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Gérald Baticle : « Les pétards ne correspondent pas aux valeurs de Metz »
L’adjoint de Bruno Génésio retrouve ce dimanche une vieille connaissance : le FC Metz. Un club dont l’ancien attaquant parle avec passion, puisque les Lorrains lui ont permis de relancer sa carrière au début des années 2000. Qu’importent les incidents du match aller à Saint-Symphorien et la saison bizarre qu’est en train de vivre l’OL.
Vous venez d’apprendre que vous retrouverez la Roma en huitièmes de finale de la Ligue Europa. Satisfait du tirage ? On était à table tous ensemble, comme on a l’habitude de faire les lendemains de match. Il n’y a pas eu de réaction particulière, même si on a conscience que l’AS Roma est une des cinq grosses équipes qui restaient en lice. Il y a deux ans, on a eu la chance – ou plutôt la malchance, parce que ça ne s’est pas bien passé – de tomber contre la Juve. Là, on nous offre la possibilité de se rattraper contre son dauphin.
Avant ça, vous recevrez Metz ce dimanche au Parc OL. Cette confrontation a-t-elle quelque chose de spécial pour vous, l’ancien Grenat ?Ça l’est à chaque fois que je recroise Metz, oui. J’y ai joué, j’y ai vibré, j’ai aimé et j’aime ce club. Forcément, c’est un plaisir de le retrouver et surtout de le revoir en Ligue 1. Déjà parce qu’il y a des gens que j’apprécie beaucoup, comme Carlo Molinari, Philippe Gaillot et Bernard Serin, alors ça me donne l’occasion de les revoir, de passer quelques instants avec eux. Après, je suis l’ancien footeux type : je peux très bien ne pas avoir de contacts avec des amis pendant plusieurs mois, mais quand on se retrouve, on a toujours l’impression de s’être vus la veille.
Dans votre carrière de joueur, quelle place donnez-vous à votre passage au FC Metz, où vous avez évolué de janvier 2000 à juillet 2002 ?Il y a deux clubs qui sont particuliers pour moi : Auxerre m’a donné les codes du professionnalisme et Metz m’a permis de me relancer. À Strasbourg, de 1995 à 1999, c’était super, mais c’était dans la continuité. Derrière, je vis un retour compliqué à Auxerre, avec cinq mois sans jouer. À trente ans, je n’allais pas bien, je devais rebondir. C’est ainsi que je suis arrivé à Metz en janvier 2000. Malgré le fait que le club était au bord de la relégation, alors qu’il avait fini vice-champion de France deux ans auparavant, ça s’est super bien passé. Le FC Metz avait besoin pour se maintenir d’un joueur qui apporte de l’enthousiasme, du punch et de la variété offensive. Moi l’ex-Strasbourgeois, j’ai été très bien accueilli, trouvant un environnement qui me convenait. Et je leur ai rendu la confiance accordée en étant efficace sur le terrain (28 buts en 90 matchs, ndlr).
Votre trajectoire est finalement assez semblable à celle de Metz. Vous y débarquez à la fin d’une décennie plutôt glorieuse, avant que le club ne connaisse une période plus instable. Est-ce que vous aviez remarqué des signes avant-coureurs à ces difficultés ?Pour moi, le club avait déjà basculé avant que je ne signe. Je me souviens qu’ils avaient pris une valise à Bordeaux juste avant mon arrivée à la trêve. Donc ce n’était pas des signaux que je voyais, mais les difficultés elles-mêmes. Finalement, on a réussi à se maintenir deux saisons de suite, avant de tomber en 2002. Il y avait une crise de confiance, assortie d’une crise financière que j’ai découverte en arrivant. Une austérité qui empêchait le club de pouvoir faire des folies. Et ces difficultés l’ont accompagné jusqu’en 2012, quand Metz est descendu en National. Toucher le fond leur a donné l’occasion de tout nettoyer et de repartir sur des bases saines. J’espère pour eux que cette année sera la bonne pour pérenniser le club en Ligue 1, où il a sa place.
Qu’avez-vous ressenti le 3 décembre dernier au stade Saint-Symphorien, après l’interruption du match à cause des pétards projetés sur Anthony Lopes ? De la tristesse. Mais deux formes de tristesse. D’abord en tant que Lyonnais, de voir un match arrêté, d’être revenu pour rien et de s’embarquer dans une histoire comme celle-là. Ensuite en tant qu’ancien Messin. Ça ne m’a pas plu de voir ça, parce que ça ne correspond pas à l’image et aux valeurs de Metz.
Est-ce que ça aura un impact sur le match de dimanche ?Non, il n’y a pas de lien. Dans notre préparation, il n’y a pas de sentiments particuliers ou de ressorts psychologiques par rapport à ce qui a pu se passer il y a trois mois.
On ne connaît toujours pas la date de report du match. Est-ce qu’il faut attendre que ce match soit joué pour y voir un peu plus clair dans ce que peut espérer Lyon cette année en Ligue 1 ?Oui, c’est certain, mais on ne peut pas anticiper la décision des tribunaux ni le résultat du match reporté. La question est la même pour les deux clubs : ce match sera un joker avec la possibilité de prendre jusqu’à trois points en plus. La sagesse, c’est d’imaginer le pire, c’est-à-dire une défaite, et de considérer la possibilité d’avoir un bonus.
