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Giovanni Sio, enfin à quai ?
Pas étranger au bon début de saison de Rennes, Giovanni Sio semble s'être acclimaté avec brio à ses nouvelles couleurs. Habitué du voyage, globe-trotter depuis bientôt huit ans, l'attaquant semble prêt à se poser. En apparence tout du moins...
26 ans et déjà pas mal de kilomètres au compteur. Giovanni Sio est un homme à qui le voyage ne fait pas peur. Pour preuve, l’attaquant franco-ivoirien témoigne d’un CV bien rempli, avec pas moins de 9 destinations en à peine 8 ans de carrière professionnelle. Une tendance au backpack parfois contrainte, parfois choisie, mais qui en dit long sur la versatilité du Sio Giovanni. En ce début de saison à Rennes, les valises semblent pourtant bien posées. Avec trois buts au compteur en à peine cinq rencontres et une adaptation réussie, le gamin de la région nantaise tente de tordre le cou à l’idée selon laquelle il n’est qu’un homme de passage. Pas une mince affaire, tant les réputations ont la peau dure.
L’école du foot
En débarquant à Rennes, Sio n’a d’ailleurs rien fait pour décoller cette étiquette de baroudeur. Un tweet balancé pour saluer son arrivée dans le « club historique de la région » plus tard, et c’est un passé nantais, avec plusieurs années de formation, qui passe à la trappe. Pourtant, Franck Maufay, son entraîneur en U17 chez les Canaris et désormais responsable du Pôle Espoir de Saint Sébastien, se souvient d’un garçon aux qualités indéniables : « Il y avait déjà une qualité technique au-dessus de la moyenne, une patte gauche de qualité. Et puis des qualités de buteur indéniables. Mentalement, il était costaud, puisque dans les duels, c’était quelqu’un capable d’exister. Il ne les refusait pas, ce qui n’est pas tout le temps le cas chez les plus jeunes. » Une force et une place à part au sein des jeunes Nantais, malgré quelques problèmes inhérents à la vie d’un jeune passionné de foot. Originaire des quartiers de Bellevue, Sio ne pense et ne vit effectivement que par la balle ronde. Une qualité tout autant qu’un défaut au centre de formation où l’école constitue un pan important du parcours : « Le jour de la finale du championnat de France U16 contre Sochaux, il s’était permis de ne pas aller à l’école le matin. Laurent Guyot, le directeur du centre, lui avait interdit d’aller à la finale. J’étais embêté, mais on était d’accord sur le principe, on ne voulait pas déroger aux règles qu’on avait mises en place. On avait malgré tout gagné, mais on avait tous eu une pensée pour lui, car c’était en grande partie grâce à lui. On lui avait ramené la médaille le lendemain et, pour l’avoir revu l’année dernière avec Bastia à la Beaujoire, j’ai eu l’occasion d’en rediscuter, ça l’a marqué. » Des écarts de discipline pour ce fort caractère, aussi à l’aise dans la buissonnière que sur le terrain.
Voyage Voyage
Au moment d’évoquer Giovanni Sio, Laurent Guyot se fait plus bref. Une simple phrase lâchée, avec un semblant d’amertume : « C’était et c’est un excellent joueur que nous souhaitions conserver pour l’associer pour les futurs saisons à … Payet ! Mais les « à-côtés » du foot en ont décidé autrement. » Ces à-côtés, ce sont des envies trop gourmandes de l’entourage, alors que le FCNA lui propose un contrat stagiaire à l’orée 2007. Fin de non-recevoir pour son agent, refus catégorique du père. À demi-mots, Maufay confesse : « Parfois, l’appel de l’étranger, il est financier, faut pas se le cacher. Il fait une carrière honorable. Après, ce n’est pas le cas pour tout le monde. » La suite, c’est un essai raté à Reading pour finalement atterrir à la Sociedad. Deux ans sans jouer, ou presque, avant de rallier Sion, pour une pige de deux ans et demi plus accomplie. Pourtant, au milieu de la saison 2012-2013, Sio s’envole. Pour Wolfsburg, avant d’enchaîner des prêts à Augbsurg, Sochaux, et de terminer sa chevauchée à Bâle. Pour expliquer ces ratés allemands, Jürgen Rollmann, manager d’Augsburg, expliquera : « Il ne parle ni l’allemand ni l’anglais et n’est pas intégré. Nous sommes aussi mécontents que lui. » Revenu près de ses terres natales de Bellevue, après une demi-saison à Bastia, Sio n’est plus embêté par des problèmes d’intégration. D’ailleurs, dans les tribunes de la Beaujoire la semaine passée, nombreux étaient ses amis du quartier à peupler les tribunes pour soutenir le Sio rennais. Une attention toute particulière, d’autant que l’attaquant cartonne et marque dès ses débuts en rouge et noir. De bon augure, même si la méfiance est de mise : habitué des départs canons (un but face au PSG pour son premier match avec Sochaux, trois buts pour ses cinq premiers matchs avec Bastia), Sio dispose d’une fâcheuse tendance au relâchement, puis à la fuite. À moins qu’à Rennes, le joueur ait décidé de prendre un nouveau départ.
Par Raphael Gaftarnik