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Gignac de retour en Bleu : ohlala Tequila !
Oublié par Didier Deschamps depuis la fin 2014, André-Pierre Gignac fait un retour, plutôt inattendu, en équipe de France. Jouer au Mexique n'avait donc rien d'un obstacle insurmontable, même si l'ex-Marseillais a bénéficié de circonstances favorables...
Puisqu’il n’était plus pris en considération, qu’il n’existait plus aux yeux du sélectionneur, ou qu’il croyait qu’il en était ainsi, André-Pierre Gignac avait décidé de ne pas s’accrocher à un mince espoir de revenir dans les 23. Plutôt que mendier pour des miettes, il avait préféré faire abstraction de la possibilité de disputer un Euro au moment de choisir son nouveau club, et avait choisi de prendre le grand large. En homme libre. Car, pour Gignac, l’affaire était entendue. « Quand vous êtes 2e meilleur buteur du championnat, avec 21 buts, à l’OM, où il y a de la pression, et qu’on ne vous appelle pas pour les matchs amicaux… Je considère que c’est difficile, avait-il déclaré fin août dernier, à Téléfoot. C’est une cote à 1 contre 100. » Autrement dit, ce n’était pas le Mexique qui l’écartait définitivement des Bleus, mais son avenir bouché en sélection qui lui avait laissé toute latitude au moment de se choisir un nouvel employeur. Mais APG avait-il réellement abandonné tout espoir, malgré son attitude publique de résignation ? La question mérite d’être posée, d’autant que son nom apparaissait toujours dans les pré-convocations.
Margarita, margaritas et Didier
Quand Deschamps a donné sa liste, il était 7h du matin à Monterrey. Sitôt levé, APG s’est réjoui sur Twitter d’appartenir de nouveau aux 23 pour la première fois depuis novembre 2014. Bien entendu, Gignac a bénéficié de circonstances favorables, entre la méforme d’Alexandre Lacazette, la blessure de longue durée de Nabil Fekir, et la mise en examen de Karim Benzema, des hommes qui le devançaient dans la hiérarchie que dessinaient les dernières convocations de DD. Mais Gignac doit surtout son retour à une bonne habitude qu’il n’a pas perdue en quittant Marseille : celle de marquer but sur but. En treize matchs de championnat avec les Tigres, APG a fait trembler les filets à dix reprises, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur de la LigaMX. Un tournoi qu’il a pris en route, lors de la troisième journée. Vrai passionné, Gignac a aussi participé à un tournoi organisé par la barra Libres y Lokes, et dispose aujourd’hui de son chant personnalisé sur l’air de Hey Jude. Par son abnégation, Dédé a montré à DD qu’il n’était en rien venu au Mexique en pensant mener une existence de pré-retraité. À ses amis chez les Bleus, Gignac aura beaucoup à raconter, lui qui est passé de Margarita aux margaritas… Le frisson de jouer une finale de Copa Libertadores, l’ambiance bouillante du Volcan (surnom du stade des Tigres), l’épreuve suffocante de jouer sur les hauteurs de Mexico (2240m) le dimanche à midi, ou la gestion de son statut de star qui a même conduit des fans des Tigres à nommer leur bébé « André Gignac » . Mais, avant de prendre l’avion pour Paris, le Français devra se rendre à Veracruz, vendredi, pour l’avant-dernier match de la saison régulière. Décevants ses dernières semaines, les Tigres, où évoluent des internationaux comme l’Uruguayen Egidio Arévalo et le portier argentin Nahuel Guzmán, tâcheront d’y valider leur qualification pour la Liguilla, les play-offs sauce picante. Autres latitudes, autres mœurs…
Le premier Français jouant hors-zone UEFA à être sélectionné
Bien entendu, au Mexique, on s’est réjoui de la nouvelle, alors que la presse et une partie des fans s’étaient sentis offensés que l’on considère dans l’Hexagone qu’évoluer en LigaMX rayait définitivement APG de toute possibilité d’obtenir une 22e sélection. Il n’existe toutefois aucun précédent : jamais un joueur français n’a été convoqué alors qu’il évoluait en Amérique (du nord au sud), ni même en officiant en dehors de la zone UEFA. Il y a donc quelque chose d’historique dans cette décision de Deschamps, et une opportunité, peut-être unique, pour Gignac, de marquer les esprits, face à l’Angleterre et l’Allemagne, selon le temps que lui accordera le sélectionneur. « Gignac continue à marquer des buts. Il garde la forme athlétique qu’il avait à Marseille. À lui de profiter des deux sélections et du temps de jeu qu’il aura » , a d’ailleurs considéré le sélectionneur. En rappelant APG, mais aussi Hatem Ben Arfa, Dider Deschamps a, en tout cas, montré qu’il plaçait les intérêts de la sélection bien au-dessus de ses rancunes personnelles. Bref, qu’il ne faisait pas forcément d’ « enculeries » .
Par Thomas Goubin, au Mexique