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Gignac : un premier jour au Mexique
Cela ressemblait à une folle rumeur, à un transfert improbable, mais André-Piere Gignac va bien poursuivre sa carrière au Mexique, avec les Tigres UANL. On parle d'un contrat de trois ans. Récit de sa première journée à Monterrey.
André-Pierre Gignac n’a pas perdu de temps pour se mettre les fans des Tigres dans sa poche. Tout juste arrivé à l’aéroport de Monterrey, où l’international français était attendu par près de 300 fans, Gignac a fait le signe du double L, symbole des Libres y Lokos, la barra du club jaune et bleu. Manière de montrer qu’il sait exactement où il met les pieds, et qu’il ne vient pas au Mexique en touriste. « C’est vraiment un geste qui nous a surpris, nous dit Jonathan Llanes, l’un des organisateurs de la barra, on ne pensait pas qu’il nous connaissait déjà. » Dans la foulée de son arrivée, avec tambours et trompettes en fond sonore, APG twittait qu’il était à Monterrey pour « faire de grandes choses » . Aux journalistes pressants, il avait répondu en espagnol, une langue qu’il comprend bien et qu’il parle sommairement, pour servir le discours de circonstance – « je viens pour travailler, gagner la Copa Libertadores et le championnat. (…) Je pense que l’équipe est d’un excellent niveau » – avant d’enfiler un sombrero pour la photo, et de poser pour des selfies à chaque fois qu’il croisait des fans des Tigres. Une première journée dans la grande ville du Nord du Mexique rondement menée par celui qui sera le joueur le plus payé de l’histoire du championnat picante, avec un salaire évalué à 4 millions d’euros annuels.
André-Pierre Gignac n’a pas encore signé, ce qui ne devrait tarder, mais il s’est présenté particulièrement affûté à la visite médicale, jeudi après-midi. L’avant-centre français va bien poursuivre sa carrière au Mexique. Sur les pelouses du pays hispanophone le plus peuplé de la planète, il croisera le Paraguayen Roque Santa Cruz (Cruz Azul), l’ex-Niçois Dario Cvitanich (Pachuca), voire Ronaldinho, si ce dernier poursuit l’aventure avec Querétaro. Au quotidien, il gambadera aux côtés de l’excellent Egidio Arévalo, pilier de la sélection uruguayenne, du désormais ex-Villarreal Ikechukwu Uche, et de Nahuel Guzmán, gardien remplaçant de l’Argentine lors de la Copa América en cours. Comparer les Tigres à l’OM serait assez hasardeux, puisque l’on parle de deux championnats totalement distincts, mais le CV des nouveaux coéquipiers d’APG suggère qu’il sera loin de se la couler douce au Mexique. D’autant qu’il verra son quotidien marqué par la mauvaise humeur d’ « El Tuca » Ferretti, son nouvel entraîneur, dont le degré d’exigence le rappellera au bon souvenir de Marcelo Bielsa.
Au Mexique, Gignac n’était pas forcément connu du grand public avant que la rumeur de sa venue à Monterrey ne commence à bruisser, et conduise les supporters locaux à se renseigner sur la carrière d’un homme qui vient de claquer 21 buts en L1 sous les ordres de Marcelo Bielsa. « La réalité, c’est que je le connaissais parce que je l’avais affronté à FIFA » confie Jonathan Llanes. Trop heureux de voir leur club capable de débaucher un international français en pleine possession de ses moyens, alors que le Mexique est habitué à accueillir des stars en bout de course (cf Ronaldinho, Guardiola, Butragueño …), les fans des Tigres ont vécu dans l’ivresse la première journée de Dédé à Monterrey. À l’affût de la moindre nouvelle sur Twitter, ils épiaient aussi les moqueries françaises, qui n’ont pas manqué d’affluer quand le A de Gignac prenait la forme d’une tour Eiffel sur une banderole de bienvenue. Pour un Mexicain, la tour Eiffel, bien avant d’être un élément de l’écusson du PSG, est, avant tout, un symbole de la France. Les Tigres ont bien évidemment eux aussi leur Clásico, qui les oppose aux Rayados, l’autre grand club de Monterrey, où l’ex-OL César Delgado émargeait jusque début 2015. « En France, ils sont fâchés, mais qu’ils aillent se faire voir » s’emportait devant les blogueurs de GarraTigre l’agent péruvien Ronald Baroni, qui a accompagné Gignac et sa famille à Monterrey. Au Mexique, Gignac n’est pas loin d’être considéré comme le transfert le plus important de l’histoire de la LigaMX (nom du championnat) et pourra compter sur le soutien inconditionnel des fans des Tigres, qui remplissent les plus de 40 000 places de l’estadio universitario lors de chaque match à domicile. Des fans qui se disent « incomparables » , pour leur fidélité. Après la visite médicale, passée dans les installations de l’université du Nuevo León, qui donne ses couleurs jaune et bleue au club, André-Pierre Gignac a passé un petit moment avec des fans de la U, dont Jonathan Llanes. « On a senti quelqu’un d’ouvert, on lui a donné un maillot de notre barra et il a enlevé le maillot officiel du club pour l’enfiler, ça nous a touchés, il était vraiment tranquille, le service de sécurité le pressait, mais lui prenait son temps. Après, j’ai aussi entendu des gens dire que c’était facile d’être détendu vu ce qu’il va gagner. »
Les Tigres sont un club riche, détenus par la multinationale CEMEX, spécialisée dans les matériaux de construction. Un club qui avait la réputation de mal dépenser, avant qu’un changement de direction, en 2010, ne le mette sur la voie du succès. Trois fois champion du Mexique au cours de leur histoire, les Tigres ont terminé en tête de la saison régulière du Torneo Clausura 2015, avant de chuter en quarts de finale. Une élimination qui peut être mise sur le compte de la fatigue engendrée par leur épopée en Libertadores, qui reprendra le 15 juillet, à Porto Alegre, face à l’Internacional de Lisandro López, Nilmar et D’Alessandro. Une demi-finale aller qui devrait faire office de premier match officiel sous ses nouvelles couleurs pour APG. En attendant, l’ex-Lorientais devrait partir dimanche matin, avec ses coéquipiers, au stage de pré-saison, qui se tiendra en bord de plage, dans le Sud du Mexique. Et ce ne sera pas pour une nouvelle saison des Marseillais à Cancún…
Par Thomas Goubin, au Mexique