- Un jour, un transfert
- Épisode 53
Giovane Élber à l’OL : encore amoureux de son ex
Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce 53e épisode, on s'attaque à l'arrivée de Giovane Élber à l'OL. En 2003, alors que Sonny Anderson vient de s'en aller, Lyon se cherche une nouvelle star en attaque. Les Gones jettent finalement leur dévolu sur Giovane Élber, tout juste meilleur buteur de Bundesliga, mais poussé vers la sortie par le Bayern Munich. Un transfert que tout le monde regrettera.
En 2003, alors que les températures estivales sévissent en France, il y a un endroit dans l’Hexagone où l’on sue particulièrement. Sacré champion de France pour la deuxième fois consécutive, l’Olympique lyonnais voit la tête de gondole de son projet s’en aller. Sonny Anderson fait ses valises direction Villarreal. Jean-Michel Aulas a beau dire que « Sonny est irremplaçable » le soir du deuxième titre, l’OL doit trouver quelqu’un pour remplacer sa star. Alors qu’ils venaient de trouver un accord avec Monaco pour le transfert de Shabani Nonda, le Congolais refuse de s’envoler quelques kilomètres plus au nord et de rejoindre les Gones. Ces derniers se tournent vers Fernando Morientes, mais finissent par laisser tomber le goleador du Real Madrid pour finalement se rabattre sur Giovane Élber, l’attaquant du Bayern Munich, meilleur buteur de Bundesliga, tout juste champion pour la quatrième fois avec les Bavarois.
Un match OL-Monaco
« Le Bayern voulait recruter Roy Makaay, et mon contrat expirait l’année suivante, expliquait-il au site brésilien Trivela. Ils pensaient que si je restais une saison de plus, je partirais gratuitement. Ils ont donc tout fait pour que je m’énerve et que je décide de claquer la porte. Comme ça, ils récupéraient un peu d’argent avec mon transfert. Ils m’ont clairement dit que si je restais, c’était pour être sur le banc ou en tribunes. Je me suis dit :« Je ne veux pas être payé à être en tribunes. Je veux jouer au football. » » Mais le club qui tient la corde dans ce dossier n’est autre que… l’AS Monaco, qui cherche désormais à remplacer Shabani Nonda, gravement blessé fin août. C’est finalement les Lyonnais qui cassent la ligne les premiers et au dernier moment pour chiper l’international brésilien (15 sélections, 7 buts). « Disons que, dans ce match, Monaco a mené pendant 88 minutes, avant que Lyon ne marque le but décisif dans les derniers instants. Le plus grand professionnalisme de Lyon a fait la différence, résumait parfaitement Élber dans France Football. Sagnol et Lizarazu me conseillaient plutôt d’aller à Monaco. Mais quand j’ai choisi Lyon, ils m’ont dit que j’arrivais dans le Bayern français ! »
Ainsi donc, Lyon annonce l’arrivée de l’international brésilien, le 27 août 2003, pour la somme de 4,2 millions d’euros. « On est tous très contents d’avoir réussi à le récupérer. On avait besoin d’un attaquant pour compenser le départ de Sonny Anderson. On essaie de l’intégrer au plus vite. C’est un joueur d’expérience, et on a l’aide des Brésiliens qui lui expliquent le fonctionnement et les habitudes de jeu de l’équipe », se réjouissait Paul Le Guen, le coach lyonnais, avant un match à Guingamp. L’attaquant de 31 ans reprend même le numéro 9 que Sonny Anderson avait laissé vacant. « Sonny a fait l’histoire de l’OL, mais je promets de bien porter le n°9, le même que le sien, et de faire aussi bien, sinon mieux que lui », assurait alors Élber lors de sa présentation. Tout faux.
Regrets et larmichette à Munich
Alors qu’il sortait du meilleur exercice de sa carrière sur le plan comptable avec 31 buts et 10 passes décisives en 48 matchs, il inscrit 15 buts pour sa saison inaugurale à l’OL. C’est la première fois depuis 1995 qu’il fait trembler les filets moins de 20 fois. Rapidement, il commence à regretter Munich et prend le championnat de France en grippe. « Je n’ai pas réfléchi quand je suis parti du Bayern. Et en arrivant à Lyon, j’ai regretté. Pour le style de jeu, pour le championnat français dans son ensemble », analysait-il quelques années plus tard. Avec Lyon, il remporte tout de même un titre de champion de France et s’offre le luxe de marquer le but de la victoire lyonnaise à Munich face au Bayern (2-1), en phase de poules de la Ligue des champions. Il célèbre la larme à l’œil, alors que le Stade olympique crie son nom et lui offre une standing-ovation lors de sa sortie.
La saison suivante se passe encore moins bien que la première. Blessé et en conflit avec Jean-Michel Aulas à propos du traitement de cette blessure, qu’il est allé soigner au Brésil, Élber rompt, à l’amiable, son contrat avec l’OL, restant sur un bilan de 17 buts en 43 matchs. « Si j’avais la possibilité de revenir en arrière, j’aurais changé ma décision d’aller à Lyon. Non pas que ce soit mauvais, mais j’étais habitué à un autre rythme de football et de vie. Ma famille a beaucoup souffert. Il aurait été préférable de rester au Bayern ou d’aller dans un autre club, peut-être même de retourner au Brésil. C’est dommage que je sois revenu vieux et criblé de défauts. Si j’étais revenu un an plus tôt, j’aurais pu faire du bon travail », admet-il finalement en 2006. Après un très court passage de quatre matchs au Borussia Mönchengladbach, Élber revient sur le territoire de la mère-patrie et joue six mois à Cruzeiro. Perclus de douleurs, il raccroche finalement les crampons fin 2006 et retourne au Bayern en tant que recruteur/ambassadeur. Comme un prince, Élber.
Par Léo Tourbe