Quels sont les objectifs fixés par le staff pour la fin de la saison ?Ça va paraître classique, mais on prend les matchs les uns après les autres. On sait que cette philosophie peut nous permettre de faire un excellent parcours, tout en étant dépendant de ce que va faire Nice. Sachant qu’il y a le match reporté de Metz en bonus et la possibilité de recevoir l’OGC Nice en fin de saison dans ce qui peut ressembler à une finale comme celle de Monaco l’an dernier (victoire 6-1 pour prendre la deuxième place, ndlr). On en est encore loin, mais si on est performants et si Nice a une petite faiblesse, on aura l’opportunité de finir sur le podium.
Recruter Memphis Depay n’était-il pas prendre le risque de déstabiliser une attaque qui commençait à trouver son équilibre, avec le trio Fekir-Lacazette-Valbuena, notamment pour ce dernier qui retrouvait son meilleur niveau ?Memphis est arrivé alors qu’on disposait déjà d’un effectif avec beaucoup de potentiel et de talent, permettant beaucoup de variantes dans nos systèmes de jeu. Il a eu besoin de temps pour retrouver la forme, et maintenant, il va apporter une possibilité supplémentaire, dans un autre style que Maxwel Cornet et Mathieu Valbuena. Après, Mathieu est un grand pro qui a su traverser des situations compliquées, notamment avec son affaire, sans avoir été trop déstabilisé. Mentalement, il est très fort. Donc, l’arrivée de Memphis n’est pas un problème pour lui.
À propos de Lacazette, est-ce qu’il ne se rajoute pas une pression supplémentaire en annonçant aussi tôt que cette saison serait sûrement sa dernière à Lyon ?On lui a posé la question et il a répondu ce qu’il ressentait par souci de transparence. Après, le moment était inapproprié, puisque c’est sorti en plein derby. Qui plus est après une défaite. Donc ça a pris des proportions pas possibles. Finalement, qu’un joueur de haut niveau annonce ça après tant d’années passées dans son club formateur pour lequel il empile les buts, personne n’en est tombé de sa chaise. C’est juste le timing qui a posé problème.
Cela va faire six ans que vous occupez le poste d’adjoint à Lyon, sous la direction de trois entraîneurs différents. Comment votre rôle a-t-il évolué ?J’ai commencé en 2011 avec Rémi Garde où je m’occupais uniquement des attaquants et de l’analyse des adversaires. Aujourd’hui, je suis l’adjoint numéro un de Bruno Génésio, donc là, c’est moi qui anime presque toutes les séances à part celles spécifiquement défensives, prises en charge par Claudio Beauvue (lapsus pour désigner en réalité Cláudio Caçapa, ndlr). Avant j’avais le rôle de parler à l’oreille des joueurs, de manière individuelle. Et comme mes responsabilités se sont élargies, ce rôle est aujourd’hui assuré par Claudio.
Avec lequel de ces coachs préférez-vous collaborer ?Rémi, c’est lui qui m’a fait venir, découvrir le club, la fonction, le groupe. C’est quelqu’un de très organisé, qui aime maîtriser un maximum de paramètres pour se lancer. Avec lui, j’ai beaucoup appris sur l’organisation et l’anticipation. Hubert Fournier, c’est un autre tempérament, d’autres qualités. C’est presque l’inverse parce qu’il est très fort dans l’adaptation. À tout problème, il a une réponse. On a vécu une première année superbe de réussites sportives et humaines, en tenant la dragée haute au PSG. Et Bruno, il est un peu au milieu. Il sait s’organiser pour éviter le maximum d’aléas et faire front face aux événements. Il est capable de transmettre sa foi avec force et conviction.
Votre expérience d’entraîneur numéro un à la tête de Brest de 2008 à 2009 n’a pas été facile. Est-ce qu’elle n’est pas arrivée prématurément, par rapport à tout ce que vous avez appris depuis ?C’était sûrement un peu tôt, mais en même temps, en faisant Brest, j’ai appris beaucoup de choses qui m’ont servi dans mon intégration à l’Olympique lyonnais. Aujourd’hui, je sais que j’ai progressé dans plusieurs domaines. Avec Rémi, j’ai beaucoup observé son management, sa manière de gérer avec le président et les administrateurs. C’était riche d’enseignements.
Aujourd’hui, à quoi aspirez-vous sur le court et le moyen terme ?La suite ? Je m’éclate comme adjoint à Lyon. Peut-être qu’avec le temps, j’évoluerai et je chercherai autre chose, mais là je mets beaucoup d’enthousiasme et d’énergie dans mon poste actuel. Lyon, c’est du top niveau, un grand club qui grandit chaque jour et avec lequel je progresse. Et puis je suis dans un club qui fait confiance à son staff même quand les entraîneurs changent. Bruno Génésio y a été depuis 2007 avant d’être nommé numéro un l’an dernier. Y a une fibre ici. Ils appellent ça « l’ADN de l’institution » .
Propos recueillis par Mathieu Rollinger