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Gervais Martel : « Lens est sur une autoroute, il faut y rester »
Entre deux coups de pédale sur son vélo indoor – « j’ai déjà parcouru 2 000 km depuis le début du confinement » –, l’ancien boss de Lens, qui a quitté le club en 2018, a toujours cinq minutes pour parler de son Racing. En ce jour de montée en Ligue 1, Gervais Martel estime que le plus dur est fait pour l’équipe de l’actionnaire Joseph Oughourlian.
Gervais, quel est votre sentiment après l’officialisation de cette montée en Ligue 1 ?C’est une formidable nouvelle pour Lens et la région, mais je ne suis pas vraiment surpris. Ça fait deux-trois mois qu’on savait que la saison ne pourrait pas aller à son terme avec cette épidémie qui prenait de plus en plus de place. Il était impossible que l’on continue à jouer, que la saison reprenne. Cette montée était acquise depuis un moment et elle n’est pas imméritée pour Lens, loin de là.
Cette accession se fait dans un contexte particulier et sans fête…On s’en fout que ce soit de manière administrative. En 1991, quand on perd le barrage face à Toulouse (0-4, 1-0), on monte tout de même. Cette année-là, Brest, Bordeaux et Nice ont été relégués administrativement et nous avons pu monter. On n’a pas craché dessus, là c’est pareil.
Pour le bassin minier, que représente cette montée sur le plan économique ?C’est colossal. Même si là tout est fermé, lorsque ça va rouvrir et que les gens pourront retourner au stade, c’est le cœur de Lens qui va battre à nouveau à fond. Cette montée redonne beaucoup d’espoir à toute la région, aux bistros, aux hôtels, aux restaurants. Il y a une dizaine d’années, on avait estimé à 13% le nombre d’habitants de Lens allant au stade. C’est dire si ça vient de partout, même de région parisienne.
Ce club a un aspect social considérable.
Est-ce la fin du chemin de croix du Racing pour revenir au plus haut niveau ?Le plus dur vient d’être fait : il est plus compliqué de sortir de la Ligue 2 que de rester en Ligue 1. Les droits télé pour ceux qui descendent cette saison en Ligue 2 seront plus importants pour Toulouse et Amiens. La saison prochaine, il faudra être très costaud pour sortir de cette division. Lens en est sorti au bon moment. Et puis on a connu tellement d’épisodes où ça se jouait d’un rien en notre défaveur… Quand on descend en 2008, ça se joue à un point par exemple. Ça fait partie du jeu, la vérité est sur le terrain.
L’actionnaire principal, Joseph Oughourlian, a aussi permis au club de sortir du marasme…Joseph fait un énorme travail. S’il n’était pas là, jamais Lens ne serait remonté au plus haut niveau français. Il a repris le flambeau alors que nous sortions d’une mauvaise passe avec Hafiz Mammadov. Nous n’avions pas eu de réussite. Depuis quatre ans, l’actionnaire a tenu le coup. La montée était proche quasiment à chaque fois, que ce soit sur l’épisode d’Amiens avec ce but à la 96e minute (en 2017 Lens rate la montée pour quelques secondes) ou la saison passée lors des barrages contre Dijon (1-1, 1-3, N.D.L.R.). Maintenant, il lui faudra être malin, parce que le Racing n’aura jamais les moyens des grands clubs. Le football ne s’arrête jamais, il y aura sûrement un besoin de joueurs et être capable de se maintenir. Mais encore une fois, le plus dur est fait. Lens est sur une autoroute, il faut y rester.
Propos recueillis par Florent Caffery