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Giroud, le compteur bloqué
Contesté comme jamais à Arsenal, Olivier Giroud n'arrive plus à marquer, à tel point qu'il a perdu sa place de titulaire au profit de Welbeck. Et il faut absolument qu'il relance la machine à un mois et demi de l'Euro.
13 janvier 2016, on joue la 55e minute de l’exceptionnel Liverpool-Arsenal. Après une première mi-temps de folie, les deux équipes ne se sont pas encore départagées. Le tableau d’affichage est bloqué à 2-2. Jusqu’à ce qu’Olivier Giroud reçoive le ballon dos au but. L’attaquant des Gunners, qui a déjà marqué il y a une demi-heure, réalise un contrôle orienté parfait en faisant passer la balle derrière son pied d’appui. Son adversaire direct est dans le vent. Il se retourne rapidement et allume du pied gauche dans le petit filet opposé de Mignolet. Le gardien belge n’esquisse pas le moindre geste. Il sait que ça ne sert à rien de plonger face à cet enchaînement parfait. Même si les Reds finiront par égaliser dans les derniers instants du match, Giroud peut se satisfaire d’avoir accompli un match plein sur le front de l’attaque des Gunners. D’ailleurs, ce but sublime, il le savoure, il en est fier. Il exulte auprès des supporters. Il fait bien, parce qu’il ne va plus remarquer de sitôt. Aujourd’hui, ça fait douze matchs que Giroud n’a plus fait trembler les filets.
Pas un top player
« Arsenal peut-il gagner le titre avec Giroud ? Je ne crois pas. Il faut qu’ils achètent un buteur de classe mondiale pour redevenir champions. » La saillie de Thierry Henry sur Skysports à la fin de la saison dernière avait fait grand bruit. Surtout que des personnalités de poids comme Harry Redknapp et Piers Morgan étaient allés dans le même sens. Et depuis, elle est ressortie par les détracteurs d’Olivier Giroud à chaque contre-performance de l’attaquant français. Depuis qu’il est arrivé à Londres, l’ancien Montpelliérain est régulièrement pointé du doigt. Il ne serait pas à la hauteur, ne ferait pas partie du haut du panier des buteurs en Europe. Il faut dire qu’il dépasse difficilement les 15 buts par saison en Premier League depuis qu’il est à Arsenal. Mais cette année, c’est la première fois qu’il traverse une période de disette aussi importante. Douze matchs et 587 minutes qu’il n’a pas trouvé le chemin des filets, pour seulement deux petites passes décisives.
Même dans le jeu, il commence à tirer la langue puisqu’en 2016, il ne cadre que 60% de ses frappes et ne réussit que 20% de ses dribbles. En France également, il est de plus en plus contesté. L’éviction du buteur numéro un des Bleus Karim Benzema pour les raisons que l’on sait ne lui laisse même pas une place de titulaire assurée en pointe de l’équipe de France. Il faut dire qu’il n’a pas su se rendre indispensable pendant la longue absence du Madrilène. Gignac, Martial, Griezmann ou même Lacazette sont des alternatives qui seraient loin de faire tache. Selon un sondage réalisé par L’Équipe, 84% des votants ne souhaitent pas le voir mener l’attaque des Bleus à l’Euro. Que ce soit justifié ou non, Olivier Giroud ne convainc personne, en France comme en Angleterre, en sélection comme en club. Même Arsène Wenger qui l’a toujours défendu bec et ongles, notamment après la sortie de Thierry Henry, semble avoir lâché l’affaire.
Mais un mental en acier
En décembre, il déclarait sans broncher qu’il était « l’un des meilleurs attaquants d’Europe » . Depuis, plus grand-chose. Pire, depuis que Danny Welbeck est revenu de blessure avec un but ultra-important dans les dernières minutes contre Leicester, l’Anglais est toujours titulaire en lieu et place de Giroud. Et ce, même s’il est loin de claquer but sur but. Une situation préoccupante pour l’international français, mais pas forcément irréversible. Depuis son arrivée à Arsenal, il a toujours fonctionné comme ça. Depuis son arrivée, ses saisons ont toujours été en dents de scie. Il a toujours alterné période de disette et période de gâchette. Cette année, d’octobre à décembre, il a claqué huit buts en onze matchs. L’année dernière, il avait sorti une belle série de neuf buts en dix rencontres avant de terminer difficilement la saison avec sept matchs sans marquer. Et il est facile de sortir les mêmes statistiques sur toutes les saisons. C’est bien simple, après chaque moment de moins bien, Olivier Giroud a les ressources mentales pour se reprendre. Notamment lorsqu’il est dos au mur, sous le feu des critiques. Plus qu’à espérer que la période gâchette revienne au mois de juin.
Par Kevin Charnay