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Georges Leekens : « Je n’aime pas les défenseurs qui se prennent pour des attaquants »

Propos recueillis par Joël Le Pavous
7 minutes
Georges Leekens : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je n’aime pas les défenseurs qui se prennent pour des attaquants »

Nommé sélectionneur de la Hongrie fin octobre en remplacement de Bernd Storck, le Pygmalion de la génération Hazard-Lukaku-Fellaini, quart-de-finaliste de la CAN sur le banc de la Tunisie, doit rebooster une bande à Dzsudzsák en panne depuis sa belle performance de l’Euro 2016. Et ce, avec la bénédiction du Premier ministre Viktor Orbán croyant en la grinta du truculent flamand.

Comment avez-vous été approché par la Fédération hongroise et qu’est-ce qui vous a convaincu ?J’ai rencontré des membres du bureau exécutif lorsque Pál Dárdai est parti au Hertha et j’ai eu un excellent feeling avec eux, même si Storck a été choisi au bout du compte. J’avais d’autres propositions en Belgique, mais je ne voulais pas retourner là-bas, car j’estimais avoir vraiment fait le tour. Je savais que mon nom était de nouveau sur les tablettes après le renvoi de Storck et mon manager hongrois, István Bognár (agent entre autres de Franck Dumas et de Pepe Murcia, l’ancien coach de l’Atléti et du Celta de Vigo, ndlr), m’a demandé si je voulais tenter ma chance ici. Comme nous étions restés en bons termes avec la Fédération, les choses se sont décantées assez vite. Le président Csányi et moi étions convaincus qu’on pourrait bosser ensemble. J’ai aussi reçu un soutien important du Premier ministre et j’ai senti que c’était le moment de foncer. D’ailleurs, Budapest est une ville agréable et sécurisée !

Qu’attendez-vous de cette sélection lessivée par une année 2017 disons… extrêmement mitigée ?J’aimerais que l’équipe redevienne une grande équipe et je veux voir la passion animer tout le groupe. J’ai demandé au staff d’avoir une motivation à toute épreuve afin que nous puissions revenir en force. Je l’ai déjà fait avec la Belgique lorsque nous avons entamé le cycle devant nous mener au Mondial brésilien de 2014. J’attends de la rage de vaincre, pas seulement dans la quête du résultat, mais aussi dans la façon de travailler ensemble. J’ai eu aussi beaucoup de boulot avec la Tunisie où il y avait un gros manque de discipline compensé par l’envie et les voilà qualifiés pour la Coupe du monde 2018 ! Je vois aussi à quel point la Belgique veut conquérir le trophée. Les Hongrois sont dingues de football. Ils veulent retrouver l’époque dorée, mais cet âge d’or ne reviendra qu’avec une grosse dose de travail.

Qu’aimeriez-vous changer en particulier après les naufrages contre Andorre et le Luxembourg ?C’était une mauvaise année. L’équipe doit reprendre confiance et nous devons être plus intelligents. Fini les erreurs stupides et les pertes de balle au pire moment. Côté mentalité, ça allait, mais il faut clairement retravailler la préparation des matchs.

Nous n’aurons pas les résultats de l’Espagne ou de l’Allemagne en un an, mais nous allons y aller par étapes en mettant la barre à 1,50m, puis 1,70, 1,90 et deux mètres afin de pouvoir effacer les 2,20.

Les gars doivent se rappeler que porter le maillot national est la consécration ultime. On doit réinjecter du cœur, de l’engagement et de la puissance. Nous n’aurons pas les résultats de l’Espagne ou de l’Allemagne en un an, mais nous allons y aller par étapes en mettant la barre à 1,50m, puis 1,70, 1,90 et deux mètres afin de pouvoir effacer les 2,20. Nous devons franchir les obstacles en ayant conscience qu’on peut aussi vivre des mauvaises passes. Mais aussi et surtout être convaincus qu’on peut avoir un niveau bien meilleur que celui d’aujourd’hui.

D’accord, mais la Hongrie est-elle vraiment capable d’aller à l’Euro 2020 ? Ou au Mondial 2022 ?Il n’y a rien de mal à être ambitieux. Je connais un pianiste talentueux qui pratique 6-7 heures par jour. Le type a travaillé si dur qu’il est devenu la star de l’orchestre. Je l’ai vu en concert une fois : grandiose. J’ai discuté avec lui juste après et il semblait apprécier l’effort fourni même s’il était totalement épuisé. C’est la même chose quand on conduit une voiture. On panique d’abord et on prend confiance ensuite, car on se rend compte de nos capacités. Les joueurs doivent connaître leurs qualités et leurs défauts. Regardez l’Espagne ou la Belgique : toutes deux ont une infinité de bons profils jouant dans des clubs prestigieux et dotés d’une solide expérience internationale. Je ne demanderai jamais à un défenseur de courir comme un dératé vers le but. Je veux responsabiliser mes gars et les mener vers le sommet.

