- Disparition de Gérard Houllier
Gérard Houllier en dix dates
Par Maxime Renaudet et Jérémie Baron
5 minutes
Prof d'anglais reconverti en entraîneur au début des années 1970, Gérard Houllier n'a pas tardé à devenir une grande figure du football français. Le France-Bulgarie de 1993 fait partie de son histoire, mais ce n'est presque rien à côté de ce qu'il a accompli au PSG, à Liverpool ou encore à l'OL.
Été 1969 : La découverte de Liverpool Après neuf ans dans le club amateur d’Hucqueliers, dans le Pas-de-Calais, Gérard traverse la Manche pour devenir assistant dans une école de Liverpool pendant un an. En plus de donner des cours et mener des recherches – il écrira un article intitulé Grandir dans une région défavorisée -, le jeune Gérard joue aussi comme attaquant dans l’équipe des Alsop Old Boys. Il en profite pour assister à son premier match à Anfield, et à sa première joute européenne en tribunes lors de la victoire 10-0 de Liverpool contre Dundalk en Coupe UEFA. L’histoire est en marche.
3 juin 1983 : L’Europe avec LensUn an après avoir été nommé coach du RC Lens à la place de Jean Sérafin, Houllier parvient à qualifier les Sang et Or pour l’Europe lors de sa première saison parmi l’élite du foot français. Avec des méthodes modernes et une génération talentueuse (Daniel Xuereb, Didier Sénac, Philippe Vercruysse, Daniel Krawczyk, François Brisson) encadrée par des joueurs de poigne comme Daniel Leclercq, le club lensois termine 4e de D1. La saison suivante, il faudra attendre les quarts de finale de Coupe UEFA pour les voir tomber face à Anderlecht. Belle première européenne.
11 avril 1986 : Premier titre de champion pour le PSGAlors que la saison précédente a été la plus mauvaise de l’histoire du club, le PSG de Francis Borelli fait confiance à Gérard Houllier pour laver cet affront. À l’aise face aux médias et présenté comme un intellectuel du football, il permet au club de la capitale de devenir champion de France pour la toute première fois. Un titre acquis lors de la 38e et dernière journée après une victoire contre Bastia (3-1), et le dernier but de Luis Fernandez sous la liquette parisienne. C’est aussi le premier trophée de sa carrière, ce qui va l’amener tout droit vers l’équipe de France.
17 novembre 1993 : La débâcle bulgare et le clash avec GinolaLorsqu’Emil Kostadinov propulse le ballon au fond des filets de Bernard Lama en éjectant la France de la course à la World Cup 1994, l’attaquant du FC Porto met également fin au court mandat d’Houllier à la tête des Bleus (moins d’un an et demi). Dépité, le sélectionneur pointe ouvertement du doigt le comportement de David Ginola, coupable selon lui d’« un crime contre l’équipe ». Il démissionnera par la suite en conservant sa casquette de directeur technique national, qu’il aura toujours lorsque les Bleus seront champions du monde. En 2011, à la suite de nombreuses bastos distribuées au fil des années par un Houllier rancunier, Ginola poursuivra l’entraîneur pour « injures publiques et diffamation » – il sera finalement débouté. « Je regrette cette formulation, car il n’y avait rien d’assassin là-dedans, finira par admettre Houllier en 2015 dans Le Parisien. Je lui ai dit au tribunal. Je lui ai tendu la main. »
30 juillet 1996 : La victoire avec les BleuetsWilliam Gallas, Mikaël Silvestre, Nicolas Anelka, Thierry Henry, David Trezeguet. Ce sont les noms les plus ronflants de la génération 1977 aux rênes de laquelle Gérard glane le championnat d’Europe des moins de 18 ans en tapant l’Espagne (1-0) à Besançon. Avec les mêmes hommes, un Henry au sommet, mais aussi Mickaël Landreau, Willy Sagnol ou encore Jérémie Janot dans le groupe, ils remporteront également le tournoi de Toulon, l’année suivante (victoire 2-1 en finale face au Portugal). Le début de la razzia du foot français sur le monde.
16 mai 2001 : La finale Liverpool-AlavésHoullier a certainement connu la plus belle finale de l’histoire de la Coupe UEFA, lors de sa troisième année sur le banc des Reds. Trois mois après avoir soulevé la Coupe de la Ligue, quatre jours après avoir touché la FA Cup, Steven Gerrard, Michael Owen, Jamie Carragher & cie raflent la septième Coupe d’Europe du LFC au terme d’une folle bataille contre Alavés terminée en prolongation (5-4) à Dortmund. Liverpool ajoutera à tout cela la Supercoupe d’Europe, gagnée en août face au Bayern (2-3), et un Charity Shield obtenu aux dépens de Manchester United (2-1). Une année royale.
30 octobre 2001 : La frayeurAussi belle soit-elle au niveau sportif, son année 2001 est aussi celle où il passe tout proche de la mort. Alors que Liverpool accueille Leeds à Anfield, l’entraîneur est victime d’une dissection aortique et doit subir en urgence une lourde opération de chirurgie vasculaire et se mettre en retrait du banc quelques mois durant. Cet épisode l’avait fragilisé (il arrêtera d’entraîner en 2011 pour ces problèmes cardiaques) et il y a trois semaines, il avait de nouveau dû être opéré de l’aorte.
4 avril 2006 : Nouvel échec en quarts de finale de C1Si la C3 réussit à Gérard, la C1 continue de lui causer de sévères souffrances. Après une élimination cruelle en quarts de finale la saison précédente, la faute à un penalty non sifflé sur Nilmar, son OL se fait sortir par le finaliste sortant, l’AC Milan. Cette fois, c’est la bande à Pippo et Sheva qui punit les Gones lors du match retour à San Siro, leur laissant un nouveau goût d’inachevé. Un an plus tard, après deux titres de champion de France et le trophée UNFP de meilleur entraîneur français en 2007, Gérard quitte son poste d’entraîneur pour raisons personnelles.
9 septembre 2010 : Le camouflet sud-africainRevenu à la DTN en 2008, Houllier assiste impuissant au naufrage de l’équipe de France au Mondial. Accusé d’avoir plaidé en faveur du maintien de Raymond Domenech après un Euro 2008 décevant, il quitte la FFF pour rejoindre Aston Villa en Premier League. « L’erreur, c’est qu’on a laissé Raymond Domenech s’enfermer dans un régime autarcique, lâche-t-il au Monde.Raymond a dit qu’il allait changer, mais il n’a rien changé. Il a coupé le staff de l’équipe de France de la direction technique nationale. »
22 mai 2019 : Les débuts chez Red BullAprès sa dernière pige à Aston Villa, écourtée par un passage à l’hôpital qui le prive de la fin de saison, Houllier devient directeur sportif des New York Red Bulls aux côtés du manager général français Jérôme de Bontin. Redevenu conseiller extérieur de Jean-Michel Aulas en septembre 2016, il sera surtout promu directeur mondial de la branche football de la firme autrichienne l’année dernière. Même à 73 ans, il était encore à la mode.
Liverpool assure à Southampton et rallie les demies
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Par Maxime Renaudet et Jérémie Baron