- C1
- 8es
- Real Madrid-PSG (3-1)
Gianluigi Donnarumma est-il le seul responsable de la débâcle parisienne à Madrid ?
Fautif sur l’égalisation madrilène de Karim Benzema, Gianluigi Donnarumma a sa part de responsabilité dans l’élimination du Paris Saint-Germain ce mercredi soir à Santiago Bernabéu (3-1). Mais faire incomber l'entière responsabilité de l'élimination parisienne au portier italien serait une injustice.
Il y a eu la sortie hasardeuse de Kevin Trapp en 2015, déjà à Santiago-Bernabéu. Puis la boulette de Gianluigi Buffon face à Manchester United en 2018. Plus loin encore, le regretté Christophe Revault avait lui aussi flanché à Munich, à deux reprises, un soir d’octobre 1997 dans la compétition reine. À cette longue liste d’erreurs de portiers parisiens en Ligue des champions vient donc s’ajouter la relance ratée de Gianluigi Donnarumma face au Real de Karim Benzema. Date du méfait : mercredi 9 mars 2022, 22h17. Objet du délit : avoir trop tardé sur une relance en apparence anodine au pied avant d’encaisser une charge à la limite de la régularité de KB9 qui amorcera la nouvelle chute du si fébrile Paris Saint-Germain. Un fait de jeu qui vient plus que jamais rappeler que cette équipe n’est ni plus ni moins qu’un château de cartes qui finit toujours par s’écrouler.
Une alternance qui pèse son poids
Bien sûr, l’erreur de Donnarumma coûte cher. Elle assomme les uns et revigore les autres. Elle relance un Real tout pâle dans une double confrontation où il n’a quasiment pas existé. Mais pointer du doigt un portier de tout juste 23 ans qui participe à sa première campagne de C1 – et qui a surtout été impeccable tant en Ligue 1 qu’en Europe jusque-là – est une hérésie. La preuve : tout le monde a d’ailleurs déjà oublié son énorme parade en première période sur un sublime enroulé de KB9 qu’on a l’impression d’avoir vu et revu au fond des filets.
Avec du recul, on se dit aussi qu’inconsciemment, Donnarumma a souffert de ce pile ou face continu entre lui et Keylor Navas depuis son arrivée à Paris. Avant cette deuxième manche à Madrid, tout le monde s’accordait à dire que ce serait le portier costaricain qui démarrerait la rencontre. Sur quelle base ? Personne ne le sait vraiment, hormis peut-être celle du retour au bercail pour Navas. Inutile ici de refaire l’histoire qui est déjà écrite, mais peut-être qu’après les dix bonnes relances courtes au pied qui ont permis des décalages par le passé, Donnarumma se serait alors contenté d’envoyer un missile devant sans réfléchir s’il était un numéro un confirmé et affirmé qui n’a pas à craindre pour sa place en cas de relance un peu trop longue ou de passe au pied ratée. Ce qu’il n’a jamais été jusqu’à présent.
Gigio se relèvera, mais Paris ?
Mais ce qui devrait interroger en premier lieu, comme à chaque fois que Paris se couvre de ridicule en Europe, c’est la liquéfaction générale qui suit l’erreur. Sur l’ensemble des deux matchs, Paris a marché sur le Real pendant 150 minutes, mais a quand même trouvé le moyen d’encaisser trois buts en seulement un quart d’heure derrière. Au moment où le Bernabéu reprenait espoir, où Modrić et consorts haranguaient la foule, où étaient Marquinhos, Verratti, Kimpembe, Neymar, Messi, ces joueurs d’expérience qui ont déjà vécu ces débâcles par le passé ou qui les ont provoquées ces dernières années ? Eh bien nulle part.
En l’espace de huit mois, Donnarumma troque donc son costume de héros qui a vaincu l’Angleterre aux tirs au but à l’Euro 2020 pour celui de fautif en chef de la débâcle du PSG en Ligue des champions. Une véritable épreuve dans sa jeune, mais déjà riche carrière. Dans trois semaines, il devra déjà avoir la tête à l’endroit pour éviter à l’Italie de manquer un deuxième Mondial de suite. Au vu de ce qu’il a déjà vécu par le passé, tout indique que Donnarumma finira par se relever. Pour ce qui est du PSG, en revanche, le doute est permis.
Par Andrea Chazy