Comment vivez-vous la confiance accordée par la Fédération et le Premier ministre Orbán ?J’apprécie et cela confirme les bonnes impressions que j’ai eues d’eux en les côtoyant à mon arrivée. J’ai échangé avec M. Orbán en loge VIP lors du match contre le Costa Rica. Csányi et lui ont joué cartes sur table.

Le Premier ministre aime autant la musique que moi. Il pense que les footballeurs sont des artistes et il a raison !

Le Premier ministre aime autant la musique que moi. Il pense que les footballeurs sont des artistes et il a raison ! Il investit énormément dans le football et le sport et il a aussi raison ! Quand les responsables de la Fédération m’ont demandé si j’avais des suggestions quelconques, je leur ai dit que bien sûr, je pourrais calquer le style de coaching de Mourinho, mais je suis Georges Leekens et je veux travailler à ma façon. La mission qui m’a été confiée est de taille et je suis conscient des nombreuses attentes qui pèsent sur moi. Le chemin sera long. Tirage de la Ligue des nations en janvier, matchs amicaux en mars et juin. On verra comment ça se passe et on établira un premier bilan en septembre.

Qui appréciez-vous spécifiquement dans l’équipe ? Quels sont les joueurs-clés selon vous ?Je ne donne jamais de noms normalement, mais je dirais Tamás Kádár, car il sait ce qu’il vaut vraiment. Il ne dribble certes pas comme un magicien, mais c’est un type solide qui donne de la stabilité à l’arrière. Il est assez intelligent pour se dire : « OK, ça ne sert à rien de vouloir jouer les Ferrari, je suis Kádár, je veille au grain, personne ne me passe, je récupère le ballon et j’envoie une bonne balle devant. » Point. Je n’aime pas les défenseurs qui se prennent pour des attaquants parce que c’est le meilleur moyen de perdre bêtement le ballon au milieu de terrain et d’encaisser un but évitable sur la contre-attaque. Les joueurs doivent avoir à l’esprit le fait qu’ils sont membres d’une équipe. Je dois créer de la concurrence comme Manchester City, la Belgique ou même Paris, car la concurrence renforce le niveau.

Vous avez entraîné trois sélections (Algérie deux fois, Tunisie, Belgique deux fois) et treize clubs différents de Bruges à l’Arabie saoudite. Pensez-vous que cette mission est plus dure que les autres ?Chaque nouveau challenge est le plus difficile. Ce challenge n’est pas seulement le mien, mais aussi celui des joueurs, du staff et des supporters. Je pense que je travaille assez dur et j’aimerais être un bon ambassadeur du football hongrois.

La Hongrie a un futur et c’est pourquoi j’ai accepté cette mission compliquée.

Vous ne pouvez pas réussir seul, car le football est un fantastique sport collectif. La Hongrie a un futur et c’est pourquoi j’ai accepté cette mission compliquée même si j’ai reçu d’autres offres assez intéressantes (dont un million de dollars des Égyptiens d’Al-Ahli et un gros appel du pied de la Roumanie, ndlr). La vie est une succession de trains : on grimpe ou se défile. J’ai dit « oui » , car je pense que ce défi est bénéfique pour moi et qu’il intervient à un moment spécial. Nous devons reconstruire après une année 2017 décevante. J’entraîne au niveau professionnel depuis 1984 et je sais ce que je peux amener à une équipe. Je suis sûr que nous irons bien mieux avec le temps.

Du coup, quelle partie de la patte Leekens aimeriez-vous instiller dans le jeu de la Hongrie ?Nous devons corriger nos imperfections et surtout croire en nous-mêmes. Marquer n’est pas une fin en soi, même si cela aide à remporter des matchs. Amuse-toi, fonce, regarde où tu vois de l’espace, utilise-le et enchaîne ! Voilà le football que j’aime produire. Je ne suis pas là pour faire jouer mes gars comme quand j’étais sur le gazon. Je suis là pour les aider, mais aussi pour leur remonter les bretelles si besoin comme avec Kompany chez les Diables rouges. Le foot est un orchestre : tu as onze musiciens doués, mais le son sera complètement pourri et inaudible s’ils n’agissent pas en équipe.

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