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Gerard Piqué : de retour pour vous jouer un mauvais tour ?
Patron de la King's League et toujours plus clivant d'année en année, Gérard Piqué a annoncé son retour dans le monde du vrai football ce mardi. Un come-back qui interroge, surtout que l'ancien défenseur a affiché son ambition de devenir coach.
Un petit post qui ne dit pas tout, mais qui annonce la couleur. Voilà comment Gerard Piqué, retraité depuis la fin d’année 2022, a prévenu sa communauté de son retour dans le monde du foot, via un banc de touche. Sans donner plus de détails, qu’il réserve pour la fin de semaine, celui qui multiplie les polémiques depuis qu’il a raccroché les crampons change radicalement de posture pour rester proche d’un sport qu’il a pratiqué de manière professionnelle pendant 18 ans, de 2004 à 2022.
Es un nuevo año y después de pensarlo detenidamente he decidido volver al fútbol. Lo echo mucho de menos. Esta vez no será como jugador. Será como entrenador. Compartiré más detalles al final de la semana.
— Gerard Piqué (@3gerardpique) January 9, 2024
Propriétaire depuis 2018 du FC Andorra, le Catalan a permis au club de la Principauté d’accéder à la deuxième division espagnole pour la première fois de son histoire, devenant le premier club non espagnol à y devenir professionnel. Dernier non-qualifié pour les play-off d’accession en Liga l’an passé, le club est cette saison confronté à la lutte pour le maintien, 19e et premier non-relégable. Une position qui ne dit pas tout du projet colossal envisagé par Piqué pour mener le club jusqu’à l’élite : appui fort sur la formation, investissement conséquent dans les infrastructures et même une montée achetée, l’ancien défenseur ne lésine pas sur les moyens, à l’image de sa carrière d’investisseur.
Les contradictions et les polémiques, son nouveau dada
C’est là que le personnage Piqué prend pourtant sa part la moins enviable. Celle d’un magnat sans scrupule et aux contradictions affirmées. Récemment tancé par Stan Wawrinka ou encore Gilles Moretton pour avoir tué l’une des compétitions de tennis les plus iconiques, la Coupe Davis, l’ancien stoppeur du Barça cherche à changer le jeu à sa façon, en participant largement à l’essor de la King’s League, par laquelle il veut « révolutionner le sport traditionnel ». L’homme d’affaires qu’il est devenu ne fait clairement pas l’unanimité, malgré la réussite incontestable de sa ligue, qui mélange Youtubeurs, anciennes gloires du foot et joueurs amateurs. À travers sa société Kosmos, l’Espagnol a donc réduit à néant une compétition historique d’un autre sport, mais a aussi réussi à dénaturer le football sur certains aspects. Si la Supercoupe d’Espagne se déroule désormais en Arabie saoudite, c’est parce qu’avec son entreprise, il a contribué à la délocalisation de l’événement, au moins jusqu’en 2029. Un coup de pouce qui lui a valu un bonus de 24 millions de la part de la fédération, alors dirigée par l’ex-président, un certain Luis Rubiales.
L’été dernier, en plein boom du football saoudien, Piqué n’a pourtant pas manqué de tacler la politique du pays du Golfe, indiquant que « faire des choses pour l’argent » n’était pas sa « façon de voir les choses ». Il fallait oser. Si l’ancienne gloire catalane n’a rien oublié de sa rivalité avec le Real Madrid, il a choisi de laisser lucidité et honnêteté de côté. Justifiant les résultats en dents de scie du FCB par un besoin de pratiquer du beau jeu, il n’a rien trouvé de mieux que de tacler le club merengue, arguant qu’il ne procurait aucune émotion, même lorsqu’il remportait une édition de Ligue des champions en enlevant la majorité de leurs doubles confrontations sur des revirements de situation homériques. Quoi qu’il en soit, difficile aujourd’hui d’imaginer Piqué accepter les ordres d’un président de club au-dessus de lui, tant il est habitué à tout contrôler, à moins qu’il ne s’assoie sur le banc de son propre club, en Andorre. Adepte du contre-pied, l’ancien défenseur pourrait toutefois prendre le monde du foot à revers et commencer sa carrière dans le monde féminin, lui qui s’est jusqu’ici montré investi dans cette cause, participant à la création de la Queen’s League, sœur de la King’s League. Quoi qu’il en soit, si ça peut inspirer Shakira pour un nouveau couplet, on prend.
Par Julien Faure