- Italie
- AC Milan
Giroud : le Rouge, le Noir et le Qatar
Placardisé à Chelsea, Olivier Giroud s'est officiellement engagé samedi avec l'AC Milan. Avec pour objectif de convaincre Didier Deschamps de le sélectionner pour le mondial au Qatar en 2022. Un ultime rêve bleu qui ne semble pas hors de portée d'un type dont la force de résilience pourrait bien l'emmener vers un dernier sommet, avant de tirer sa révérence.
À 34 ans, Olivier Giroud fait partie de ces joueurs qui peuvent commencer à regarder dans le rétroviseur. À l’arrière, sa route est longue, sinueuse, voire carrément accidentée. Elle s’est construite en six arrêts pour autant de clubs, où il aura connu des réussites diverses. Parfois des succès grandioses qu’on ne lui prédisait pas, d’autres fois des moments frustrants, où son talent se retrouvait cantonné à l’ombre ingrate du banc de touche. Le sillon que l’ex-Montpelliérain a creusé n’a cependant jamais cessé de s’étendre, quitte à retraverser la Manche et les Alpes cet été : voilà désormais Giroud à l’AC Milan, où l’attaquant a signé ce samedi, pour une durée et un montant non précisés. Pour aller où ? Là encore, le chemin sera long, probablement laborieux, mais il est déjà tout tracé : il aboutit au Qatar, à l’équipe de France et la Coupe du monde 2022, bien entendu.
Giroud de secours
C’est du moins ce que s’est probablement dit Olivier Giroud, en décidant de poser ses valises en Lombardie. L’objectif est louable, et peut-être bien réalisable. D’abord, il convient de souligner que le deuxième meilleur buteur de l’histoire des Bleus débarque à Milan avec le statut de remplaçant de Zlatan Ibrahimović. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. Le Z, bientôt quadragénaire, ne peut plus assurer sa présence à tous les matchs, lui qui n’a disputé que la moitié des rencontres de Serie A du Milan la saison dernière. De par sa taille, sa qualité de frappe de balle et son habilité à jouer en pivot, Giroud constitue un substitut assez évident au Suédois et a ce qu’il faut pour s’intégrer sans trop de complication au système de jeu milanais. La formation de Stefano Pioli était articulée en 4-2-3-1 la saison dernière (une formation dont Giroud est familier en équipe de France), mais il s’agit désormais de voir si le départ de son numéro 10 attitré, Hakan Çalhanoğlu (parti chez le voisin interiste), ne va pas redistribuer quelques cartes tactiquement. Par ailleurs, l’ancien Gunner aura aussi probablement pour tâche de sécuriser l’approche mentale d’un groupe dont la moyenne d’âge est la plus basse de Serie A, et qui disputera la première C1 du club depuis 2014.
Destination Qatar
Une compétition que Giroud vient de remporter avec Chelsea, où son statut de remplaçant l’avait limité à un rôle secondaire, qu’il aura néanmoins su valoriser. On se souvient notamment de son quadruplé contre Séville en phase de groupes, ou encore de son but décisif face à l’Atlético de Madrid (victoire 1-0 des Blues), en huitièmes de finale aller. Autant de matchs où il avait débuté titulaire. Signe que dès qu’on lui offre un temps de jeu substantiel, le bonhomme a toujours des arguments costauds à faire valoir. Outre son extraordinaire capacité de résilience, c’est sans doute d’ailleurs là qu’a résidé la force majeure d’Olivier Giroud ces dernières années : savoir utiliser le peu de minutes que ces entraîneurs ont daigné lui offrir sur le pré, pour magnifier ses qualités.
Son exercice 2018-2019 en fut une démonstration édifiante : relégué à jouer seulement des bouts de match en Premier League avec Chelsea, l’avant-centre ne se voyait titularisé qu’en Ligue Europa par Maurizio Sarri. Résultat ? 14 matchs, 11 buts marqués dont un en finale face à Arsenal et une C3 dans la poche pour le néo-rossonero. Champion du monde, champion de France, vainqueur des deux coupes d’Europe de clubs, cet homme-là gagne presque partout où il passe. Paolo Maldini et l’AC Milan ont dû se dire que tout cela n’était pas une coïncidence, et Giroud devrait avoir en Lombardie encore un peu plus d’opportunités de se montrer que lors de ses dernières années londoniennes. Moralité ? C’est peut-être une ultime renaissance que s’offre le « phénix grenoblois », qui compte bien planer encore un an et des poussières, pour voir le Qatar avec les Bleus, en 2022.
Par Adrien Candau