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Giroud, bons baisers de Brême
Si Olivier Giroud s’érige en choix prioritaire de Didier Deschamps à la pointe l’attaque française, le buteur doit son statut à un gros mental et la saisie d’opportunités. Contre l’Allemagne, le finisseur des Bleus pourra entrer sur la pelouse au bon souvenir de son premier coup de filet.
Neuf buts sur les neuf derniers matchs de l’équipe de France et pas mal de gueules fermées. Les chiffres parlent pour Olivier Giroud, mais ils ne disent pas tout. Point d’ancrage décisif dans un Euro qui aura été celui du retour des pivots, buteur adroit et premier défenseur de Didier Deschamps, l’ancien Montpelliérain connaît ses classiques, mais les révise de temps en temps, comme après le match face à l’Islande : « Je ne sais pas si c’est mon meilleur match en bleu. J’en ai fait d’autres qui était pas mal aussi ! » Car si certains doutent de la capacité du Gunner à répondre présent dans ce que beaucoup considèrent comme le premier « gros match » de l’équipe de France, le principal intéressé a montré par le passé qu’il pouvait emmerder l’Allemagne. La preuve.
« Je l’ai embrassé, mais pas sur la bouche »
Parmi ses 20 réalisations sous le maillot frappé du coq, Olivier Giroud s’est déjà offert des buts marquants contre de grosses nations. L’Espagne, encore championne du monde et d’Europe en octobre 2012 (1-1), mais aussi l’Allemagne. C’était lors de sa première titularisation chez les A, le 29 février 2012. Placé en pointe du 4-2-3-1 de Laurent Blanc suite aux blessures de Karim Benzema et Loïc Rémy, Olivier Giroud est alors en pleine bourre avec Montpellier, 16 buts au compteur. Le boss des Bleus voient ainsi le moment de donner carte blanche au natif de Chambéry. « Il peut nous apporter ses qualités physiques intéressantes, analyse le sélectionneur. Il se déplace de mieux en mieux et c’est un garçon qui marque des buts. » De son côté, la Mannschaft, éliminée deux fois de suite par l’Espagne en compétition officielle, attend cet Euro 2012 comme un moyen de confirmer sa montée en puissance. Sans la muraille Manuel Neuer dans la cage, les intentions teutonnes annoncent un objectif clair : faire tomber la France.
Sans sourciller, l’Allemagne appuie d’entrée sur l’accélérateur et fait jouer haut ses latéraux. Problème : son adversaire fait mieux que résister. Depuis le côté droit de l’attaque, Mathieu Debuchy s’engouffre entre Badstuber et Aogo, puis sert Giroud dans le bon tempo. Tim Wiese, par encore catcheur, est à la peine, un simple plat du pied gauche offre à Giroud son premier but en sélection (21e). Pris par l’émotion, le néo-buteur cocorico remercie son passeur Debuchy à l’aide d’un… baiser. Une célébration vite propagée sur les réseaux sociaux, sans attendre de confirmation. L’auteur met ainsi fin au suspense après le match : « Oui, je l’ai embrassé. Mais pas sur la bouche, hein… Je suis quelqu’un d’affectueux, je fais ça souvent, mais n’en rajoutez pas ! » Même son de cloche chez le receveur dans le courant de la semaine, au Canal Football Club : « Il m’a juste embrassé sur la joue… Je tiens à le préciser, sur la joue ! » Suite à cette marque d’affection, Debuchy reste au taquet, tout comme Giroud. Les deux comparses vont même contrecarrer une seconde fois la défense allemande. Débordement du premier, centre vers le second, puis Florent Malouda à la finition, en traqueur (69e). Une réussite maximale, quand Mesut Özil, Miroslav Klose ou Mario Gómez manquent l’égalisation pendant la rencontre.
« J’avais envie de faire trois fois de tour du terrain »
Satisfait de la bonne copie rendue par ses hommes, Lolo Blanc zappe le but pour sauver l’honneur de Cacau (91e), et se focalise sur les performances des petits nouveaux de Ligue 1, Giroud et Debuchy. « Quand tu es dans une équipe qui bat l’Allemagne et que tes performances sont bonnes, c’est très bien pour les joueurs concernés, résume Blanc. On nous avait reproché de ne pas jouer en équipe. Ce soir, on a joué avec un esprit collectif remarquable. Le groupe se resserre pour l’Euro et ceux qui étaient là ce soir ont marqué des points. » Blanc tiendra parole, puisque mis à part Éric Abidal, barré par sa greffe de foie, les titulaires de la soirée seront de la partie pour l’Euro quatre mois plus tard. Irréprochable durant toute la saison, Giroud restera sur son petit nuage pour signer à Arsenal pendant l’été. « Après mon but, j’avais envie de faire trois fois le tour du terrain, mais je suis resté sobre. » Qu’il sache qu’en 2016, la France est partante pour une belle ivresse. Et des tonnes de bisous.
Par Antoine Donnarieix