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Germain, les montagnes rousses
Après un bon début de saison, l'attaquant marseillais goûte au banc depuis quelques semaines. Comme d'habitude avec lui, il n'y avait pas de quoi s'enflammer et il n'y a pas de quoi s'affoler.
C’est comme une histoire vue et revue que l’on aime bien se raconter. Un triplé contre une modeste équipe, deux ou trois performances de bonne facture et l’on feint de découvrir un nouveau joueur à 27 ans. Comme s’il était nécessaire de le faire plus beau qu’il n’est, d’en faire le plus surcoté des sous-cotés. Et puis les premières difficultés, les remises en question et cette sensation de s’être fait berner. Pourtant, non, Valère Germain n’a pas changé. Il est le même à Marseille qu’à Monaco. Mais l’écho suscité par les louanges et les critiques est forcément un peu plus disproportionné. Car avec l’OM, on hisse toujours la passion un peu au-dessus de la raison. C’est ce qui fait son charme.
Rien de 9 chez Valère
La statistique fait mal. Alors qu’il a déjà marqué cinq fois en Ligue Europa, l’attaquant marseillais n’a toujours pas trouvé le chemin des filets en Ligue 1 en neuf journées. Là où on l’attendait le plus finalement, lui, le joueur du quotidien. Rien d’exceptionnel à ça pourtant comme il l’expliquait lui-même récemment au Dauphiné Libéré : « L’an dernier à Monaco, j’avais attendu la 8e ou 9e journée de championnat pour marquer mon premier but. Aujourd’hui, je ne m’inquiète pas, car je sais qu’il suffit d’un but pour que ça redémarre. » Dans un Monaco qui avait atteint les cent buts en championnat la saison passée, le fils de Bruno n’avait d’ailleurs pas dépassé la barre des dix caramels. Alternant comme toujours quelques parenthèses de réussite avec de longues périodes de maladresse. Son utilité était moins quantifiable qu’appréciable : par ses déplacements intelligents, son sens collectif et le respect des consignes de pressing, il ouvrait des brèches à son compère d’attaque, Radamel Falcao. Un compère d’attaque, voilà ce dont a toujours eu besoin Valère Germain.
Il était illusoire de penser que cette bouille de gendre idéal pourrait longtemps faire illusion esseulé dans l’axe. Valère Germain n’a jamais su exister durablement dans un 4-3-3. C’est d’ailleurs pour cela que Jardim n’en voulait plus en 2015. Fantomatique dans l’axe comme sur le côté dans ce genre de système, il ne faisait pas le poids seul face à une défense. Convaincu par Antonio Cordon – qui avait voulu faire venir Germain à Villarreal – de le conserver pour l’associer à Falcao, Leonardo Jardim s’était résolu à lui offrir une vraie chance. Sans toutefois accorder une confiance totale à son joueur. Si Germain a participé à presque toutes les rencontres de l’AS Monaco en 2016-2017, c’est lui qui sautait de la feuille de match dès que l’affiche était un peu trop lourde à porter, comme pour l’ouverture de la Ligue des champions à Wembley contre Tottenham. C’est lui aussi, évidemment, qui a sauté pour faire place au prodige Mbappé. Il en a toujours été ainsi pour Valère, perpétuellement coincé entre la dernière place du onze et le premier siège du banc.
Un OM sans Germain ?
Une chose est sûre : il ne faut pas compter sur lui pour renoncer ou se plaindre. Né avec le pire Monaco de l’histoire, il a grandi dans l’indifférence jusqu’à faire partie du meilleur. Mis à l’ombre par Clinton Njie et désormais Kóstas Mítroglou, Germain devrait retrouver une place dans le onze ce soir contre le Vitória Guimarães. Reste à savoir quel est le projet de Rudi Garcia pour lui. En faire le simple remplaçant de Mítroglou ou son complément ? Adepte des systèmes à une pointe, l’entraîneur marseillais va devoir faire un choix : adapter sa tactique à un joueur qui ne sera jamais davantage qu’un rouage de qualité, ou risquer de l’amener indirectement à l’abattoir.
Les trois périodes fastes de la carrière de Valère Germain ont correspondu à son utilisation dans un 4-4-2 : lors de la phase retour de la saison 2013-2014 où il faisait la paire avec Dimitar Berbatov dans un 4-4-2 losange, deux ans plus tard avec Hatem Ben Arfa ou Alassane Pléa à Nice dans un système similaire, et donc la saison passée avec Radamel Falcao dans un 4-4-2 classique. Difficile de ne pas y voir un signe. Problème : après avoir migré vers un 4-2-3-1 pour installer Payet au cœur du jeu, un passage à deux pointes conduirait à d’autres sacrifices. Le lot de tous les clubs qui ont des effectifs fournis. Ou mal construits.
Par Chris Diamantaire