- Liga
- J12
- FC Barcelone-Málaga
Gerard président !
Premier entremetteur du contrat royal signé par le FC Barcelone avec la firme japonaise Rakuten, Gerard Piqué troque son statut de pierre angulaire de la défense blaugrana contre celui de conseiller économique. Un rôle qui lui sied à merveille, lui qui s’imagine déjà en futur président du Barça.
« Gracias Kevin Roldan, contigo empezó todo. » Hilare car éméché, Gerard Piqué offre une célébration des plus atypiques au public du Camp Nou pour le titre de Liga 2014/15. Une sortie humoristique, référence à l’anniversaire mouvementé de Cristiano Ronaldo, qui, quelques centaines de kilomètres plus loin, sur la Castellana madrilène, ne fait rire personne. En l’espace d’un instant, cette blague potache déclenche une énième polémique autour du central blaugrana. À l’inverse, avec le recul des mois, cette tirade prend des airs de prémonition pour Josep Bartomeu, président du Barça, qui, depuis ce milieu de semaine, se répète « Gracias Gerard Piqué, contigo empezó todo » . Car le nouveau contrat millionnaire signé avec la firme japonaise Rakuten – entre 55 et 61 millions d’euros annuels – a tout du cadeau électoral de la part de Piquénbauer. Pour ce, il faut remonter à l’été 2015, quand à San Fransisco, Gerard et sa douce Shakira proposent à leur ami Hiroshi Mikitani, président de Rakuten, d’organiser un dîner dans son humble bicoque avec le señor Bartomeu. Alors Gerard, plus président qu’el presidente ?
« Je me mouille quand je crois en quelque chose »
À en croire sa carte de socio, l’affirmatif est de rigueur. Car sitôt le petit Gerard sorti du ventre de sa mère, son grand-père, Amador Bernabéu – rien à voir avec Santiago le Madridista – l’inscrit dans le registre des membres du FC Barcelone. Une génération plus tard, rebelote : cet ancien vice-président blaugrana, mais aussi délégué de la RFEF, dégote tant pour Sacha que Milan leurs cartes de socios. Autant dire que depuis sa naissance, Gerard Piqué baigne dans le milieu des Juntas Directivas azulgranas, et même plus largement dans le milieu bourgeois de Barcelone – sa mère étant une célèbre neurologue, son père un avocat coté. Cette cuillère d’argent dans la bouche, il l’assume et, mieux, la travaille. Son statut de superstar barcelonaise des prés ne lui suffit ainsi pas. Différent de ses pairs du vestiaire, il tisse de nombreux contacts dans le milieu des affaires et profite, aussi, du carnet d’adresses bien rempli de sa dulcinée, Shakira, avec qu’il entretient une relation idyllique depuis 2014. De Mark Zuckerberg aux tournois internationaux de poker en passant par le commerce de lunettes de soleil, Gerard se démultiplie sur tous les fronts.
Trop, sans doute, à en croire les polémiques qui lui collent au cul. Ses montées au front concernant les velléités indépendantistes d’une partie des Catalans entraînent de nombreuses tribunes dans les médias castillans qui le clouent au pilori. Mais lui n’en a que faire, comme en atteste sa présence lors des marches de la Diada, fête nationale catalane. « Je suis totalement d’accord pour que les Catalans aient le droit de décider. Je me mouille quand je crois en quelque chose. Je crois que j’ai bien fait d’aller aux manifestations » , renvoie-t-il, pas peu fier, mais sans jamais indiquer si oui, ou non, il voterait en faveur d’une Catalogne indépendante. Ces déclarations en pagaille froissent bon nombre de ses compatriotes, mais ne font que renforcer sa cote de popularité auprès des supporters. Clivant de par ses opinions, Gerard Piqué n’en demeure pas moins le fer de lance défensif de ce FC Barcelone historique. Après avoir remporté tous les titres possibles avec le maillot blaugrana et celui de la Roja – dont un 6/6 fou pour la saison de son retour en 2008/09 –, il prépare doucement le terrain pour sa reconversion loin des prés.
Laporta voterait pour lui
Au premier rang de ses hobbys se trouve Football Manager, un jeu vidéo disponible sur les réseaux sociaux dont il est le propriétaire et dans lequel il a déjà investi pas moins de cinq millions d’euros. Là encore, ses relations amicales avec le titan de la Silicon Valley, Mark Zuckerberg, plaident en sa faveur. Mais plus encore que ces différents investissements, Gerard Piqué s’imagine surtout un avenir dans les offices du Camp Nou, comme il en convient au micro de TV3 : « Entraîneur, je ne me l’imagine pas, je n’y prendrais pas de plaisir. Alors que président, en revanche, je crois que je pourrais bien faire les choses, et c’est finalement ce qui me passionne. Je vois aussi que ma carrière de joueur se rapproche de la fin, et l’étape suivante est de devenir président. » Illico, les soutiens se bousculent à sa porte, au premier rang desquels, Joan Laporta : « Je voterais pour lui. Il a une grande personnalité, il aime le Barça. Il réunit toutes les conditions pour être un grand président. » En servant d’intermédiaire pour un contrat à 60 millions d’euros l’année, soit le second plus gros sponsor maillot après United, cela ne fait plus aucun doute.
Par Robin Delorme