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- Gibraltar-France (0-3)
Rendez-nous notre vendredi soir !
Il y avait 1000 façons de démarrer le week-end, et mater ce Gibraltar-France figurait sans aucun doute en bas du panier, tant il a été pauvre en enseignements et en plaisir.
Même Monsieur Aranovskiy a préféré abréger les souffrances de chacun. À 22h37, l’arbitre ukrainien s’est permis de siffler la fin de cet interminable Gibraltar-France avec quinze secondes d’avance, réveillant un tiers des spectateurs et soulageant un autre tiers, les yeux usés par la fatigue, tandis qu’une dernière partie avait probablement déjà zappé pour se mater un énième épisode de Cauchemar en cuisine. Une semaine après la finale de la Ligue des champions, moins de 48 heures après le début d’un Final Four haletant en Ligue des nations, le football de sélections a repris ses droits et proposé ce qu’il sait faire de mieux toutes les années impaires : pas grand-chose.
Des barres sans sourires
Ce n’est un secret pour personne : les rencontres internationales du mois de juin sont les plus difficiles à suivre en direct, entre la fatigue physique et mentale des joueurs ainsi que des oppositions parfois inégales. En affrontant la 201e nation au classement FIFA, le plus faible adversaire de son histoire, et après une saison exceptionnellement éreintante à cause de la Coupe du monde au Qatar, il semblait évident que ce match ne serait pas une orgie de football. Au point de proposer une telle bouillie ? Soyons sérieux. Les Bleus ont proposé une mauvaise copie d’une équipe dirigée par Pep Guardiola (31 tirs, 9 cadrés, 82% de possession) face à des adversaires officiellement crédités de deux frappes ce soir (aucune cadrée) et bien heureux de jouer sur une pelouse dans un état douteux, dans la chaleur de Faro au Portugal. Aucune émotion, aucun saut au plafond, pas même une once de plaisir à voir les joueurs de Didier Deschamps s’imposer (0-3) grâce à une tête d’Olivier Giroud, un penalty de Kylian Mbappé et un CSC, ni même de frustration en voyant les vice-champions du monde toucher du bois à quatre reprises.
4 – La France a touché les montants à 4 reprises ce soir, co-record pour les Bleus depuis qu’Opta récolte ces données (2006). Manqués. #GIBFRA pic.twitter.com/2PAAikQ47b
— OptaJean (@OptaJean) June 16, 2023
Résultat des courses : aucun bilan à tirer de cette confrontation qui ressemblait plus à un match improvisé sur le terrain d’honneur du village qu’à un match comptant pour les qualifications à l’Euro 2024. Qu’il s’agisse des Bleus, fainéants et/ou croqueurs, à l’instar de leur capitaine, ou des joueurs de Gibraltar, dont le niveau était malgré tout à des années-lumière des Français, tout le monde a sa part de culpabilité dans un match à l’image des tribunes de l’Estádio Algarve ce soir : vide.
Et Deschamps ne s’est pas fait prier pour achever l’audience juste après la fin de la rencontre. « On est venus pour gagner, être efficaces, mais on ne met que trois buts, a-t-il lâché au micro de TF1, plus pragmatique et cynique que jamais. On aurait pu mieux faire, mais bon. Les intentions étaient bonnes, mais il manquait quelque chose pour les mettre en difficulté. Ils n’ont pas pris beaucoup de buts, après sans les poteaux et les barres… on pouvait marquer plus. Je ne cherche pas d’excuses, on aurait pu mieux faire, mais on a fait le job. » En étant aussi pragmatique que le sélectionneur des Bleus, on peut se réjouir des premières capes pour Brice Samba et Wesley Fofana – dont les temps d’antenne étaient infimes ce soir et qui n’ont pas brillé d’assurance pour autant –, ainsi que de la troisième victoire en autant de journées, mais soyons réalistes : ce vendredi soir était une purge qui a coûté 90 minutes perdues à jamais. Si les Bleus de Deschamps ont pris l’habitude d’illuminer nos fins de journée, ils auront l’occasion de se rattraper lundi contre la Grèce, en espérant que ce match, lui, ouvre bien la semaine.
Par Fabien Gelinat