- Euro 2022
- Gr. D
- France-Italie (5-1)
Geyoro, retour en Grace
En inscrivant un triplé face à l'Italie, Grace Geyoro a écrit une grande page de son histoire en bleu, tout en marquant celle de l'Euro. Une sacrée performance pour la milieu du PSG qui ne cesse de gagner en maturité et dont la place dans l'effectif de Corinne Diacre devient de plus en plus indispensable.
Soyons honnête, celle que l’on scrutait le plus au coup d’envoi de ce France-Italie, était Marie-Antoinette Katoto. En 2019, la buteuse du PSG n’avait pas été sélectionnée pour le Mondial, car trop verte, trop frêle, pas assez décisive. Bref, pas prête pour un tournoi majeur avec les Bleues. Trois ans plus tard, la native de Colombes était alignée à la pointe de l’attaque française et lors du festival face aux Azzurre (5-1), elle y est allé de son petit pion. Pas un de plus, pas un de moins. Mais l’essentiel est là : Marie-Antoinette Katoto a répondu présent, mission accomplie.
Mais finalement, celle qui a attiré toute la lumière sur elle est sa coéquipière au Paris Saint-Germain Grace Geyoro. Ce dimanche soir, la milieu de terrain, titularisée dans l’entrejeu avec Charlotte Bilbault et Sandie Toletti, a tout simplement été époustouflante. Mieux encore : elle est devenue la première joueuse à inscrire un triplé lors de la première mi-temps d’un Euro. Et encore mieux encore : aucune équipe n’en avait planté cinq dans le premier acte dans toute l’histoire de la compétition. Bref, cocorico rime avec Geyoro. « Je crois qu’on peut dire qu’elle était dans un soir de grâce », se marrait Kenza Dali en zone mixte, confirmant aux journalistes présents qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir abusé du même jeu de mots ce soir-là.
Changement de dimension
« Le plan, c’était de créer des espaces, peu importe qui les prendrait. Il fallait que les joueuses soient très observatrices des mouvements des unes et des autres pour être à la finition », confiait Corinne Diacre en conférence d’après-match. À ce petit jeu-là, c’est la Parisienne qui s’est le mieux exprimée. Sacré come-back pour celle qui, à la fin du mois de juin, quittait l’entraînement en larmes après avoir vu son genou gauche tourner à la suite d’un mauvais geste. Finalement, il a rapidement été confirmé que cette gêne ne remettrait pas en question sa participation à l’Euro. Mais de là à commencer le tournoi d’une telle manière… « Il faudrait qu’elle soit blessée plus souvent ! », osait carrément Diacre au micro de TF1 après la rencontre.
Au-delà du trait d’humour, la sélectionneuse, qui a ressenti « une synergie » entre ses joueuses, avait effectivement de quoi être satisfaite. Le pari de confier les clés du milieu à Geyoro s’est révélé payant. Celle qui disputait le Mondial 2019 dans la peau d’une remplaçante a su s’émanciper de l’absence d’Amandine Henry pour prendre davantage de responsabilités et se libérer mentalement. Son triplé en est la dernière preuve en date, la plus concrète certainement. « Ça fait plaisir d’être décisive, de marquer, et de pouvoir prendre du plaisir avec mes coéquipières. C’est une belle soirée pour nous toutes, réagissait humblement l’héroïne du soir après coup. On va un peu profiter ce soir, mais on va vite basculer sur autre chose dès demain. » La Belgique est prévenue : ce quelque chose, c’est elle.
Par Julien Duez, au New York Stadium