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Gilles Peterson : « Wenger doit écouter un peu de Wayne Shorter »

Par Matthieu Rostac
7 minutes
Gilles Peterson : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Wenger doit écouter un peu de Wayne Shorter<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Bien qu'il soit franco-suisse, Gilles Peterson a passé quasiment toute sa vie à Londres. Au Nord, plus précisément. Toujours tout près des Gunners d'Arsenal. De fait, Peterson voue un culte à Arsène Wenger et Ian Wright, tout en déplorant le manque d'intérêt culturel des footballeurs modernes. Rencontre avec un homme qui a un jour « oublié ses disques pour un concert parce qu'[il] avai[t] rencontré Gilberto Silva quelques heures avant ».

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Quel est ton rapport au football ?

C’est assez simple. J’ai supporté Arsenal plus ou moins toute ma vie. Mais vu que mon père est suisse, que ma mère est française, que je suis né à Caen et que je suis parti en Angleterre à trois ans, je n’ai pas vraiment vécu cette tradition anglaise du père qui te donne son club tout jeune. Donc j’ai dû me trouver mon équipe moi-même. J’ai commencé par Wimbledon et quand je suis monté dans le Nord de Londres vers Finsbury Park, quand j’avais dix-sept ans, j’ai trouvé Arsenal. Mais tu vois, mon premier match au stade, à l’âge de douze ans avec mon grand-père français, c’était Arsenal contre Leeds United. Désormais, je suis abonné. Ça fait vingt-cinq, trente ans. Je fais même les déplacements quand je peux. Cette année, j’ai fait Liverpool, Southampton, WBA. Cette année, on n’a pas eu de chance. On a eu des blessés au mauvais moment, sans profondeur de banc. Ramsey, Koscielny, Wilshere, ils se sont tous blessés en février dernier, quand on avait le plus besoin d’eux, au moment de reprendre la Ligue des champions. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’on a des moyens modestes comparés aux équipes d’oligarques qui paient en pétrole. Mais là, je suis très heureux parce qu’on a gagné une Coupe cette année et surtout, l’Atlético vient de mettre une bonne claque à Chelsea. Mourinho est un excellent entraîneur, mais il me prend la tête. Il fait ça pour m’énerver. Enfin, il fait ça pour énerver tout le monde. Et finalement, il n’a pas beaucoup de classe et je crois que ça, ça va finir par le rattraper. En revanche, forcément, j’adore Wenger. Il a fait un boulot incroyable à Arsenal même si, là, on sent qu’il est fatigué. En même temps, après une dizaine d’années à vivre intensément le football quotidiennement… T’imagines ? Tous les jours, les mecs n’ont jamais un moment pour eux ! Je ne sais pas comment ils peuvent vivre. Je crois que Wenger – et beaucoup de fans le pensent aussi – devrait monter en grade dans la hiérarchie du club et laisser un petit jeune faire l’entraînement à sa place. Un mec comme Simeone, comme Martinez. Ce serait intéressant de voir si ça peut marcher à Arsenal. Ceci dit, je lui donne encore un an.

Un an de sursis, donc ?

Tu sais, moi, je m’en fous que Chelsea ou Manchester City gagnent la Premier League parce que pour moi, ça ne veut rien dire. Ça n’a aucune valeur. Ces équipes-là dépensent tellement d’argent qu’au final, c’est la thune qui gagne. Et c’est pas une vraie victoire. L’Atlético, ça, c’est une vraie victoire ! D’un autre côté, je ne voulais pas que Liverpool gagne cette année parce qu’ils auraient été les premiers à gagner de belle manière le championnat… Avant nous, du coup ! (rires) Cette victoire aurait valu dix championnats pour Manchester City. Donc que Liverpool ne gagne pas, c’est très bien. Comme ça, on a toutes les chances de créer la surprise l’année prochaine ! (rires) Tout ça pour dire que si quelqu’un m’annonçait qu’Arsène Wenger aimait le jazz, je serais le plus heureux des hommes. On pourrait passer un très bon moment ensemble.

Ça m’étonnerait pas plus que ça qu’il soit fan de jazz.

