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Gilmar à la plage

Par Javier Prieto Santos et Vincent Riou, à Rio de Janeiro / Photos : Renaud Bouchez
4 minutes
Gilmar à la plage

Gilmar Popoca a été la doublure de Zico à Flamengo dans les années 80 et vice-champion olympique avec le Brésil en 1984. Allongé sur le sable, Gilmar nous parle de football, plaisir, politique et crise du football carioca. Et tout ça en slip de bain.

Ce n’est pas là, à une centaine de mètres au sud du poste 5, que la plage de Copacabana est la plus large. Mais c’est peut-être bien ici que sévit le plus élégant des footballeurs du dimanche matin. Slip noir, dents blanches, peau caramel, Gilmar Popoca a la silhouette d’un jeune quinqua qui s’entretient. Conduite de balle tête haute, ouverture millimétrée : l’homme a de beaux restes. Malgré son titre de meilleur buteur et meilleur joueur des JO de Los Angeles en 1984, le Brésilien garde encore en travers de la gorge la défaite en finale contre la France de « William Ayache et Daniel Xuereb » . « Aujourd’hui encore, quand j’écoute l’hymne français, je le trouve toujours aussi beau qu’énervant : il me rappelle que je suis passé à côté de l’or ; la plus grande défaite de ma vie. » Quand il rembobine le film de sa carrière, Gilmar en a peu, des regrets : il a joué à Santos, le club de son idole, Pelé, mais surtout, pendant cinq ans, il a été la doublure du Pelé Blanc, Zico, à Flamengo. « Il ne se blessait pas souvent, informe tout de go Gilmar. En fait, j’entrais surtout quand il fallait marquer un but. Je prenais sa place et lui se positionnait plus près de la surface de réparation. Jouer avec lui, c’était merveilleux, pfff… Un peu comme jouer sur un nuage. » Au final, plus de 100 matchs et une trentaine de buts au compteur, quand même. En 1987, la Juve propose même au plan B des Rubronegros de devenir le successeur de Platini. Flamengo se paie alors le luxe de refuser la proposition italienne. Une autre époque. « Les joueurs étaient les esclaves des clubs » lance celui qui a quand même papillonné dans tout le Brésil avant de se reconvertir dans l’éducation physique, puis comme formateur, aujourd’hui, des moins de 13 ans à Flamengo.

« Si tu veux recevoir de l’argent, il suffit de faire des gosses »

Né à Manaus, en plein cœur de l’Amazonie, Gilmar se revendique désormais carioca : « J’habite à Copacabana, j’aime la mer. Quand je me suis marié pour la première fois, je suis allé vivre dans un quartier résidentiel, une prison dorée où il n’y a rien à faire. J’étouffais. Ici, je respire. » Gilmar aime le bruit, la nuit, les rencontres. « Dans cette ville, si tu es triste, tu vas dans les bars, tu peux écouter de la musique, boire un coup. Rio n’a pas changé depuis que je suis arrivé ici pour la première fois. Il y a plus de bonnes que de mauvaises personnes. C’est une ville qui arrive toujours à te réconcilier avec la vie. » Moins avec le réveil. Quand il jouait à Flamengo, les horaires des entraînements étaient d’ailleurs des plus aléatoires : « Entre les mecs qui sortaient la veille, et ceux qui avaient pris une bière de trop, c’était compliqué…C’est moins le cas aujourd’hui, mais ça existe encore. Ronaldinho, par exemple, passait toutes ses journées à danser quand il jouait pour Flamengo. Il faut avoir beaucoup de concentration pour ne pas dérailler » confesse-t-il avant de détailler sa journée de footballeur carioca des années 80 : à 11h, après l’entraînement du matin, plage pour « reluquer les belles filles. » Une manière comme une autre d’attendre la deuxième session d’entraînement de la journée. Un bon before, en réalité, pour « profiter de la nuit et de tout ce qu’elle peut t’offrir. »

Si Gilmar le jouisseur reconnaît son Rio d’antan, il a plus de mal à s’enthousiasmer pour le football moderne : « Le jeu de malice, d’instinct et d’habileté, qui caractérisait notre football est mort, regrette-t-il. À force de travailler la tactique, on est devenus des robots. Mais comment tu veux être bon si tu ne bosses pas avec le ballon ? » Si Gilmar a mal à son futebol, il souffre aussi en tant qu’électeur. « Dilma Rousseff serait réélue alors que la seule chose qu’elle fait, c’est encourager la pauvreté. On a des allocations pour tout aujourd’hui. Si tu veux recevoir de l’argent, il suffit de faire des gosses. Il y a des mineures qui tombent enceinte juste pour les allocs. » Plus encore que le boom démographique, c’est le lifting du Maracanã qui écœure Gilmar. Un stade dans lequel il a vécu son premier frisson de joueur professionnel. « C’était lors d’un Fla-Flu, devant 130 000 personnes » . Il avait alors 19 ans et une seule ambition : « Etre un joueur différent qui faisait des choses différentes. À l’époque, c’était obligé vu la concurrence qu’il y avait en sélection et à Flamengo. Que des cracks ! » . Aujourd’hui, la Seleção joue sans numéro 10 dans une enceinte aseptisée. Merci le Mondial : « Le Maracanã, c’était de la passion, et maintenant, c’est juste une histoire de fric. C’est un mythe du foot brésilien qu’on a privatisé ! Si tu vas au stade et que tu ne peux pas payer à boire ou à manger à tes gosses, où est le plaisir ? » Le plaisir, désormais, Guilmar le prend dans un slip noir et du sable plein le dos.

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Par Javier Prieto Santos et Vincent Riou, à Rio de Janeiro / Photos : Renaud Bouchez

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