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Gerrard vs Everton : la fin du game

Par Arnaud Clement
Gerrard vs Everton : la fin du game

Sauf retour en prêt façon Thierry Henry dans son club de toujours, Steven Gerrard disputera son dernier Merseyside derby sur la pelouse de Goodison Park. L'occasion de se rappeler que ce rendez-vous est un peu plus qu'un derby pour Stevie G, auteur de coups en tout genre, jolis ou bas, selon l'appréciation.

Si chaque Merseyside derby est pourvoyeur de petites histoires, du fantastique replay en Cup terminé à 4-4 en 1991 au but injustement refusé par Graham Poll au Toffee Hutchinson en 2000, de buts improbables ou d’échauffourées sur le pré, nul doute que le 224e épisode de la saga aura une saveur particulière. Il sonnera sans doute comme le dernier pour le meilleur buteur en activité de cette confrontation (10 buts, le quatrième total de l’histoire, à 15 longueurs de Ian Rush) : Steven Gerrard. Passées ces 95 minutes de chants, d’impact, d’efforts et de ballons chichement disputés, l’emblême du maillot au « Liver bird » ne vivra plus cette rivalité divisant en deux la ville des Beatles de l’intérieur, alors que la MLS l’attend déjà de pied ferme.

La rivalité reflète à elle seule le parcours balle au pied du Scouser, de sa naissance à Whiston, banlieue ouvrière dans le plus pur style british située à dix bornes à l’est, à aujourd’hui où la ville l’adoube pour moitié, lui le roi d’Anfield. Pourtant, enfant, il n’était pas rare de le voir porter un maillot d’Everton et mettre le lendemain celui de l’ennemi, comme il l’a reconnu lui-même d’ailleurs à Fourfourtwo : « Jusqu’à l’âge de 8 ans, je pouvais supporter n’importe qui. Quand j’étais petit, j’avais d’ailleurs plein de tuniques différentes. Tottenham, Norwich, Real Madrid, Barcelone… J’en avais même une de United ! » Et une autre d’Everton, la faute à l’oncle Leslie, « a massive blue fan » . Comme le suggère cette photo où le petit Steven a 7 ans et pose à côté du trophée de champion d’Everton de 1987, gagné cette saison-là au nez et à la barbe de… Liverpool.

Un coup de sang pour commencer l’histoire

Puis vient le temps de l’apprentissage de l’histoire et de la culture Red, de l’assimilation des grands noms que sont Shankly, Paisley, Dalglish, et de l’intégration à l’Academy à 9 ans. Hormis des essais ailleurs à 14 ans – y compris à Manchester United – pour mettre la pression et se voir proposer un contrat jeune, comme annoncé dans son autobiographie, dès lors, le rouge est mis pour de bon. Hors de question de faire le con avec les couleurs maison. Pour incarner ce rôle qui lui sied tant aujourd’hui de Jules César du peuple rouge, l’homme n’est pas contre aller au charbon, mettre des tampons ou se fendre de petites déclarations. Ainsi, en 2012, après le nul récolté à Goodison Park lors duquel Suárez envoie du rêve avec sa célébration simulation sous le nez David Moyes, Gerrard ramène la couverture à lui après le match et balance un scud : « Il n’y a qu’une équipe qui est venue pour faire du jeu aujourd’hui dans le derby. J’ai eu l’impression d’affronter Stoke City. À chaque fois que leur gardien avait le ballon, ça jouait long. »

En quête de légitimité auprès du kop après ses départs annoncés puis annulés vers Chelsea ? Peut-être, si tant est que cela soit récent. En 1999, l’année suivant son arrivée en pro, alors que les Toffees mènent dans l’antre du LFC et qu’une rixe renvoie aux vestiaires Jeffers et Westerveld de part et d’autre, celui qui n’est alors qu’un gamin nerveux au numéro 28 marque les esprits à cran d’Anfield en venant planter violemment sa semelle dans la cuisse du buteur du jour, Kevin Campbell. L’exclusion est rapide, car tellement logique. Et pourtant, quelques applaudissements descendent des gradins pendant que le jeune homme fait la grimace jusqu’au tunnel. Une petite victoire dans la défaite. Un déguisement de bad boy prêt à tout pour défendre sa patrie qu’il sait ressortir de temps à autre, comme lorsqu’il s’agit de venir menacer un John Heitinga s’approchant trop près à ses yeux de la nouvelle pépite latine de son temple, Luis Suárez. Pour le reste, en témoigne un bilan largement à la faveur des Reds depuis son arrivée en Premier League, Gerrard a fait parler ses pieds plutôt que ses poings, les réservant aux anti-Phil Collins.

