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À Metz, l'adieu au roi Mikautadze
À quelques heures seulement de la fin du mercato, le FC Metz a laissé filer son joyau Georges Mikautadze à l’Ajax. Un départ inévitable qui plonge les supporters dans une tristesse infinie et place un nouveau point d’interrogation sur la politique sportive du club.
Georges Mikautadze sera-t-il messin le 2 septembre ? La question était posée à chaque sortie du FC Metz ces dernières semaines. Le joueur n’y a pas échappé, Pierre Dréossi, le directeur sportif, non plus, et László Bölöni, l’entraîneur, trouvait de nouveaux mots à chaque fois pour faire comprendre son désarroi si son bijou venait à le quitter. La dernière réponse du Roumain, donnée en conférence de presse à Clermont après une victoire acquise grâce au Roi Georges, foutait les frissons : « Un grand buteur, c’est déjà extrêmement difficile à trouver. Mais quand il s’agit en plus d’un bon gars et qu’on a construit avec lui une relation entraîneur-joueur exceptionnelle, c’est encore bien plus compliqué. S’il doit partir, un de mes yeux va pleurer pour le club et l’autre va se réjouir pour lui… » L’entraîneur de 70 ans a donc sûrement dû verser quelques larmes ce mercredi, puisque Mikautadze s’en est allé définitivement du côté de l’Ajax, sans retour possible. Et il pourra en verser d’autres, aussi, en s’apercevant de la tâche qui l’attend désormais, sans guide pour mener sa troupe.
Les enfants de la région ont déserté
Le départ du Géorgien était certes inévitable – les dirigeants messins avaient budgété une vente de leur joueur star devant la DNCG et ont donc tenu parole -, mais la manière peut interroger. Selon nos informations, il y a longtemps eu deux possibilités dans la tête de Mikautadze : l’Angleterre ou Metz. Le joueur n’était pas contre rester un an de plus en Lorraine, mais il n’aura finalement eu ni l’un ni l’autre. L’Ajax est certainement une meilleure destination pour lui que certains clubs anglais de bas de tableau, mais dans l’affaire, les Grenats ne sont pas forcément gagnants.
L’éventualité d’un an en prêt à Metz a vite été mise de côté, la somme obtenue (16 millions et des bonus) n’a rien d’exceptionnel et le timing, à deux jours de la fin du mercato, ne laisse quasiment aucune marge pour travailler correctement sur son remplacement, sachant que les dirigeants n’auraient pas très envie de redépenser l’argent glané dans ce transfert. Il ne reste aux supporters que leurs yeux pour pleurer, eux qui voient partir un enfant de la région qui n’a jamais triché, qui a accepté de patienter à Seraing (le club satellite) avant de connaître son heure de gloire la saison passée (meilleur buteur de Ligue 2), et qui ne pourra donc jamais jouer une saison pleine avec son club de cœur en Ligue 1. Le tout, après avoir perdu quelques heures plus tôt Youssef Maziz, l’autre gamin du coin, parti en Belgique. Autant dire que ça commence à faire beaucoup, même si Matthieu Udol fait de la résistance.
Espoir déchu et bricolage permanent
Voilà donc les Messins sans guide, sans leader technique, et seulement avec des rumeurs autour d’Amin Sarr et de Mohamed Bayo, deux joueurs en totale méforme, pour se consoler. D’autant plus difficile alors qu’on a vu deux derniers matchs encourageants des Grenats (nul face à l’OM, puis victoire à Clermont) dans le sillage d’un Mikautadze loin d’être effrayé par le niveau Ligue 1, et un espoir grandissant de ne plus faire l’ascenseur. Toutes les cartes sont désormais à rebattre dans un club qui a démarré tous ses matchs de championnat avec le Géorgien titulaire depuis le 12 septembre 2022. Surtout, c’est encore un sacré coup de massue sur la politique sportive du club que de ne pas savoir conserver ses éléments phares pour bâtir un projet à long terme, le bricolage permanent étant ce vers quoi les Grenats ont manifestement envie d’aller. Qu’il semble déjà loin, le temps où Mikautadze communiait, lunettes de ski sur la tête et trophée de meilleur joueur de Ligue 2 en main, avec un Saint-Symphorien prêt à croire à nouveau à un retour du FC Metz dans le gratin du football français.
Par Alexandre Lejeune