre 2012. Pour l’Euro, c’est foutu. Pour Villarreal, aussi. Le club, battu lors de la dernière journée par l’Atlético Madrid (et ce but de Falcao à la dernière minute) est rétrogradé en deuxième division. Comment dit-on « l’enfer » en espagnol ?
Naples prépare le terrain
Et maintenant, quoi ? Giuseppe Rossi tente surtout de ne pas se faire oublier. Son agent, Federico Pastorello, essaie d’entretenir la flamme dans la presse italienne, en lançant notamment quelques appels aux clubs qui, la saison dernière, avaient tenté de draguer le joueur. « Les transactions sont compliquées. Si Giuseppe avait été disponible, il aurait déjà été vendu. Mais je ne suis pas préoccupé. Il est serein, il a un contrat et son désir est toujours de l’honorer. Il lui faudrait une proposition intelligente, au vu de sa situation. Actuellement, tous les grands clubs italiens pourraient faire une offre. Le Milan, car ils ont vendu beaucoup de joueurs, l’Inter, pour rajeunir l’équipe, la Juve, qui cherche un top-player. Et n’oublions pas non plus le Napoli et la Roma… » assure-t-il aux micros de Sky Sports 24. Façon de dire que, si un club italien passait un petit coup de fil, Rossi enfilerait ses béquilles et sauterait dans le premier avion en direction de l’Italie. Reste à savoir qui sera assez fou pour débourser plusieurs millions d’euros pour un joueur qui ne sera disponible que dans six mois, et dont la forme physique sera un véritable point d’interrogation.
En effet, quel joueur pourra bien être Giuseppe Rossi après 16 mois loin des terrains ? Il est assez rare, dans l’histoire du football, qu’un joueur soit revenu plus fort après une rupture des ligaments. En Italie, l’exemple le plus fort est celui d’Alessandro Del Piero. Le joueur, lui-même, avoue qu’il y a eu « un Del Piero avant le 8 novembre 1998, et un Del Piero après le 8 novembre 1998 » . 8 novembre 1998 : jour où le numéro 10 turinois subit une rupture des ligaments sur la pelouse d’Udine. Certes, si on annonce aujourd’hui à Rossi qu’il peut avoir la même carrière que Del Piero, il signe tout de suite. Mais il faudra passer par des sacrifices, car son corps sortira forcément fragilisé d’une telle épreuve. Alors, en attendant, Rossi se bat et regarde vers 2013. D’ailleurs, il n’est pas le seul. Aurelio De Laurentiis, le président du Napoli, aurait pour intention de faire venir le joueur lors du prochain mercato, en janvier 2013, histoire de lui laisser le temps de revenir en forme. L’opération séduction a déjà commencé. Sur Twitter, le natif du New Jersey a déjà pu recevoir quelques messages plutôt explicites. « N’oublie jamais ça : nous t’attendons à Naples, champion. » Qu’il se rassure : Giuseppe Rossi est encore loin d’avoir sombré dans l’oubli.
Éric Maggiori