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Ginter 2, le jugement dernier
Il y a deux ans, Matthias Ginter se payait le luxe d'une virée au Brésil avec la Nationalmannschaft de Joachim Löw. Sans jouer une seconde, il finissait champion du monde au bout des quatre semaines de tournoi. Cet été, il revient dans la peau d'un aspirant olympique. Et pour gagner, encore une fois.
« C’est incroyablement beau de revenir au Brésil. Ici, j’ai plein de souvenirs positifs qui me reviennent, comme l’escale à Rio pour débuter et le fait d’être maintenant à Salvador, où nous avions commencé le tournoi en 2014 et dormi dans le même hôtel. » Pour son été, Matthias Ginter a choisi de s’offrir un petit revival de la dernière Coupe du monde, pépère. Le défenseur du Borussia Dortmund revient sur un terrain qu’il connaît bien. Mais il n’est pas là pour la déconne. À 22 ans, il est probablement l’un des joueurs les plus expérimentés, déjà, du groupe allemand pour les JO et celui qui va pouvoir le plus facilement guider ses coéquipiers pour aller jusqu’à la finale au Maracanã. Parce que Ginter a déjà parcouru les hôtels et les stades, parce qu’il connaît les habitudes à prendre pour aller au bout de l’aventure. Alors il poursuit, toujours au sujet de Salvador : « La dernière fois que nous avons mis les pieds ici, nous avons réalisé un superbe parcours. Maintenant, nous voulons écrire une nouvelle page remplie de succès… » Ginter n’est pas au Brésil pour un voyage souvenir, ni pour montrer ses diapos aux copains. Il revient pour en découdre et montrer de quel bois il est fait.
Ginter, deux ans d’à peu près
Pourtant, il y a seulement trois mois, Matthias Ginter venait de prendre un petit coup au moral. Pour l’Euro, Joachim Löw avait fait le choix de se passer du minot qu’il avait emmené à la Coupe du Monde deux ans plus tôt. Ginter ne fait même pas partie des réservistes, et part directement en vacances, sans pouvoir espérer d’être rappelé, même lorsque Rüdiger est finalement forfait sur blessure. La nouvelle grosse compétition de la Nationalmannschaft se fera sans lui, signe que sa carrière patauge légèrement depuis deux ans. Pourtant, Ginter a opté pour un gros d’Allemagne. Dans la foulée du mondial, comme prévu, il est parti de son club formateur – le SC Fribourg – pour rejoindre le plus huppé et médiatique Borussia Dortmund. La suite n’est pas si heureuse. Ses débuts sont difficiles. Il fait quelques boulettes et rejoint doucement le banc des remplaçants, trop loin dans la hiérarchie pour gratter un temps de jeu régulier en BuLli ou en Pokal. Même lorsque la troupe de Klopp dégringole à la dernière position du championnat au moment de la trêve, derrière Fribourg, Ginter est toujours considéré comme en apprentissage, comme un talent à laisser en affinage. L’arrivée de Tuchel lui donne heureusement un coup de boost au moment d’enchaîner sa deuxième saison. Ginter s’épanouit dans son nouveau rôle improvisé de latéral droit, sans pourtant s’imposer définitivement dans le onze titulaire, et glisse vers les non-appelés de la Mannschaft au plus mauvais moment. Lorsque Jogi Löw balance sa liste, le grand blond n’est plus à l’ordre du jour. Le vent a tourné dans le mauvais sens.
Ginter, deux ans après
« Avant la trêve estivale, j’ai parlé [après la déception de la non-nomination par Jogi Löw, ndlr] avec Horst Hrubesch et je lui ai dit que je voulais absolument disputer les Jeux olympiques, raconte Ginter aujourd’hui. C’est super que le BvB ait donné son accord et que je sois là. » Ginter a donc négocié avec Tuchel pour louper une partie de la préparation estivale, alors que le technicien semble prêt à lui accorder sa confiance pour la saison à venir. Mais s’il revient pour les JO, c’est aussi parce qu’il connaît autant le pays que l’enjeu : un nouveau titre. « C’est une occasion qui ne se présente pas souvent et qu’on doit saisir avec plaisir, explique-t-il. Les Jeux olympiques constituent un événement à part… Tout le monde dans le groupe est très motivé, nous sommes très doués malgré le peu de temps que nous avons eu pour nous préparer, et nous voulons à tout prix atteindre la finale à Rio. » Car cette olympiade est aussi, autour de Ginter, l’histoire d’une génération ; là où son intégration express avant le mondial achevait le couronnement de joueurs bien plus âgés. La bande à Ginter est celle qui a échoué il y a un an, en demi-finale du championnat d’Europe U21, alors que sur le papier elle rassemblait une sacrée panoplie de talents imbattables. Pour les Horn, Brandt, Gnabry et Meyer, cet objectif de la médaille d’or permettrait d’effacer la déception de l’été dernier. Pour Ginter, plus encore, celle des deux années précédentes. Alors on ne pourra plus remettre en cause son talent et sa place. Avec deux titres mondiaux en deux ans, son jugement dernier serait clair : Ginter est fait pour être parmi les meilleurs et ne peut plus être l’oublié des listes de la Mannschaft.
Par Côme Tessier