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Ghezzal, rendez-vous en terrain connu
Grand absent de ce match contre Lyon, Rachid Ghezzal aurait du être de retour sur ses terres, à Décines, tunique de l’AS Monaco sur le dos. L’international algérien, intéressant lors de ses premières sorties monégasques, voulait confirmer devant ses anciens supporters.
L’enfant du pays était de retour à la maison. Quatre mois après avoir quitté l’Olympique lyonnais en fin de contrat, Rachid Ghezzal aurait du retrouver le Groupama Stadium, ce vendredi soir à Décines, à quelques centaines de mètres de la clinique Champ Fleuri qui l’a vu pousser ses premiers cris en mai 1992. Un stade qui l’a parfois adulé, comme après sa merveille de frappe du gauche lors du match inaugural contre Troyes en janvier 2016, comme il l’a parfois maudit, la saison dernière, au fil de ses piètres prestations. Alors que l’OL souhaitait le prolonger, Ghezzal a refusé les propositions de son club formateur, jugées en deçà de ses attentes, préférant partir libre en fin de saison. Un comportement qui a agacé une bonne partie du public lyonnais, qui lui offrait, au printemps dernier, sifflets et bronca à chacune de ses entrées en jeu. Interrogé sur son retour au Parc OL dans les colonnes du Progrès, jeudi, l’international algérien avoue ne pas se faire d’illusions quant à l’accueil que lui réserve son ancien public : « Je ne m’attends pas à un accueil chaleureux. Je sais comment ça va se passer et je préfère penser aux bonnes relations que j’ai gardées avec les gens du club. J’ai le plus grand respect pour l’institution et je sais que je dois ma carrière à l’OL. »
Garde : « Il peut prendre une autre dimension »
Libre de tout contrat cet été, Ghezzal s’est retrouvé mêlé à plusieurs rumeurs pendant le mercato. AC Milan, Roma, Galatasaray, Marseille, Crotone… Rachon a finalement trouvé un accord avec les champions de France en titre monégasques qui le suivaient depuis plusieurs mois. « On m’a annoncé un peu partout, j’ai voyagé sans bouger de chez moi. J’ai voulu prendre mon temps pour choisir la meilleure option pour moi. J’ai bien fait d’être patient, affirmait-il lors de sa présentation à la presse en Principauté. Rejouer la Ligue des champions cette année et rejoindre les champions de France, c’est une évolution pour moi. » À vingt-cinq ans, l’ailier algérien s’offre donc un joli défi selon les dires de Rémi Garde, l’entraîneur qui l’a lancé chez les professionnels à l’OL en 2012 : « C’est un enfant de Lyon. Il n’a jamais quitté ses parents, son environnement familial. À Monaco, il va devoir réussir son adaptation dans un cadre nouveau. Il sera confronté à un autre niveau d’exigence. Il a tout un tas de nouveaux challenges, mais s’il les relève, il peut prendre encore une autre dimension. »
Pour franchir ce palier, Ghezzal peut compter sur le soutien de son entraîneur, Leonardo Jardim. Décisif lors de ses premiers pas avec l’ASM à Metz (0-1), puis buteur à Lille (0-4), l’ancien Gone grignote petit à petit du temps de jeu dans un secteur offensif ultra-concurrentiel (Thomas Lemar, Rony Lopes, Keita Baldé, Adama Diakhaby). Titulaire et remuant contre Porto en C1, le Fennec devrait cependant en faire plus selon le tacticien lusitanien qui s’exprimait à son sujet, jeudi, en conférence de presse : « On a eu une conversation concernant les choses sur lesquelles il doit progresser. Techniquement, il est très fort, mais il lui manque encore quelque chose pour arriver à un gros niveau. On travaille pour lui faire passer le cap, un joueur comme lui doit en faire plus, car il a la qualité pour faire mieux. »
Utilisé à un nouveau poste par Jardim
Recruté pour remplacer Bernardo Silva, transféré à Manchester City cet été, et donc jouer sur un côté dans le système en 4-4-2 cher à Leonardo Jardim, Ghezzal a toutes les qualités pour s’imposer dans le collectif monégasque. « C’est un joueur capable de faire le lien entre l’attaque et la défense, tout en n’étant pas un milieu de terrain pur, commente Rémi Garde. Il est capable de venir chercher le ballon assez bas, à l’intérieur du jeu, puis de casser des lignes par ses dribbles, sa conduite de balle. Il est très à l’aise dans les petits espaces. Rachid peut tout à fait rentrer dans le schéma de jeu d’une équipe comme l’ASM qui aime avoir le ballon. »
Et si Rachon était plus utilisé comme un ailier dans le 4-3-3 de Bruno Génésio à l’OL, son adaptation à ce nouveau poste de milieu excentré ne devrait pas être trop difficile. « C’est sûr que ça changera certaines choses dans son jeu, analyse l’ancien entraîneur de l’OL. Il aura certainement plus d’efforts défensifs à fournir au cœur du jeu, même si je ne connais pas les consignes que lui transmettra Jardim. Mais l’avantage de Rachid pour jouer à ce poste-là, c’est qu’il a une grosse endurance. Quand il est bien physiquement, il peut répéter les courses sur son côté. » Sur une pelouse qu’il connaît sur le bout des doigts de son pied gauche, Ghezzal voulait donner du fil à retordre à ses anciens coéquipiers et faire taire une bonne fois pour toutes ses nombreux détracteurs entre Rhône et Saône. Raté.
Par Maxime Feuillet
Propos de Rémi Garde recueillis par MF