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Giménez, la jeunesse et les questions folles
Invaincu lors de ses six derniers matchs, l'Atlético de Madrid a repris de son assurance défensive. Un retour à la normale qui doit beaucoup aux solides prestations de Raúl Giménez. Joli bébé de 19 ans, l'Uruguayen est aussi fort en gueule que dur au mal. Présentation d'un joueur qui, en plein match, pose des questions folles à ses adversaires.
Il ne lui a fallu que 16 tours de cadran. En un contrôle et une reprise ultra-rapide, il trouve la lucarne de Przemysław Tytoń, portier d’Elche, et évite à tous ses coéquipiers de se rendre la partie plus compliquée. Cerise sur la défense, il termine la rencontre comme un grand, sans carton et sans but encaissé. Lui, c’est José María Giménez de Vargas, 19 ans. Un blase de bon chrétien, mais une dégaine de narco-trafiquant. Tatouages en évidence – il en compte 15 sur tout son corps –, crête digne du meilleur Balotelli sur le casque, il est le futur de la défense centrale de l’Atlético de Madrid et de la Céleste. Et leur présent. Même si le retour de Miranda est annoncé pour ce dimanche face à Villarreal, le mérite du jeune Giménez durant ses plus de trois semaines d’intérim n’est pas à minimiser. En vrai, tout sauf une surprise malgré ses seules cinq apparitions en Liga et deux en Copa del Rey. Car le gamin est un précoce.
Son truc, les questions cons
Retour le 13 septembre 2013. Pour sa deuxième sélection, la Céleste affronte la Colombie. Giménez doit se coltiner un certain Radamel Falcao. Le Tigre est muselé et passe un match quelque peu surréaliste. Pendant les 90 minutes qu’ils passent côte à côte, José Giménez ne cesse de lui poser des questions capillotractées : « Tu as une caisse à Madrid ? » , « Tu sais pourquoi les drapeaux de la Colombie, du Venezuela et de l’Équateur ont les mêmes couleurs ? » « Je suis devenu fou » , confessera Radamel après la rencontre où ses coéquipiers et lui s’inclinent 2-0. Une attitude malicieuse, ou tout simplement étrange, qui fait de lui le disciple de Luis Suárez. La relève, il la prend des pieds du capitaine courage de l’Uruguay, Diego Lugano. Convoqué pour la première fois à 18 ans, il fait même partie de l’escouade uruguayenne du rendez-vous brésilien de juin dernier. Une sélection qui a surpris, sauf au pays, mais qui n’a déçu personne. Titulaire aux côtés de son comparse matelassier Godín, il a été aligné lors de chaque rencontre par son sélectionneur.
Son acclimatation ultra-rapide, il ne se l’explique pas. « Parfois, je ne sais ni où je suis ni comment je suis arrivé ici (…). Mes débuts en Première Division, mon arrivée à l’Atlético de Madrid, la sélection espoir et désormais être avec l’absolue, c’est beaucoup, je ne peux toujours pas y croire. J’y pense, et je suis ému » , glisse-t-il lors de son arrivée au moment de son appel pour le Mondial brésilien. Cette ascension incroyable, effectuée en un peu plus d’un an, il la doit en grande partie à son super Mondial U-20 de 2013. Véritable mur, il est alors repéré par l’Atlético de Madrid, qui l’achète illico au Danubio Football Club. Sous les ordres de Diego Simeone, il parfait son apprentissage aux côtés de Diego Godín et João Miranda, références dans leur domaine. Retour de bâton, il ne joue quasiment pas, tant ses deux comparses sont indispensables aux parcours extraordinaires des Colchoneros en Europe et en Liga. Au final, une première saison à seulement deux matchs en club, mais neuf capes en sélection.
Intermède dans l’axe
Son bon Mondial aidant, il accumule plus de temps de jeu avec l’Atlético depuis le début de la saison 2014/15. Si la principale raison de ses titularisations en cascade est bien la blessure de Miranda lors de la dernière trêve internationale, il a également su convaincre son coach. Diego Simeone, jadis joueur pitbull, aime les joueurs qui vont au charbon. Ça tombe bien, Giménez adore ça. Pas encore âgé de 20 ans, il serait « un enfant au corps d’adulte » , selon des employés du club. Avec 185 centimètres et une admiration de Fabio Cannavaro à faire valoir, il fait mieux que de se maintenir. Des dires que confirme Sebastian Taramasco, adjoint de Tabárez, au journal uruguayen Derechos Exclusivos : « Il a tout pour faire partie du onze titulaire, que ce soit physiquement, techniquement et tactiquement. » Pour le Cholo, il est une éponge qui boit ses paroles divines. Après la défaite à Valence (3-1), il aurait pointé le jeune Uruguayen en exemple face à l’apathie de ses poulains. Durant son intermède dans l’axe de la défense, l’Atlético a remporté cinq de ses six matchs (un nul face à la Juve) et n’a encaissé qu’un seul but. Good job, Bob.
Par Robin Delorme, à Madrid