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Giroud, enfin un grand attaquant d’Arsenal
Souvent moqué, symbole malgré lui d'un club pas assez ambitieux sur le marché des transferts, Olivier Giroud a changé de statut pour devenir un attaquant de premier plan.
Il en est à un stade où il peut tout se permettre. Après avoir égalisé sur la pelouse de Bournemouth de la tête, Olivier Giroud a célébré son but de manière un peu honteuse, en faisant référence à son but d’anthologie du début d’année contre Crystal Palace tout en tirant la langue. Peut-être une référence à Christophe Dugarry, qui n’avait pas spécialement été emballé par le chef-d’œuvre et qui finalement était plus connu pour sa célébration lors du fameux France-Afrique du Sud en 1998 que pour ses réalisations elles-mêmes. Personne ne s’est trop attardé là-dessus. Après ce nul miraculeux pour les Gunners (qui en étaient à 0-3 à vingt minutes de la fin), il n’y en avait que pour le sens du devoir de l’international français, l’homme de la remontée (un but donc, et deux passes décisives). À y regarder de plus près, le grand artisan du come back, c’était plutôt Alexis Sánchez, au départ de toutes les inspirations offensives et diabolique de sang-froid. Mais les projecteurs se braquent sans état d’âme sur Giroud, il a les épaules pour.
Quatre années de contestations
Ça n’a pas toujours été le cas. L’attaquant a longtemps eu une étiquette d’avant-centre de seconde zone à Londres. En avril 2015, Thierry Henry met une phrase sur ce que tout le monde avait en tête lorsqu’il a dit qu’il faut un buteur de renommée mondiale à Arsenal pour envisager le titre à nouveau. Giroud, qui arrive pour succéder à Robin van Persie, qui marchait alors sur l’eau en 2012, accuse le coup. Évoque un nombre de buts lors de sa première saison supérieur à Henry pour se défendre, mais s’enfonce encore plus, puisque c’est faux. Et surtout donne raison à celui qui a une statue aux abords de l’Emirates dans tous les grands matchs, où il est systématiquement absent.
C’est encore le cas en février dernier, lors de la dernière campagne de Ligue des champions où les Londoniens se crashent comme d’habitude en huitièmes de finale face au Barça et Messi. L’été dernier, il est alors question de l’arrivée d’un attaquant chez les Gunners. Cavani a droit à une page quotidienne dans les tabloïds et juste avant l’Euro, Jamie Vardy est annoncé tout proche. Il aurait même passé sa visite médicale. Finalement, Arsène Wenger fera signer Lucas Pérez en fin de mercato, intégrant que l’Espagnol aura besoin d’une bonne saison d’adaptation.
Une attitude de parfait professionnel
Giroud démarre pour autant la saison sur le banc, Alexis Sánchez prenant place en pointe pour favoriser l’éclosion d’Iwobi dans le couloir gauche. Mais c’est de cette position que l’attaquant français se rend paradoxalement indispensable, avec notamment une égalisation cruciale qui éteint Old Trafford dans le Fergie Time. Semaine après semaine, les rangs des détracteurs du Français se vident. Le déclic est peut-être survenu pendant l’Euro. En pointe alors que les pro-Benzema n’ont pas hésité à le siffler pendant la préparation, il marque le premier but contre la Roumanie alors que tout le pays est crispé. Et en demies contre l’Allemagne, il est décisif. C’est lui qui va au charbon pour gêner Neuer, laissant le champ libre à Griezmann pour doubler la mise. Ça, l’avant-centre du Real Madrid ne l’aurait jamais fait.
Giroud, numéro 1 légitime, même après la compétition : sans lui, Grizou n’est pas aussi performant. Dans son club, la donne est différente, mais l’esprit reste le même : il n’est plus titulaire, mais il ne donne pas une interview pour parler de son mal-être. Il s’exprime sur le terrain, en criant après ses buts, qui rapportent beaucoup de points dans les dernières minutes. Il est d’ailleurs le joueur le plus efficace d’Europe, étant impliqué sur une réalisation en championnat toutes les 49 minutes. On est loin des mises au vert en slip et en bonne compagnie qui font polémique juste avant les gros matchs.
Prochain défi, le top 20 des buteurs d’Arsenal… et la Ligue des champions
Giroud n’est donc peut-être pas du niveau de Lewandowski, du Kun Agüero, de Luis Suárez ou d’Higuaín. Mais sans lui, Alexis Sánchez ne serait pas en train de se hisser au niveau de ces quatre fantastiques, avec ses meilleurs temps de passage depuis qu’il est à Londres. Les fans d’Arsenal en sont désormais convaincus : avec Giroud, ils possèdent une perle rare qu’il faut conserver à tout prix. Un joueur qui peut dépasser en fin de saison Paul Merson et Theo Walcott pour entrer dans le top 20 des meilleurs buteurs de l’histoire du club. S’il a la bonne idée d’en planter un contre le Bayern Munich en huitièmes de finale de la Ligue des champions, il mettra tout le monde d’accord.
Par Romain Canuti