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Gerardo Bedoya : carton plein
Oubliez Falcao, James Rodríguez ou Jackson Martínez. Si un joueur colombien survole sa discipline actuellement, il s'agit de lui : Gerardo Bedoya, 37 ans, et 43 expulsions au compteur. Un record mondial intouchable qu'il a conforté mardi en demi-finale de la Copa Libertadores.
Un délinquant récidiviste. Incorrigible. Si Gerardo Bedoya comparaissait devant un tribunal à chaque fois qu’il commettait un délit crampons aux pieds, le juge lui adresserait un « encore vous » fataliste, puis le condamnerait, tout en sachant qu’il ne tardera pas à revoir ses cheveux mi-longs et ses mèches blondes rebelles devant son estrade. Bedoya est un cas désespéré. Alors que le milieu défensif vit sans doute à 37 ans les derniers instants d’une carrière aussi décousue que celle de Xavier Gravelaine, il ne cesse d’alourdir un casier chargé comme Depardieu rentrant d’un apéro à Moscou.
Mardi soir, Gerardo Bedoya jouait un match capital avec l’Independiente Santa Fe, le club où il stationne depuis 2011. Une demi-finale de Libertadores sur le terrain de l’Olimpia. Le genre de rencontre où une mauvaise réputation comme la sienne ne peut qu’engendrer des provocations et où l’âpreté des contacts relève de la chausse-trape pour ce fougueux milieu défensif. Au Paraguay, Bedoya n’a pas su résister à la tentation. Une biscotte dès la 27e, la première du match. Puis, alors que l’arbitre s’apprête à siffler la mi-temps, le Colombien commence à échanger quelques mots avec le meneur de jeu d’Olimpia, Juan Manuel Salgueiro. Bedoya n’en reste évidemment pas au stade des mots, et vient chercher le corps à corps. Un coup de pectoral plus tard, il est expulsé. Carton rouge direct pour Salgueiro et lui. Le 43e de sa carrière.
L’expulsion de Bedoya en Libertadores :
En septembre 2012, Bedoya s’était trouvé au cœur d’un scandale en Colombie. Lors d’un derby de Bogota, entre Millonarios et Santa Fe, autre match à haute tension, le Général, son surnom, envoie son coude dans le visage de Jhonny Ramirez, puis, une fois sa proie au sol, s’essuie les crampons sur son front. La Fédération colombienne ne fera pas dans la magnanimité et suspend le multi-récidiviste pour quinze rencontres. Mises bout à bout, les suspensions de Bedoya écopées depuis le début de sa carrière couvrent une période de deux ans. L’image déplorable du milieu défensif et les risques de le voir rechuter ne découragent cependant pas l’Independiente Santa Fe. Le club de Bogota renouvelle son contrat qui prenait fin au 31 décembre 2012. La raison ? Simple : Bedoya est un bon joueur, et même un très bon.
Le rouge de la honte :
Milieu défensif rude et hyperactif, Bedoya pèse dans l’entrejeu. Grand combattant, le Colombien sait aussi se montrer décisif quand il s’aventure aux abords de la surface. Bedoya a inscrit plus d’un but pour le Deportivo Cali, le Racing Avellaneda, les Millonarios Bogota, quelques-uns de ses nombreux ex-employeurs. Il a aussi fait trembler les filets en sélection. À trois reprises, en 49 capes. En 2001, l’ennemi public numéro a même traversé en titulaire la Copa América remportée par la Colombie. Bedoya est un homme surprenant. S’il se plaît à défigurer ses adversaires, le Général prend particulièrement soin de lui. Passages réguliers chez le dentiste pour se faire blanchir les dents et dans les boutiques de luxe. Bedoya a également recours aux services d’un conseiller en image qui lui indique quand se teindre ses mèches blondes. Ne ferait-il pas mieux d’engager un bon avocat ?
But de Bedoya contre River Plate :
Par Thomas Goubin