Dans le temps, j’avais fait des trucs avec Arsenal. Même avant que Wenger arrive, durant la période Ian Wright, je faisais de la musique pour les joueurs dans des soirées du club ou privées. J’ai joué pour Kanu, Fàbregas, etc. Quand ils ont commencé à perdre, ils ont arrêté de m’utiliser, par contre ! Je pense que j’ai dû leur porter la poisse ! (rires) Mais Wenger, tu vois, je lui ai envoyé deux de mes bouquins : un sur le jazz, l’autre sur la musique brésilienne. Et j’ai jamais eu de retour de sa part. Du coup, je suis pas sûr qu’il aime le jazz. En même temps, il est tellement passé dans le foot… Mais je sais pas, j’ai toujours une petite voix en moi qui me dit qu’il doit écouter un peu de Wayne Shorter de temps en temps. On ne sait jamais. Quand tu l’entends en interview, tu le sens. Il a envie d’autre chose que de foot. Il a une belle vue sur la culture et pas seulement sur les pages sport du journal. Si je pouvais dîner avec une seule personne dans le monde entier, autour d’une bonne bouteille de vin, ce serait Arsène Wenger. Sans hésiter. Rien que pour lui demander pourquoi il a vendu Robin van Persie à Manchester United.

Je pense surtout qu’il n’avait pas le choix.

Oui, mais je veux qu’il me l’explique, tout ça ! 24 millions de pounds ? Sérieusement ? Et puis même, Van Persie, faire ça à Wenger ? Après tout ce que Wenger et le club ont fait pour lui ? Malgré son histoire de viol il y a dix ans, il l’a toujours soutenu. Alors qu’en face, les supporters des autres équipes se moquaient de lui et inventaient des chansons sur cette histoire de viol. Arsenal a vraiment protégé son joueur à ce moment-là. Ça aurait pu être très compliqué pour Van Persie. Regarde Abou Diaby, t’as vu la façon dont Wenger le supporte ? Ça fait vingt ans qu’il est blessé, ce joueur. Ben, on continue de payer son salaire toutes les semaines. Donc Wenger, he’s a good man. Il n’y a pas beaucoup de monde qui serait aussi patient que lui avec Diaby.

Si tu es fan depuis vingt-cinq ans, tu as donc connu l’avant-Wenger.

Oui. Mon vrai manager, c’est George Graham. Ensuite, on a eu Bruce Rioch. Rioch, il n’a fait qu’une seule chose pour le club, mais il l’a bien fait : il a fait venir Dennis Bergkamp. Mais le vrai mec important du club pendant toutes ces années, c’était David Dein, le vice-président du club. C’est lui qui avait la vision, qui a vu le premier le potentiel et l’importance d’Arsène Wenger pour la suite. Je me rappellerai toujours le jour du premier match de Patrick Vieira. Je mangeais dans un petit restaurant à côté de Highbury qui s’appelait San Daniele. Et là, il est entré pour manger des spaghettis… Bon, maintenant, il est dans le staff de Manchester City. Je comprends pas. C’est avec nous qu’il devrait être. Faut pas oublier que la dernière fois qu’on a gagné quelque chose – une FA Cup – c’était grâce à Patrick Vieira.

Ton meilleur souvenir d’Arsenal ?

Ah, j’en ai tellement… Je dirais la finale de la Ligue des champions à Paris en 2006. Bien qu’on ait perdu ce jour-là. J’adorais l’époque de Highbury aussi parce qu’on pouvait vraiment parler avec les joueurs, ils étaient accessibles. C’est pour ça que j’ai toujours adoré Ian Wright. Un fan autant qu’un joueur. C’est un bon mec. Alors que la plupart des joueurs anglais sont pas forcément intéressants. Je pense qu’un mec comme Kompany, il est bien niveau musique. Tu l’entends quand il fait ses interviews. Pareil pour Ferdinand, mais ça, tout le monde le sait. Johann Djourou, aussi. Mais à part la musique, je suis pas sûr qu’ils aient beaucoup de centres d’intérêt.

Toi qui es fan de jazz, si tu devais comparer un footballeur à un musicien de jazz, ce serait qui ?

Je dirais que Suárez, c’est Charles Mingus. C’était un mec tough, il était connu pour être à moitié vilain. Un hard motherfucker ! Tu déconnais pas avec Charles Mingus. Olivier Giroud, il est plus Stan Getz. Il est smooth, il sent bon, tout ça ! C’est plus un sweet boy ! (rires)

Le nouvel album de Gilles Peterson, Sonzeira : Brasil Bam Bam Bam, sort le 19 mai chez Talkin’ Loud/Virgin EMI Gilles Peterson sera en concert à Nice pour le festival Crossover le 7 juin prochain La page Facebook de Gilles Peterson Gilles Peterson sera à Sète, du 30 juin au 6 juillet, à l’occasion du Worldwide Festival. Pour tout renseignement complémentaire.

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