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Giorgio Chiellini-Juventus : l’amour dure encore deux ans
Incroyable, mais vrai : Giorgio Chiellini n'était plus un joueur de la Juventus au moment de soulever le trophée Henri Delaunay, le 11 juillet dernier. Libre comme l'air, le capitaine de l'Italie championne d'Europe ne rêvait pourtant que d'une chose : prolonger avec sa Vieille Dame. Ce mardi, son vœu a été exaucé, le défenseur qui fêtera ses 37 ans dans dix jours ayant signé un nouveau contrat avec les Bianconeri jusqu'en 2023. Un joli symbole après deux années de galère.
Le suspense était aussi intense que dans un épisode de Columbo. À l’instar des atermoiements d’un certain Argentin en Catalogne, il ne faisait aucun doute que Giorgio Chiellini allait poursuivre son aventure avec la Juventus. « Une fois que j’ai compris que mon corps pouvait tenir le coup, cette prolongation était une formalité », a réagi le principal intéressé sur les chaînes officielles du club turinois après avoir signé un nouveau contrat jusqu’en 2023, ce mardi. Si ce physique lui avait permis d’être affublé du surnom de King Kong, il vacillait depuis deux ans. La faute à une rupture des ligaments croisés, qui lui ont fait rater 90% de la saison 2019-2020, puis à des petites blessures musculaires qui l’ont empêché d’enchaîner les matchs avant l’Euro. À 35 ans passés, ces maux mettent plus de temps à se résorber. Puis vint la parenthèse enchantée.
Ses jours heureux
Du 11 juin au 11 juillet, Chiellini a oublié qu’il voguait paisiblement sur sa 37e année. Tout au long d’un mois de rêve pour la Nazionale, le compère de Leonardo Bonucci est sorti vainqueur de nombreux duels de titans. Le kral Burak Yilmaz ? Inexistant. Le golgoth Romelu Lukaku ? Éteint. Le prince Harry Kane ? Muet. Des références au poste d’attaquant réduites au silence par un Chiellini au sommet de son art. Pas toujours beau à voir, ce qu’il assume, mais solide comme jamais et imperturbable. Un joli tableau, mais aussi quelques zones d’ombre, à commencer par cette contracture survenue contre la Suisse, signe qu’une rechute n’est jamais très loin. Puis, une vivacité mise à mal par des Espagnols remuants – mais terriblement maladroits –, ou un Bukayo Saka dont la course fut stoppée illicitement par un geste devenu désormais un mème. Deux points noirs qui n’ont certes pas empêché Chiellini de devenir champion d’Europe. Mais gare aux histoires d’amour estivales, qui ne débouchent pas toujours sur des idylles endiablées le reste de l’année.
Prolonger pour gagner d’autres trophées
Cet épisode européen entre Rome, Munich et le territoire britannique conserve cependant de nombreux enseignements positifs. Il a permis de raviver la flamme avec son compère de toujours, Leonardo Bonucci, dont le niveau est chancelant depuis son retour à Turin en 2018. De bon augure pour la saison 2021-2022 qui se profile, puisque la sérénité défensive ne caractérise plus vraiment les Bianconeri (entre 20 et 30 buts encaissés de 2011 et 2019, 38 et 43 lors des deux derniers exercices). Cette prolongation peut toutefois être une nouvelle preuve de la défaillance de la vision à long terme des dirigeants turinois. Si Giorgio Chiellini avait plié bagages, les centraux d’expérience auraient été Bonucci, Matthijs de Ligt, et Merih Demiral.
Sauf que le Turc est en partance pour l’Atalanta afin de compenser le départ de Cristian Romero… qui appartenait encore à la Juve l’été dernier. Et l’incertitude plane sur ce que peut apporter le bizuth Radu Drăgușin, ou le chauffeur de banc Daniele Rugani. Qu’importe, le natif de Pise ne sera pas là pour faire de la figuration. Il a plusieurs objectifs en tête pour ces deux prochaines années. Remporter au moins le scudetto avec le revenant Massimiliano Allegri, la Ligue des champions étant peut-être un rêve encore trop lointain. Puis participer à la Coupe du monde 2022. « C’est dans plus d’un an, a-t-il lâché dans un sourire à Juventus TV. Pour l’instant, je profite de l’instant présent. Si je me sens bien alors je serais heureux de participer, sinon ce n’est pas grave. » King Kong aura alors 38 ans, son copain Bonucci à ses côtés, et une envie très spéciale avant de raccrocher : se hisser sur le toit du monde.
Par Aurelien Bayard