Frappeur et loser hors pair

Au début des années 2000, Gerrard se mue en cadre grandissant et surtout en frappeur retentissant. Fabien Barthez et tant d’autres gardiens du Royaume encaissent alors caramel sur caramel – pas vraiment mous – du jeune qui monte. Everton ne fait pas exception, et en septembre 2001, Gerrard soigne le début de sa légende en marquant une victoire à Goodison Park du sceau de son coup du pied surpuissant, transperçant toute la défense d’un tir croisé sous la barre. Imparable. « Brilliant goal » , selon les commentateurs, célébration main sur l’oreille et toute langue dehors en traversant tout le terrain, adoubement par son coin de tribune, succès 3-1 grâce à Riise et Owen, la fête est totale. Pas son seul coup de canon du reste, lui qui colle coups francs indirects et autres pralines hors des 16 mètres lors de la saison marquant l’épopée en Ligue des champions et l’apothéose du stade Ataturk face à Milan.

Puis vient la période complice autour du nouveau buteur de classe venu d’un autre royaume : Fernando Torres. Une période de quatre ans lors de laquelle Everton ne parvient à battre son rival que deux fois en dix confrontations, accumulant autrement plus les cartons rouges et les filoches d’el Nino. Gerrard est lui désormais un incontournable capitaine. En 2008-2009, leur tandem fait des ravages alors que Liverpool dispute le titre au Manchester United de Ronaldo, Van der Sar ou Ferdinand. Mais là encore, comme il est trop souvent question de ne jamais marcher seul, le statut de loser magnifique les rattrape à plus d’un titre : en fin de saison, avec une couronne de plus pour Sir Alex, comme dans le derby, où Liverpool est incapable de l’emporter en Cup comme en championnat à Anfield, malgré une merveille de combinaison collective des deux grands bonhommes de ce millésime. Gerrard, le grand cru qui laisse un goût d’inachevé une fois le verre consommé ?

Ses 400 coups : un hat-trick

Le début des années 2010 est celui de la fin de l’ère Benítez, mais aussi de la période de vaches maigres et de blessure. Le board liverpuldien multiplie alors les gros transferts ratés, et les cadors quittent le navire les uns après les autres. Quantitativement comme qualitativement, l’effectif perd en substance. Liverpool rétrograde dans la hiérarchie et même dans sa posture de génial général Gerrard, le numéro 8 ne peut pas tout. La chute est inexorable ? Le derby reste en tout cas sa chasse gardée, en témoigne le zéro pointé des Toffees dans la colonne V depuis 2010. Mieux, après des mois à alterner convalescence et performance, le patron tape du poing sur la table le 12 mars 2012. Avec ce Pistolero comme détonateur pour lui créer des brèches, Stevie G en colle trois à Tim Howard devant 40 000 spectateurs rugissant de bonheur. Que demander de plus pour sa 400e en championnat ?

Vidéo

Ce que demandent maintenant le kop et les mordus du LFC ? Que le boss soigne sa sortie. Ne resteront alors que deux possibilités pour lui. Primo : la fessée, comme celle infligée avec la paire SAS l’an passé, avec quatre buts passés aux joueurs de Roberto Martínez, dont un du Captain de la tête sur corner, où il semble plus habité que jamais après coup. Le souvenir ne serait alors que plus beau. La seconde, que les fans de la Grand Old Lady – le sobriquet du stade d’Everton donné par les supporters – attendront avec impatience, sera la sortie sur civière, sur défaite ou dans l’ombre, comme lors de la manche aller où les Reds balbutiaient leur football. Gerrard avait pourtant lancé les siens magnifiquement, d’un maître coup franc par-dessus le mur, cette spéciale qui fait se lever comme personne d’autre son stade. Mais Phil Jagielka est passé par là pour lui voler la vedette d’une demi-volée brossée en lucarne opposée. Un cachou que Gerrard lui-même aurait aimé caler. Il lui reste quand même 95 minutes pour écrire un nouveau chapitre et ainsi le faire oublier.

Dans cet article :
Brest en état de Graz
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