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Georges Mikautadze : en grenat pour grenaître
Sonnez hautbois, résonnez musettes : le FC Metz retrouve dans une certaine euphorie son artificier en chef, Georges Mikautadze, prêté en Lorraine après une campagne ratée du côté de l'Ajax Amsterdam. Un soulagement pour le joueur, mais surtout pour tout le peuple grenat, persuadé d'avoir fait la meilleure opération du mercato en vue du maintien en Ligue 1.
Ce jeudi, à l’heure de goûter, les gérants de la Petite Géorgie ont certainement ressorti les couverts. Et pour cause : un de leurs meilleurs clients est de retour en ville. Mais avant de se goinfrer de khatchapouri, spécialité du pays de ses ancêtres, Georges Mikautadze sait que l’annonce de son prêt au FC Metz a d’abord régalé les supporters grenat. Un peu plus de quatre mois après avoir quitté son club formateur pour franchir un nouveau palier à l’Ajax Amsterdam, l’international géorgien est revenu sur ses pas pour retrouver temps de jeu, confiance et amour. Un mouvement qui doit forcément comprendre un excédent de déception dans ses bagages, celle de ne pas avoir pu ou su montrer ses valeurs dans un club historique européen, mais qui permet à l’avant-centre de 23 ans de reprendre le fil de sa carrière là où il l’a lâché.
Georges Mikautadze on loan to FC Metz.
— AFC Ajax (@AFCAjax) January 4, 2024
Avec 9 bouts de matchs disputés (3 titularisations) et aucune ligne statistique à son actif, c’est un euphémisme de dire que Mikautadze ne s’est pas acclimaté au pays des tulipes et de Johan Cruyff. Le 30 août dernier, les Lanciers avaient pourtant dépensé 16 millions d’euros (dont 3 de bonus et en plusieurs versements) pour s’attacher les services du dernier meilleur buteur de Ligue 2 (23 buts) et détenteur du titre UNFP de meilleur joueur de la division. Cet accord s’ancrait alors dans une certaine logique : Metz avait besoin de liquidités, l’Ajax entamait un nouveau cycle dans lequel l’attaquant pouvait s’inscrire à moyen terme comme le successeur d’un Dušan Tadić fraîchement parti. Mais plus les jours passaient, plus cette union prenait la direction du mur. Le lendemain de sa signature, le Lyonnais de naissance assistait depuis les tribunes à la défaite des siens contre Ludogorets, premier revers d’une série noire de dix matchs sans succès. Le 24 septembre, c’est Sven Mislintat, le directeur sportif qui avait poussé pour son recrutement, qui était prié d’aller voir ailleurs. Le fond est touché lorsque le navire ajacide décroche la lanterne rouge au soir d’une claque 5-2 contre le PSV fin octobre. Depuis, John van ‘t Schip a redressé la barre, mais sans remettre sur le pont le mousse Mikautadze. Comme lune de miel, on a connu mieux.
La place du « Roi Georges »
Dans cette brume épaisse, à quoi se raccrocher ? À des mots, déjà. Ceux d’inconnus, animés par le seul souvenir du bref mais glorieux passage du joueur sur les bords de la Moselle. « Lorsque je suis parti à l’Ajax, j’ai reçu de nombreux messages et j’en ai encore reçu beaucoup ces derniers jours, témoigne l’intéressé. Je tenais à remercier tout le monde, car tout cet amour me touche énormément. » Sauf que les supporters ne négocient pas de contrat. Cette porte ouverte à un retour, c’est Bernard Serin qui l’a poussée dès le mois de novembre. « Georges Mikautadze s’ennuie un peu à l’Ajax, teasait le président messin au micro de France Bleu. On tend l’oreille pour savoir ce que son club veut faire avec lui… S’ils ont l’intention de le prêter, on l’accueillerait bien volontiers. Mais c’est loin d’être fait. » Le patron d’entreprise avait une bonne raison de croire à cette issue : le règlement de l’UEFA qui dans son article 5, alinéa 3, interdit à un footballeur de jouer pour plus de deux clubs lors d’une saison sportive. Puisque le numéro 9 (qui portera désormais le 10) avait permis au FC Metz de bien entamer sa saison en Ligue 1, avec le but de l’égalisation contre l’OM et celui de la victoire à Clermont, les choix se résumaient « à cravacher à Amsterdam » ou « respirer à Metz ». Les dernières heures de 2023 ont donc été consacrées aux tractations pour trouver la meilleure solution. Elles ont finalement débouché sur un prêt de six mois, avec une option d’achat, dont le montant n’a pas été officialisé mais est estimée entre 10 et 13 millions d’euros selon les sources.
[ ℙ𝕣𝕠 ]
🆕 @MikautadzeG 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝘁𝗼𝘂𝗿 𝘀𝗼𝘂𝘀 𝗹𝗲 𝗺𝗮𝗶𝗹𝗹𝗼𝘁 𝗺𝗲𝘀𝘀𝗶𝗻.
🔥 𝘓'𝘢𝘵𝘵𝘢𝘲𝘶𝘢𝘯𝘵 𝘨𝘦́𝘰𝘳𝘨𝘪𝘦𝘯 𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘳𝘦̂𝘵𝘦́ 𝘫𝘶𝘴𝘲𝘶'𝘦𝘯 𝘫𝘶𝘪𝘯 2024 𝘱𝘢𝘳 @AFCAjax.
👕 🔟
— FC Metz ☨ (@FCMetz) January 4, 2024
Bien sûr, le Géorgien devra digérer son échec. Bien sûr, il devra retrouver le rythme et retrouver le chemin des buts, qu’il n’a plus emprunté depuis la mi-octobre et ses 5 buts en deux rencontres internationales (quadruplé contre la Thaïlande, un contre Chypre). László Bölöni posait d’ailleurs quelques réserves sur la possibilité d’un come-back, bien qu’il ait aussi été un des premiers à regretter son départ. « Georges souffre à Amsterdam. J’ai toujours peur des opérations comme cela, surtout si le malade est de ma famille. J’espère bien sûr voir Georges revenir, mais il faut être méfiant si cela se fait, prévenait l’entraîneur messin fin décembre. J’ai déjà récupéré des anciens joueurs, cela a parfois marché, parfois non. » Pour les premiers éléments de réponse, il faudra attendre la réception de Toulouse le 14 janvier à Saint-Symphorien, les délais étant visiblement trop courts pour l’aligner dès vendredi face à Clermont en Coupe de France. Mais pour une des plus faibles attaques de Ligue 1, retrouver une telle gâchette ne peut être qu’une source d’optimisme, avant de replonger dans la lutte pour le maintien.
Par Mathieu Rollinger