Gervais Martel : « On était devenu des sans-papiers »

C’est comment une saison en Ligue 2 ? J’ai gardé une image l’année dernière, tout le monde l’a en tête, c’est celle du père qui pleure avec son fils quand l’équipe est descendue. On va essayer de retrouver cette personne. Un an, ça peut paraître long. On était devenus presque des sans-papiers. J’ai une pensée pour tous les gens qui nous ont suivis : supporters, partenaires… La solidarité, c’est vraiment un mot qui a été inventé pour le Pas-de-Calais. On ne va pas refaire son histoire mais c’est un département qui a tellement souffert… Les Lensois sont derrière nous de manière inconditionnelle, solidaires jusqu’au bout. Allez à Bollaert, ce vendredi, ça va être un plaisir.

Cette descente, c’était un mal pour un bien alors ? Financièrement, c’est quand même très lourd. Le mal pour un bien, c’est surtout d’enlever le bonnet d’âne qu’on portait l’année dernière. Je ne suis pas exempt de tout reproche. J’ai peut-être été, à un moment donné, trop à l’extérieur. Les décisions se sont reposées sur une personne alors que, finalement, il faut compter sur l’ensemble du club.

Ce n’est pas frustrant pour un club comme Lens d’avoir l’étiquette de promu la saison prochaine ? Tu sais, l’étiquette de promu… L’étiquette de Lens, ça s’écrit toujours pareil, L-E-N-S. Nous sommes connus, respectés. C’est un club qui a des valeurs, on va aborder la L1 avec beaucoup d’humilité. L’objectif sera surtout de produire du jeu, de prendre du plaisir et d’en donner. Être en Ligue 1, ce n’est pas une fin en soi. La dernière fois qu’on est descendus, c’était pendant la saison 88-89, alors si on pouvait rester au moins jusqu’en 2029, ça serait pas mal…

Vous n’avez pas peur du syndrome Nantais ? Nantes, tu les laisses où ils sont. Kita, c’est pas Gervais Martel. Le Racing club de Lens, c’est pas Nantes, je n’ai aucun conseil à leur donner et aucun conseil à recevoir d’eux. Chaque club a ses particularités. A Lens, on ne change pas de président tous les quatre ou cinq ans. On a une grande chance : au club, on a un environnement stable avec des anciens joueurs qui sont directement impliqués dans le domaine sportif. On va aborder la prochaine saison en étant Lens, sans prêter attention à Nantes.

Quelle va être la politique de recrutement pour la saison prochaine ? D’avoir un effectif un peu moins important pour laisser la place aux jeunes afin qu’ils connaissent le haut niveau, mais aussi de recruter, de faire quelques améliorations dans l’équipe. Essayer de construire sans être malhonnêtes, en ayant le respect de nos joueurs en place.

Vous avez ciblé des carences dans l’effectif cette année ? Bien sûr, le championnat de Ligue 2, ce n’est pas le championnat de Ligue 1. On va y réfléchir calmement. Mais il y a aussi des joueurs qu’on peut trouver moyens en Ligue 2 qui peuvent se révéler en Ligue 1. Le jeu de L2, c’est pas le jeu de L1. C’est un jeu plus agressif, plus sur le porteur du ballon, moins technique. C’est un jeu plus fermé.

Et concernant l’entraîneur, Jean-Guy Wallemme ? Dans ma tête, il y n’y a pas de doute. Moi, aujourd’hui, je suis reparti avec une équipe que je connais bien, avec un jeune entraîneur, c’est vrai, des adjoints qui sont jeunes, mais qui, dans la difficulté, ont répondu présents. Maintenant, on va analyser ça pour voir comment on peut encore s’améliorer. Il ne va pas y avoir de révolution.

Question prono : quelles équipes vont vous accompagner en Ligue 1 ? D’abord, si je le savais, j’aurais le « quinté » dans l’ordre cet après-midi. Je me garde d’y répondre car je me mets à la place des autres clubs. On sait qu’il y à Strasbourg, Montpellier, Metz, Boulogne-sur-mer et Tours qui peuvent encore y prétendre. Mais j’ai beaucoup de respect pour tout le monde. Tout peut arriver. Dans le haut, comme dans le bas. C’est très serré. On dit souvent que le championnat de France n’est pas intéressant, mais je peux vous dire qu’en Ligue 1 et en Ligue 2, c’est Hitchcock tous les samedi…